mercredi 15 avril 2009

Pédagogiques conseilleurs. Faire classe # 29

Ayant trouvé mon bac dans la pochette surprise 68, ingrat boomer, j’en suis à approuver souvent les regretteurs du niveau-qui-baisse. Des surdiplômés arrivent dans la carrière d’enseignant, ils renâclent parfois à se pencher bien bas pour torcher une larme ou éponger un vomi. Fils de paysan indûment monté dans l’ascenseur, je me sens plus à proximité des parents blédards que des petits marquis iufimisés...de surcroît, ils sont jeunes, je suis vieux. Les jeunes femelles apprennent mieux que les vieux singes.
Même blanchis sous le harnois, les conseilleurs pédagogiques jouent les juvéniles. Quelle tristesse de les voir courir après tous les renoncements, et s’assoupir sous l’édredon de la branchitude. Ils apparaissent souvent comme l’imbécile de la blague chargé de montrer la puissance de sa pensée devant le bocal d’un poisson rouge et qui repart en arrondissant des « blop ! blop ! ».
Mon échantillon de ces échappés des contraintes du quotidien était formé de trop de conformistes prêchant l’anticonformisme, de directifs prônant la non-directivité. Ils ont bien souvent renoncé à transmettre aux élèves pour prescrire à leurs collègues. Chargés à mes yeux d’animer les débats pédagogiques, ils jouent plutôt les propagandistes peu enclins à laisser s’exercer la liberté qu’ils affichent. Il est vrai que les exemples de dialogues véritables, venant d’en haut, sont peu fréquents et Trissotin n'est plus une caricature. La faute à Rousseau. Bien peu de respect, d’écoute, de reconnaissance … de pédagogie. Dans les débats sévissent toujours l’inamovible Mérieux versus le petit dernier médiatique : Brighelli. Hamon lui navigue bien mieux dans les vagues. Dans les temps héroïques, des copeaux de Bourdieu, des dessins de Charlie hebdo, des airs de Ferré agrémentèrent le bla bla. Illitch est mort oublié, le poisson trempé dans le Perrier se sent un peu patraque… Idéalistes, réactionnaires, démagogues, alouette ! Le match se joue devant des tribunes vides. Les belles phrases et les bons sentiments. La beauté affronte la bonté. Et si l’éducation convergeait avec l’instruction ?
Le miroir grotesque d’un « tout-fout-le-camp » contre « tout-va-très-bien » précède l’incendie froid et silencieux - le pire.
Nous avons cru en la liberté, où l’inné compterait pour des prunes, il est revenu subrepticement nous portant à douter de tout apport étranger aux spirales génétiques.
L’enfant au centre, qui répond ? De qui procède la vérité quand tu as cinq ans ? La liberté se trouve-t-elle à ta portée? Lorsque l’école se tait, qui cause ? Si les enfants avaient plus le temps d’être des enfants, peut être que des jeunes seraient moins revenus de tout avant d’être partis ? Ils ne sont pas dupes, mais quand va-t-on cesser de se mentir ?
« Ce n’est pas à l’école à montrer ça » : finalement les timorés avaient raison contre moi qui paresseusement me laissait aller à « ils en ont vu d’autres ». Après avoir beaucoup péché je me convertis : « chaque chose en son temps ».
Afin de m’inscrire utilement dans la dispute pédagogique, je continue à militer pour la preuve par l’action ; pour moi la pratique fait loi. Eviter les jugements définitifs dans un domaine qui requiert du doigté, de la souplesse, de la tolérance. L’autorité ne se mesure pas à la rectitude d’un rang mais à la capacité à installer une ambiance de classe où personne n’écrase les autres ni ne s’écrase. En gardant la mémoire d’emballements passés, nous pouvons préserver l’enthousiasme primeur, sans se fourvoyer, adopter les technologies nouvelles, des techniques rôdées, pour mieux préserver les fondamentaux : être adultes pour que les enfants qui nous sont confiés grandissent. Notre bibliothèque intime peut céder de la place à quelques D.V.D. Ni scrogneugneux neurasthénique ni « lou ravi » atteint par l’ivresse des sommets entre deux stages en Ifume attitude.
Bien sûr la méfiance systématique à l’égard des experts peut tomber dans la démagogie mais la confiance envers les enseignants et la croyance en leur expertise me semble une des clefs pour reconquérir du sens pour les chargés de transmission.
Et la meilleure garantie pour un élève de trouver sa voie est bien de rencontrer des maîtresses motivées ( voire des maîtres, et là il y aurait des quotas que ça ne ferait pas trop de mâles)
Des experts en sciences de l’éducation se félicitent, si, si, d’une érosion de la conscience professionnelle, signe d’une distanciation qui renforcerait le professionnalisme et surtout les assurerait du silence, de la résignation : aucune menace pour leur planque. L’incompétence constituerait donc à leurs yeux la condition d’une plus grande efficacité ? Glop !

1 commentaire:

  1. Instituteur pédagogue à Rocheplaine
    La mixité enrichissante de ce quartier, la volonté affichée du groupe scolaire pour une ouverture d'esprit (post 68), une certaine éducation familiale, une exigence partagée ont permis à Gaëlle d'intégrer brillamment cette année l'ENS LYON en lettres modernes.
    Beaucoup d'abnégation de sa part et une attirance certaine pour ce métier d'enseignant.
    Joie à partager...

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