mercredi 22 avril 2009

Poètes dans nos petits papiers. Faire classe # 30

Au commencement de la journée virevoltent les verbes enrubannés.
Dites-moi une plus belle vie que celle qui commence chaque matin par des mots en guirlande, des poèmes ? Il en fut ainsi.
- Chaque enfant possède un recueil d’une centaine de poèmes.
- En début d’année chacun se doit de présenter un poème appris dans les classes précédentes.
- Chaque samedi des volontaires s’engagent à réciter en solo ou à plusieurs en s’inscrivant pour la semaine suivante.
- Les élèves de service appellent les récitants
- Je vérifie le cahier de travaux pratiques où le texte est recopié et illustré, je le montre aux auditeurs. La poésie vaut pour la parole mais aussi en son écrit et son illustration.Certains en garnirent trois cahiers.
- Le public critique.
- Le nombre de poèmes portés à la lumière figure sur le bilan trimestriel.
La poésie est un secteur éditorial infime réservé aux poètes qui se lisent entre eux, un enjeu négligeable. Mais quand j’ai entendu sur France Culture que Prévert symbolisait le poète pour instit’, je me suis senti fier d’aimer l’anar à la clope. La production d’albums de poèmes pour les enfants est riche et attractive : la poésie n’existerait-elle que pour une réserve de mômes ? Innocence des débuts, mariages et banquets, enterrements, ces moments de la vie les plus solennels se dilatent avec quelques vers sonores. Et de cette vie qui court, remontent quelques rimes qui constituent une communauté, une nation : mots-clefs, clins d’œil, références communes.
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? » La Fontaine
Quand sous les étoiles d’une nuit au Sahara reviennent des mots communs à un touareg indigo, c’est « l’âne si doux marchant le long des houx » qui ramène ses sabots. Grand moment à la lueur d’un feu des premiers âges, luxe suprême.
Noémie spécialisée en La Fontaine et Laura en Victor Hugo nous offrirent cette année là un festival permanent. Ne pas craindre la complexité, elle s’éclairera plus tard. Là, des performances m’ont encore étonné et renforcé ma conviction que la mémoire se cultive très tôt. Ne pas prendre les mômes pour des billes !
Des objets insolites (attrapeur de rêves canadien, fée clochette…) occupent un coin de la classe avec les albums, fabliers, boîte pour fiches à emprunter.
Privilège de durer dans le poste : une ancienne élève avait relié par une tresse de laine le recueil de ses poèmes préférés pour ceux qui viendraient après elle dans la classe. Merci.

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