samedi 12 mai 2012

Un mal sans remède. Antonio Caballero.

Ma femme qui adore les sagas, les péplums, la foisonnante littérature Sud Américaine n’avait pas hésité devant les 670 pages, elle aime aussi les pavés. Mais elle avait abandonné ce livre tout en me le recommandant, moi qui apprécie les écritures qui se cherchent, introspectives, dépressives et brèves. Appâté par un tel titre, j’ai été happé.
Jusqu’où pourrait aller mon antipathie pour le personnage principal indifférent même à lui-même ?
Il voue la plus complète des indifférences, la plus éhontée goujaterie, à sa mère, à ses compagnes, à ses connaissances. Sa seule activité est de chercher des mots pour former de la poésie, et cette recherche d’absolu, dérisoire, déchirante, au prix d’une vie vide, m’a bouleversé.
« Quelle merde la poésie. Il ramassa sur le plancher la dentelle légère du soutien-gorge abandonné. Et complètement ivre, enclin aux larmes, perdu dans un sentiment d’autocritique, il pleura en reniflant le soutien-gorge qui, pour parler franchement, ne sentait rien. » 
Il traverse la ville de Bogota, depuis les lieux sordides et pathétiques du pouvoir dans leur violence la plus crue, jusqu’aux canapés de révolutionnaires dans leur confort le plus ridicule, en de lieux les plus glauques, depuis un appartement désert où il n’a plus qu’un demi crayon pour écrire au dos des pages d’un livre de compte.
Le portrait de la Colombie est épique et le climat chaud et humide.
« Un serveur avec de grandes auréoles de sueur sous le bras l’obligea à commander un rosé très pâle, aigre, qui lui donna la nausée et était hors de prix. Il y avait du monde. Il vit des gens faire de grands gestes, il entendit de cris. Il régla une addition énorme. A la sortie, un vendeur de billets de loterie boiteux et manchot voulut le forcer à lui en acheter un en lui garantissant sa chance. Il hésita. Sut résister. »

1 commentaire:

  1. Moi aussi, j'ai abandonné "Sin Remedio", bien que l'écrivain est un très réputé critique politique en Colombie et je lis avec vrai plaisir ses articles hebdomadaires. Il y a une commentaire à vous corriger, Bogota est une ville froide, même très froide à cause de l'altitude -la température jamais va au-dessous de 22°, et très suivant il y a des températures proches au 0°-, en plus, la ville est sur la cordillère, au milieu d'un pays où la plupart de ses habitants vivent en climat chaud, ce qui aide à accentuer cette vision de que Bogota et les élites bogotanas qui gouvernent le pays sont éloignées, ignorantes et indolentes de ce qui se passe en Colombie, comme bien a montré Caballero dans le romain. je pense que cette contraposition froid-chaleur est la même qui trouve le poète quand sort et trouve les pauvres dans les rues de Bogota. Salut!

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