mercredi 19 juin 2013

Art brut. Lausanne.



La Mecque de l’art brut est située au château Beaulieu à Lausanne depuis 1976 avec au départ la donation du pape du mouvement : Dubuffet.   
« Une chanson que braille une fille en brossant l’escalier me bouleverse plus qu’une savante cantate. Chacun son goût. J’aime le peu. J’aime aussi l’embryonnaire, le mal façonné, l’imparfait, le mêlé. J’aime mieux les diamants bruts, dans leur gangue. Et avec crapauds »
Ma première visite avait été un choc, qui m’avait fait placer cette forme artistique au sommet de l’intensité émotionnelle, je viens d’y retourner et retrouver quelques œuvres singulières, magiques, magnifiques :
les lambris de Clément Fraisse sculptés à l’aide d’une cuiller,
la robe de mariée de  Marguerite Sir, réalisée à l’aiguille à coudre avec du fil tiré de draps usagés,
un retable de Verbena en bois flotté,
et ces fleurs étonnantes, si fines, qu’elles en creusent le papier d’application  
Je ne me souvenais pas de Teuscher mais ses traits ondoyants au café m’ont impressionné, comme celui qui prenait ses cheveux pour confectionner un pinceau et d’autres du suc de fleurs comme couleurs, ou leurs excréments.
Cette nécessité impérieuse de s’exprimer, le caractère élémentaire des moyens sont émouvants, et le résultat appelle souvent les adjectifs les plus étonnés.
Ce lieu nécessiterait des heures d’exploration tant sont nombreuses les œuvres présentées (700), tant sont incroyables les destins des auteurs, souvent  placés enfants comme valets de ferme, dont l’origine s’est diversifiée avec l’enrichissement des collections.
Aloïse après avoir été gouvernante, tellement enflammée en religion qu’elle sera internée, coud ses cartons pour présenter un univers foisonnant de princesses.
Ratier anime des sculptures inventives, Krüsi commence à dessiner ses vaches à l’âge de cinquante-cinq ans…
En ce moment, une exposition temporaire consacrée à Deeds aux dessins délicats est plus saisissante que celle consacrée aux mises en scène des personnages de comics américains de Daniel Johnston.
Une vidéo consacrée à Paul Amar qui compose des tableaux de coquillages aux vives couleurs nous fournit un contre-point joyeux bienvenu dans un ensemble où se manifestent surtout des souffrances.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire