samedi 21 avril 2012

07 et autres récits. Jean Jacques Salgon.

Bien qu’elle soit exigeante avec le langage, l’Ardéchoise qui m’a prêté ce livre m’a bien averti que l’auteur abuse parfois du subjonctif.
Depuis la sortie en 1993 de ce livre qui plaira à tous ceux qui ont été élevé à la Burle et à la crème de marrons, l’auteur s’est sûrement allégé.
 Il s’agit d’un premier recueil parfois un peu empesé:
« …notre exaltation n’était pas loin d’atteindre celle d’Howard Carter et de lord Carnarvon entrant pour la première fois dans le tombeau de Tout-Ankh- Amon. »… 
« Une de ces banastes qui, dans la cave recueillait les plus opimes dépouilles et sur laquelle on aurait du graver ces mots : « aux petites choses cassées, l’humanité reconnaissante. »» 
Mais qui n’a pas péché, quand des années de complexe de classe vous amènent, nouveau riche, à vous pousser du col (de l’Escrinet) ?
Moi, régulièrement, obstinément, je faute.
Le goût de la précision chez ce fils d’instit Freinet à la main pourtant leste convient parfaitement à l’évocation de la machine à coudre :
« Je ne sais pourquoi, lorsque ma mère se mettait à l'ouvrage sur sa machine à coudre, j’attendais avec une telle impatience le moment où elle aurait à « faire les canettes ». Cette opération qui consistait à regarnir les canettes de leur provision de fil se pratiquait sur la machine ; la canette placée sur un pivot qui l'entraînait en rotation se rechargeait automatiquement, le fil oscillant de haut en bas et régulant ainsi de lui-même. La bobine sur laquelle le fil était prélevé sa propre répartition tournait à toute vitesse, effectuant des petits sauts sur son axe, comme pour protester d'être si brutalement dépouillée. » 
Ces 100 pages exploitent le registre abondamment garni des souvenirs d’enfance enrobés de nostalgie, avec « Chèques Chic », Dinky toys, buvards, et terreurs enfantines quand s’explorent les sous terrains et les jardins de derrière la maison.
Mais il sait dire aussi quand les greniers ne sont pas toujours débordants de trésors, ils peuvent ne contenir que de la poussière et les dimanches après midi être saturés d’ennui.
« Les bouches des Chambord et des Cheverny nous paraissaient outrageusement maquillées, mais elles souriaient. C’est quand les DS noires du gaullisme ont commencé à sillonner nos campagnes que les voitures ont cessé de sourire »

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