dimanche 15 juin 2008

"Etre à la rue"

"Santé mentale et dispositifs d’accueil et d'hébergement des personnes en situation d’exclusion."

Rien que le titre est trop long, alors que retenir de deux jours de colloque où les plus pessimistes parlaient de « coordination des impuissances », quand d’autres se réjouissaient de la rencontre de personnels s’activant dans le social avec des soignants des corps et âmes? Comme si ça n’allait pas de soi à l’heure où les souffrants psychiques, les fous peuplent la rue, les prisons.

Quelque formule percutante comme celle qui demande aux intervenants « de s’impliquer sans intention » ne légitime- t-elle pas nos renoncements dans bien des domaines tels le pédagogique ou le politique ?

Le mot « déliaison » était omniprésent, et les restrictions consenties dans les domaines sociaux ne font que confirmer un délitement du sentiment de solidarité : on paye des spécialistes plutôt que d’intervenir directement.

Et ce n’est pas un des brillants exposés qui redonnait toute sa place aux instances collectives qui pourra contrer les lourdes tendances à l’individualisme. Ses caractéristiques résumées aux trois « A » comme Antériorité : « l’histoire ne commence pas avec moi »

Altérité : « chère petite merveille, il va falloir vivre avec les autres »

fondent cette Autorité, une instance collective ne pouvant se résumer à la somme de ses composants.

Une citation de Camus « un homme ça s’empêche ! » pour nous rappeler à la dignité.

Une parabole du piège à singes où ce gros malin ne veut plus lâcher le fruit qu’il tient au poing et ne peut ressortir par l’orifice par lequel il a passé sa main, évoque bien notre société de consommation.

Et la table du libraire pouvait être bien garnie avec des titres alléchants : « Je vous salis ma rue », « La lutte des places : insertion et désinsertion »...

L’érotisme de la plainte existe, celui de la lutte reviendra-t-il ?

Je n’ai pas tout saisi des exposés, me sentant parfois comme un mécanicien qui aurait atterri dans une conférence pédagogique, mais ces exclus, ces marginaux dont il fut question, nous révèlent les failles de nos sociétés, ses absurdités, ses déraisons. La folie.

Ils nous parlent de tous nos jours, de nos nuits et pas seulement en hiver.

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