dimanche 19 juin 2011

Brassens ou la liberté. La cité de la musique.

Georges aurait eu 90 ans, s’il n’avait disparu il y a trente ans déjà, en 1981.
La force tranquille c’était bien ce gars là.
Les derniers temps, il souffrait beaucoup, une ambulance l’attendait entre deux prises de son.
Le timide était discret. Le sportif, fort. L’amant de Puppchen, universel. Le poète immortel.
Le sympathique Panthéon qui lui est dressé à La Villette nous en apprend sur sa façon de vivre en accord avec ses idées quand pour lui, la fidélité, l’anarchie n’étaient pas des postures.
Pendant le parcours où se presse la foule, il n’est pas aisé d’écouter les chansons, lire les BD, voir les objets, les photos, tout en ayant pour certains un audio guide aux oreilles.
En ce qui me concerne, c’est surtout le magnifique catalogue rétrospectif de 300 pages qui m’a permis d’apprécier pleinement les bandes dessinées de Joann Sfar, un des commissaires de l’expo, et prolongé le plaisir avec des fac-similés de ses carnets, un recueil de photos, de photos de notre famille.
Alors peinard, je déguste les pages, après la satisfaction d’avoir accompli un pèlerinage, en ayant applaudi une vidéo au milieu de mes compatriotes en communion, dans un Bobino reconstitué avec même le poteau au milieu de la salle.
Les portraits tels « L’auvergnat », « la Jeanne », « Corne d’Auroch » … qu’il a élevés à la dignité de personnages de légende étaient bien réels, et « Les stances à un cambrioleur » tirées d’un vécu où l’argent venu à la fin de sa carrière lui était aussi indifférent que lorsqu’il n’avait pas un radis.
Une autre époque ! C’est aussi pour cela qu’il nous est si précieux avec le legs d’une poésie travaillée, cent fois remise sur l’établi, qui a donné une saveur de plus à nos amitiés, à nos vies.
La façon de Joann Sfar de rendre hommage est vraiment en accord avec l’esprit de Brassens, tendre et ne se prenant pas au sérieux. De faire s’interroger des enfants d’aujourd’hui sur la pensée libertaire, les faire retrouver le grand homme au Japon où il se serait caché, rapproche les époques, éloigne les révérences, et nous surprend, nous les familiers qui avons vieilli avec lui et sans doute mieux grâce à lui.
« La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile.
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.

Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,
Pauvres cendres de conséquence,
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances. »

1 commentaire:

  1. Brassens a longtemps été pour moi un grand bonhomme.
    Il le reste sans doute, mais avec des réserves nées d'une meilleure connaissance de son parcours de vie et de la prise de conscience de ce que, jusqu'au succès et au risque de l'insuccès et d'une pérennisation dans ce choix social, il a malgré tout vécu en parasite obstiné.
    Jeanne et quelques autres avaient peut-être par anticipation adopté le slogan de l'Oréal: "Parce qu'il le valait bien" ???
    Bizarre impression.

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