jeudi 30 juin 2011

Basilique de Saint Denis: le cimetière des rois.

Lors de mes voyages à Paris dans ma jeunesse, j’avais commencé par le mur des Fédérés, cependant ma visite récente à la basilique de Saint Denis m’a intéressé, d’autant plus que des amies m’avaient vivement recommandé une guide dont j’ai apprécié l’érudition et l’entrain.
Saint Denis fut le premier évêque de Paris, il avait porté, dit-on, sa tête coupée sur sept kilomètres avant de s’écrouler là. Le lieu de sa sépulture devint une destination de pèlerinage au 5° siècle et l’abbaye une des plus puissantes au moyen âge dans cette ville de foire.
"Montjoie Saint Denis"; une copie de l'oriflamme est exposée sur laquelle est inscrite ce qui deviendra au Moyen Age la devise du royaume en temps de conflit, un cri de ralliement. L’évêque remettait l’étendard au souverain avant de partir guerroyer : le sabre et le goupillon.
Dagobert est le premier enfoui, Pépin le Bref y est sacré.
C’est l'abbé Suger qui va donner une dimension nouvelle à l’édifice considéré comme le premier gothique.
Violet Le Duc, l’incontournable, restaura les lieux bien après que les révolutionnaires de 89 eurent prélevé le plomb des cercueils, des vitraux et de la toiture. La guerre de cent ans avait laissé aussi quelques cicatrices ainsi que les guerres de religions. La révolution sera un des moments de destruction mais aussi celui de l’émergence de la notion de patrimoine et de conservation au service du peuple.
Une des tours menaçait ruine, il n’en reste qu’une seule, et si la façade n’a pas la majesté de Notre Dame avec ses portails bien noirs, l’intérieur est grandiose éclairé de vitraux magnifiques. L’histoire de l’architecture funéraire royale s’y trouve condensée.
Quand le corps est absent, il s’agit d’un cénotaphe. Les os, après souvent bien des vicissitudes, furent déposés le plus souvent à Saint Denis. Lorsque les viscères sont là, le gisant tient un petit sac dans ses mains, le cœur bénéficie souvent d’une urne particulière. C’est que se posaient des problèmes de conservation : il fallait retirer les viscères et le cœur. Le corps était parfois bouilli et les chairs conservées avec des aromates et du vin.
Saint Louis a fait réaliser les gisants idéalisés de ses prédécesseurs, plaçant la dynastie capétienne dans la continuité des Mérovingiens et des Carolingiens.
Louis XI n’aimait pas les fastes de Saint Denis, il est un des rares rois à ne pas y être enterré, alors que quarante de ses semblables et leurs reines, des princes et princesses y furent mis également en terre entièrement ou partiellement. Ainsi que quelques rares personnages importants du royaume comme Du Guesclin représenté dans sa taille réelle, modeste, alors que François premier, dont les funérailles durèrent six semaines, lui, atteint ses deux mètres. Le breton repose dans quatre sépultures : les os à Saint-Denis, les entrailles au Puy-en-Velay, les chairs à Montferrand, le cœur à Dinan.
Les Bourbons, Louis XIV en tête sont restés sobres. Il a préféré investir dans les statues équestres sur les places en plein air.
Louis XII auprès de son épouse Anne De Bretagne marque une rupture, il est représenté nu comme un mortel ordinaire, transi, même si son monument à trois étages est l’un des plus grandioses avec 12 apôtres pour l’accompagner avec les statues des quatre vertus cardinales (prudence, justice, force et tempérance) ; des scènes de ses batailles y figurent et il surmonte le tout agenouillé pour le pardon. Le monument d’Henri II est également impressionnant, il mourut avant Catherine de Médicis celle-ci préféra son gisant inspiré de Vénus que dans la version très émouvante déposée au Louvre.
Louis XVIII a fait revenir et édifier des statues pour Le seizième des Capets, il sera le dernier à figurer dans ce lieu même si en 2004 le cœur de l’enfant d’un des fils de Louis XVI, le XVII°, y fut déposé.

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