jeudi 8 avril 2010

Le jardin lettré en Chine.

Dans la forêt des symboles qui peuplent l’empire du milieu, la conférencière Yolaine Escande a été bien utile pour se frayer un chemin en particulier dans « le jardin du fonctionnaire maladroit » entre le lotus qui représente la pureté et la grue qui accompagne les immortels. Ceux-ci pourront se réfugier dans une grotte de la montagne ou dans une des trois îles qui émergera de l’eau. Ce microcosme où se rencontrent, à tous coups, la montagne (Yang ) et l’eau (Yin), qui peut tenir dans un pot, sur un balcon, est à l’image de l’univers. Au pays où il y a quinze mots pour écrire paysage dont un pour « celui où arrive la lumière après la pluie », la tradition des jardins remonte à une époque très lointaine. Le paysage pictural, bien plus présent que chez nous où dominent les portraits de la figure humaine, se distingue des jardins où les fleurs sont là avant tout pour témoigner du temps qui passe, des saisons. Le jardin est un lieu de retraite et celui de la pratique des arts : musique, calligraphie, poésie, peinture. Il ne comporte pas de belvédère qui donnerait une vue d’ensemble ; pour faire connaissance, il faut emprunter des sentiers sinueux où l’imaginaire fréquente la sagesse.
Tao Qian un fonctionnaire lettré dans les années 300 a démissionné pour revenir dans son enclos personnel et mourir de faim.
« Jeune, je ne m’adaptais pas au vulgaire, de nature j’aimais collines et monts,
Par erreur, tombé dans les filets du monde, sont partis treize ans de ma vie,
L’oiseau captif regrette son ancienne forêt, le poisson du bassin, sa source passée.
J’ai défriché, au sud, des champs incultes.
Pour préserver ma simplicité, je suis revenu à la campagne. […]
Chez moi, aucun tumulte du monde de poussière, les pièces vides laissent du loisir,
Longtemps enfermé en cage, j’ai enfin pu revenir à ma nature »

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