samedi 3 janvier 2009

Etre ouvrier en Isère


Pour voir les paysans je vais au cinéma, pour voir les ouvriers je vais au musée dauphinois. Exposition temporaire jusqu’en janvier 2010, dans un beau lieu, un site magnifique, avec une muséographie séduisante sans être « tape à l’œil ».
Il ne s’agit pas seulement d'une présentation d’objets évocateurs depuis le XVIII° siècle, mais de toute l’épaisseur humaine du travail et son évolution jusqu’aux opérateurs en microélectronique, aux chômeurs d’aujourd’hui.
Une dignité collective qui naît, la conscience de classe à travers les luttes, les moments festifs, les clubs de sport, la solidarité et la nostalgie. Jusque dans « la perruque »* qui prouve l’inventivité et le goût du bel ouvrage. Auparavant les marques du travail des enfants, les usines pensionnats, témoignent de conditions de travail violentes : « pas plus de soixante heures par semaine pour les filles de moins de 18 ans ».
Du textile à Voiron, Bourgoin, Pont de Chéruy, Vienne, aux mines de La Mure, aux papeteries de Lancey. Lustucru, Bouchayer, La Viscose, Merlin, Calor : des marques, des hommes et des femmes, des ouvriers venant très tôt de tous les coins du monde.
J’ai eu la surprise agréable de reconnaître une de mes affiches, que c’est moi qui l’ai faite, qui annonçait un 1° mai en 1985,je crois; déjà l’heure de la commémoration d’un monde avait sonné.
*Perruque : « L'utilisation de matériaux et d'outils par un travailleur sur le lieu de l'entreprise, pendant le temps de travail, dans le but de fabriquer ou transformer un objet en dehors de la production régulière, de l'entreprise »

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