mercredi 26 juin 2013

Diégo Rivera et les peintres muralistes.


Christian Loubet nous lit à la fin de sa conférence un extrait d’une déclaration du sous- commandant (j’ai toujours adoré ce grade) Marcos :
« Nous les indigènes ne faisons pas partie du passé mais du futur. Car on regarde vers l’arrière mais on rêve vers l’avant. Nos pieds demeurent dans la glaise de l’histoire mais notre tête aperçoit de lumineux lendemains »
 C’est que d’histoire il en fut question, pas celle d’archives scellées mais s’inscrivant au présent, indissociable du sujet de la soirée aux amis du musée. 
Dès 1906, Murillo professeur à l’académie des beaux arts fait appel au nationalisme des  peintres mexicains contre «  le colonialisme parisien ». Il invente des procédés nouveaux (visions aériennes pleines de courbes), de nouveaux produits (pétro résine).
C’est avant le temps de Pancho Villa et Zapata dont les révoltes commencées en 1911 seront confisquées par Obregón en 1920.
Siqueiros, élève de Murillo participe à la révolution activement puis il rencontre Diégo Rivera à Barcelone avec lequel ils lancent un appel aux artistes d’Amérique, rejoints par Orozco.
« Nous proclamons que lorsqu’on passe d’un ordre décrépit à un ordre neuf, les créateurs de beauté doivent faire tous leurs efforts afin que leur production ait une valeur idéologique pour le peuple. Ainsi le but de l’art qui est actuellement une expression de la masturbation individualiste, sera enfin un art pour tous, d’éducation et de lutte. »
Ils bénéficient de commandes du ministre Vasconcelos.
Rivera  nourri de Giotto exécute une grande fresque : « La création » sur 100 m 2, avec des personnages à la Gauguin.
« Le dîner de capitalistes » occupera 1600 m2 et prendra 4 ans.
Bien d’accord pour fustiger la peinture aristocratique de chevalet, ils vont vers un expressionisme tropical qui réactualise des traditions et se nourri de l’énergie du futurisme.
Le trotskiste Rivera sera traité de « folkloriste » par son comparse le stalinien Siqueiros, allant  lui vers plus d’abstraction.
Lors de leur séjour aux Etats-Unis, ils seront fascinés par la société industrielle, ses immeubles, son dynamisme.  Au temps du « New deal », Roosevelt  leur procure aussi du travail.
Rivera réalise «L’homme à la croisée des chemins » qui avait été refusé par Rockefeller à cause d’une représentation de Trotski, figurait aussi Darwin.
Frida Khalo, sa jeune épouse passionnée, sera au centre d’une fresque distribuant des armes aux paysans et aux prolétaires. Elle qui n’a pu être mère, protège Diégo enfant dans «  Rêve dans le parc d’Alameda ».
Le palais national  sera la Sixtine de Rivera : l’histoire mexicaine avec son versant colonial, révolutionnaire autour de l’aigle et du serpent originels est rappelée.
Le monde indien y figure dans toute sa richesse :
le Quetzalcóatl, serpent à plumes des Toltèques,
le marché Aztèque où une femme tatouée auréolée d’arums reçoit un bras en offrande,
chez les Zapotèques,  au pays de l’or et  de la plume, les prêtres portent des masques de mort,
les artistes Tarasques travaillent le caoutchouc, les teintures,
les voladores Totonaques effectuent 13 cercles  autour de mâts (13X4= 52 semaines),
le maïs est à l’honneur chez les Huastèques, et le sisal et l’agave.
L’origine de ces représentations est citée sur les grisailles en soubassement du  colossal panorama où Cortès n’a pas le beau rôle, les noirs sont marqués au fer rouge, le servage est montré dans toute sa violence. 
Orozco  dans sa « tranchée » guerrière, exprime toute sa noire vigueur.
Le combattant Siqueiros apporte un souffle épique avec sa « Marche de l’humanité », son « Peuple en armes », sa puissante « Nouvelle démocratie », quand il représente la sécurité sociale et son « écho d’un cri » résonne encore.
Ces peintres ont magnifié le collectif dans des rythmes puissants, mis au jour l’héroïsme individuel, rappelé les aspirations du peuple, ses valeurs, ses luttes, dans des cathédrales contemporaines en conviant l’histoire, quand l’avenir se peignait de couleurs vives.

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