samedi 18 avril 2009

Souffrez ces suffrages.

S’il n’y avait que les anarchistes, à contester le bulletin de vote, les vrais, les noirs de chez noirs, cohérents à Blok, cependant il y en a d’autres, y compris parmi les garants les plus incontestables de la démocratie. Les épigones littéraires des anars sont portant devenus aussi rares que les chanteurs populaires socialistes, mais au hasard des résultats électoraux, l’amertume des perdants renforce l’incompréhension de certains participants à la compétition politique. Et de pleurnicher contre les médias vendus à l’adversaire, quand ce n’est pas l’ingratitude ou l’intelligence des électeurs qui est en cause pour avoir failli à leur égard.
Il est certes difficile d’avaler qu’un ouvrier vote à droite, pourtant quand nous acceptons pour notre favorite poitevine les millions de Bergé, nous aimons savoir que les lignes sont faites pour bouger comme il fut à la mode de l’exprimer ainsi, il y a peu. Si le déshérité fait davantage confiance aux défenseurs des héritiers, c’est que nous n’avons pas été assez convaincants, nous les défenseurs des petits. Nous n’héritons pas des électeurs. Nous avons bien peu confiance en nos idées quand nous évitons les contradicteurs, quand des sujets tabous s’installent. De mes années à fréquenter quelques belles figures libertaires, j’ai gardé ma préférence aux dérangeurs, aux poseuses de questions plutôt qu’aux affidés, aux dociles.
De surcroit, notre aversion à l’égard de Sarkozy ne doit pas nous faire ignorer ce qui l’a porté à la victoire : sa confiance en lui- même adossée au sens de l’efficacité. Nous aurions tort de nous rassurer sur notre pureté en constatant les reniements d’un Kouchner mais il n’y a pas que des fieffés arrivistes qui l’ont rejoint : il a séduit des Hirsch, des Rocard qui savent distinguer le pragmatisme d’un opportunisme, tout en bousculant son propre camp. Nous sommes nous aussi secoués certes, mais en dehors des jérémiades, des ressassements, le temps n’est pas à l’audace et quand des nouveaux militants pointent le bout du nez : prudence… au mieux. En ces temps de basses eaux où bien des certitudes sont ébranlées, cette façon dont je prends la vie politique, témoigne de la prééminence des caractères, des personnalités sur les idées. Bien sûr la sentence du « Guépard » a été ressortie, après le G20 : « il faut que tout change pour que rien ne change » et l’emballage médiatique nous enfume plus que jamais. Juste un détail qui semble éloigné du sujet et pourtant, pour éviter de s’accabler sous les coups de l’idéologie dominante : pour le film « monstres contre Aliens » en Ile de France : 106 salles de cinéma, pour Katyn de Wajda : 3 salles. Cause toujours.
Le signe à peu près égal que les électeurs placent entre nos affichages nous conduit à nous distinguer sur des broutilles, à nous montrer intransigeant sur nos fréquentations comme si pour élargir nos cercles militants nous ne devrions solliciter que les convaincus d’avance. Cette catégorie est heureusement épuisée. C’est avec celui avec lequel nous sommes en désaccord qu’il faut négocier, c’est auprès des dubitatifs que nous gagnerons. La fraternité qui se travaille dans nos groupes militants se vivra parce que prolongeant une mémoire, nous portons les mêmes valeurs. C’est que je viens de lire encore du Régis Debray : « Là où il n’y a pas de mémoire, il n’y a pas d’espérance » dans l’Obs.
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Par ailleurs l’hebdo nous raconte cette petite histoire- comment dire- ahurissante : « En quittant Birkenau, on croise un guide rencontré lors d’une précédente visite. On lui a signalé, à l’époque un groupe de trentenaires bruyants qui se prenaient en photo devant les pyjamas rayés et les valises des déportés, malgré les panneaux interdisant les clichés à l’intérieur des bâtiments. Il avait eu un geste las de la main, puis un soupir : « vous savez les pires, ce sont les juifs, ils se croient ici chez eux. »

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