vendredi 5 décembre 2008

Nicolas De Staël


A une époque de vache maigre, il avait brûlé son plancher pour se chauffer. Orphelin très tôt après l’exil, sa première femme est morte d’épuisement, lui s’est jeté du haut de sa terrasse à Antibes en 1955 à 41 ans. Est-ce parce qu’il n’arrivait pas à surmonter le malentendu qui le portait aux nues du succès, lui le chercheur de vérité intense ? La violence gagnait sur la fragilité. Une vie peut elle se tenir dans une biographie ? Une œuvre échappe à son auteur. Et les banalités m’assaillent quand je m’essaie à écrire sur cet éminent artiste dont l’ambivalence me frappe : à la fois accessible, évident et aussi complexe et torturé. Héritier d’une culture picturale bien montrée par Christian Loubet, le conférencier à succès des amis du musée, la patte du géant passionné est reconnaissable entre toutes. Sous les projecteurs du Parc des Princes, les poudroiements solaires de la Sicile ou de l’Espagne, les scintillements des ports de Méditerranée, il nous restitue la lumière éloignant la césure entre abstraction et réalisme. Ses mouettes suivaient elles les corbeaux ultimes de Van Gogh ? Les tentations sont grandes d’interpréter ce parcours d’un millier de toiles où malgré la familiarité avec sa palette rouge et ses couteaux, il nous reste à décrypter encore bien des mystères dans ce portrait de femme couchée comme une montagne bleue, des ses paysages où les chemins mènent à « la ligne du fuite ». Sa toile inachevée, « l’orchestre » est sans musicien.

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