mercredi 13 février 2013

Angkor. Thierry Zéphir


Aux amis du musée de Grenoble, Thierry Zéphir  responsable du Musée Guimet, un des lieux  de présentation essentiel de l’art asiatique, a donné une conférence concernant Angkor la capitale pendant six siècles de l’empire Khmer.
Celui-ci allait au-delà du Cambodge, au Sud  du Viet Nam, comprenait une partie du Laos, de la Thaïlande et de la Birmanie.
Si les  cours royales ont changé d’emplacement,  elles sont restées à proximité de la plus grande réserve d’eau douce de l’Asie du Sud Est : le lac de Tonlé Sap dont les eaux se déversent dans le Mékong. Au moment de la fonte des neiges himalayennes le sens des eaux s’inverse et le lac multiplie sa surface par trois, voire sept dans certains documents !
Dans cette aire riche de populations différentes, l’influence de l’Inde marchande est très marquée et les religions hindouistes et bouddhistes vont se mêler en toute tolérance.
Même si une occupation humaine est attestée dès la préhistoire, plus aucune trace des demeures végétales des mortels, par contre des habitats pérennes réservés aux divinités se découvrent encore.
Dès le VIII e siècle, un temple abritant la divinité protectrice Shiva préfigure les constructions qui vont se multiplier à partir du règne de Jayavarman II.
Les temples-montagnes  honorent les divinités protectrices à Prè Rup  au X° siècle,
Baphuon au XIe,  Angkor Vatt, le plus vaste monument religieux au monde, au XIIe  jusqu’au Bayon  au XIIIe : de Vishnou à Bouddha.
Les  toitures avec de faux étages de forme pyramidale donnent des airs montagneux aux constructions qui se devaient de reproduire les lieux familiers aux divinités.
Les architectures de plus en plus complexes reproduisent le mont Meru, demeure des dieux, les enceintes concentriques alternent avec des douves réservoirs qui servent à redistribuer l’eau.
Des systèmes sophistiqués d’irrigation permettront plusieurs récoltes de riz dans  l’année. La perte de la maitrise de l’eau expliquerait le déclin encore mystérieux de cette civilisation.
Après la brique, le grès permet la finesse des motifs et le sable compacté la solidité des édifices, même si les pierres ne sont pas jointoyées.
Une  végétation envahissante, les pluies violentes de la mousson, le soleil accablant de la saison sèche, des pillages, mettent à mal ce patrimoine mondial.
Les lingas, phallus en érection, symbolisent Shiva dont la représentation sous forme anthropomorphe est  aussi très fréquente. D’après les écritures il pouvait prendre 1008 noms : le personnage  complexe est multiple.
Les statues distantes, non individualisées, portent une éternelle jeunesse ; au bout de chacun des quatre bras de Vishnou, un disque, une conque marine, une massue, un lotus.
Quand les commandes ne sont pas royales, l’art khmer fait valoir encore plus son esprit dans des décors exubérants et variés. Des bas reliefs  très vivants peuvent compter jusqu’à 11 plans différents sur quelques centimètres d’épaisseur.
Parmi les gardiens qui encadrent pour l’éternité les entrées des sanctuaires, la coiffure permet de distinguer les bienveillants, des farouches : les uns avec un chignon bien cylindrique face à des chevelures en désordre au dessus d’yeux exorbités.
Une accumulation de noms de rois, de lieux ne dit rien quand il faut sur place plusieurs jours pour aborder cette civilisation, voir sur ce blog quelques "messages anciens" dans la rubrique voyages, sinon se remémorer d’immenses visages énigmatiques, dont la beauté ne reproduit pas celle d’un modèle humain, la multiplication des temples qui se juxtaposent puisqu’une fois sacralisés, ils ne peuvent être désacralisés, de belles histoires comme le mythe premier de l’hindouisme quand les dieux et les démons tirent sur un serpent et barattent la mer de lait,  et qu’un élixir d’immortalité en advient.

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