dimanche 20 octobre 2013

Une mouette. Isabelle Lafon.



5 actrices remplaçant 11 acteurs se présentent frontalement au public et racontent « La mouette » de Tchekhov.
« Une » et non « La » Mouette: l’article indéfini a toute son importance, « d’après » Theckhov.
L’adaptatrice nous donne à entendre cette pièce plus qu’à l’écouter, elle annonce d’ailleurs qu’elle veut nous perdre. En l’absence de toute agitation sur le plateau, nous pourrions nous rapprocher du texte, mais la pièce ramenée à  moins d’une heure évacue la dimension du temps qui me semble essentielle dans l’œuvre originale.
L’entreprise de brouillage est aisée car dans toute pièce russe même bien explicite, il est  souvent difficile de s’y retrouver avec les patronymes ; mais où sont les subtilités, les hésitations, les états d’âme ?
En disant les didascalies avec  la même conviction que des dialogues qui mènent à un drame, ceux-ci perdent du relief.
Et une fois encore, comme les conférenciers qui m’exaspèrent quand ils disent : 
« bien sûr tout le monde sait ça »
il est nécessaire de connaître déjà la pièce pour apprécier cette interprétation qui met en valeur trois actrices sur cinq.
De la même façon que Woody Allen pouvait dire :
«  J'ai pris un cours de lecture rapide et j'ai pu lire "Guerre et Paix" en vingt minutes.
Ca parle de la Russie. »
J’ai perçu, en cet emballage, qu’il est question de théâtre dans le théâtre, d’amour de rivalité et d’ambition.
Une recherche, une expérience, une proposition, un match amical de début de saison.
« Il n'y a pas besoin de sujet. La vie ne connaît pas de sujet, dans la vie tout est mélangé, le profond et l'insignifiant, le sublime et le ridicule »

2 commentaires:

  1. Grrrr...
    On dirait que tu as été embarqué dans l'énorme entreprise publicitaire d'abolir la représentation au théâtre pour encore et toujours laver plus blanc, (excuse, c'était faire du NEUF).
    Il y en a marre d'attaquer le principe même de représentation au théâtre. Il s'agit du degré 0 de la représentation... (et du théâtre).
    Et voilà pourquoi je ne me déplace plus pour ce genre de spectacle.
    Qui plus est, je suis devenue experte en dépistage de ce parti pris idéologique, ce qui m'a permis de l'éviter pendant un séjour à Avignon cet été où j'ai assisté à..20 représentations théâtrales qui n'avaient pas comme parti pris idéologique d'abolir la représentation.
    Je laisse à d'autres.. le bonheur de s'ennuyer à mort.
    100% d'accord avec Woody qui a débusqué toute la vaine prétention creuse de notre modernité dans ses.. temples culturels. (Pas toujours, mais souvent, en tout cas.)
    L'académisme finit par gagner tous les lieux de culte ?

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  2. Bonjour Guy. Oui, nous aussi avons vu cette mouette. jolie, charmante, mais manquant vraiment d'épaisseur, et comme tu le dis, mettant en valeur... 3 actrices sur 5 (surtout l'une, à l'extrême droite, ne disait pas grand chose, je n'ai pas très bien compris pourquoi). On aurait pu rester et discuter avec elles mais... on avait faim (!). Entre parenthèses: quel désastre cette nouvelle "cantine"... le restaurant qui a disparu, le côté lugubre des décors.

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