vendredi 21 mars 2014

« Genre »

Quand nous avons tant de mal à mesurer ce qui se joue ici ou là, en Crimée au Soudan ou sur les bancs déserts de l’assemblée, et que l’impuissance touche même Obama, les mots ne peuvent que nous manquer.
Dans le même temps, lorsqu’un journal tel que « Libération » bat de l’aile, c’est la qualité de nos « discussions » qui est altérée, pour éviter d’employer le mot « démocratie », si lourd, si insaisissable.
Je reviens sur mes terres.
Le refus de certaines mamans d’envoyer leurs enfants en classe, l’autre jour, genre hénorme : « les enseignants vont leur apprendre la masturbation » était le fait d’une minorité. Mais il ne doit pas nous interdire de penser qu’il est le signe d’une défiance plus profonde envers ce qu’on n’ose plus appeler un pilier de notre société,  l’école devenue tout au plus une béquille face à tous les dysfonctionnements de notre société. Quand par ailleurs des parents en arrivent à porter plainte contre l’institution, le processus éducatif est compromis.
Est-ce que nous avons notre part de responsabilité pour avoir tellement chéri l’esprit critique dont nous regrettons la prépondérance lorsque cette arme crépitante est retournée contre nous, les éducateurs ? Encore un de ces dévoiements qui voit les ennemis de la laïcité se réclamer de la laïcité et les fossoyeurs de la démocratie en appeler à la démocratie pour la défoncer encore plus.
Copé nous a bien fait rire avec sa condamnation de « Tous à poil ! » mais quand il faudrait prôner la fréquentation de la bibliothèque à des familles qui n’en voient pas l’ardente nécessité, difficile les convaincre avec « Titeuf et le zizi sexuel » voire impossible à recommander à un public de plus en plus sur la défensive envers ce qui fait nos délices modernes.
Des décideurs viennent de reconnaître que les rythmes d’un bambin de maternelle ne sont pas ceux d’un apprenant de CM2 : il était temps. Mais quand les horaires consacrés au français diminuent encore, et qu’il ne convient plus d’apprendre à distinguer un verbe d’un nom, l’idée de faire partager une préoccupation universitaire concernant « le genre » à nos rejetons me semble impropre à redresser les résultats d’une école qui va de mal en PISA.
L’individualisme s’exacerbe derrière les tables vandalisées et il convient de plus en plus de susurrer les consignes individuellement pour être entendu. Que n’allaient - ils pas, nos experts ministériels, perturber familles et petits pour des problèmes qui se posent surtout à l’adolescence à quelques individualités qui résoudront mieux leurs dilemmes dans la discrétion d’un entretien personnel que dans le brouhaha ?
Ces réserves ne vont pas à l’encontre de l’égalité homme/femme comme il parait utile de le préciser à tous les amateurs d’opinion tranchées toujours enclins à caricaturer l’objecteur. Justement : des mesures pour mettre fin à la discrimination seraient faciles à prendre quand il y a seulement 27% de femmes à l’assemblée, même si  le rattrapage des salaires de 25% inférieur en défaveur des femmes qui n’a que trop duré doit être plus complexe. Et ce n’est pas parce que la lutte contre les stéréotypes est plus aisée qu’il faut baisser les bras : laissons les garçons jouer à la poupée, sans leur interdire de jouer aux petites voitures.
………
Suite à mes doutes exprimés la semaine dernière  http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/03/saint-egreve-pales-municipales.html concernant les élections municipales à St Egrève, je pense voter pour les écolos. Leur petit livret développé ne sacrifie pas à la com’, témoignant d’un travail qui s’inscrit dans réflexion générale et avance des propositions concrètes. Même si je ne suis pas toujours d’accord, la proposition suivante qui ne manque pas de poésie m’a convaincue :
«  prévoir des abris fermés la nuit pour les vélos et trottinettes oubliés à l’école. » Plus sérieusement il est question de non-cumul des mandats et de logement même timidement, c’est mieux que le reste.
Comme ça, je pourrai trinquer avec mes copains, plus portés sur le rouge indélébile, l’âme légère, à la Clairette bio, me reconnaître dans le miroir et pouvoir continuer à asticoter, vertement donc, une liste où les personnes que je respecte sont le plus nombreuses.

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