mardi 3 février 2015

Là où vont nos pères. Shaun Tan.

Déjà l’objet est gracieux en donnant l’impression de feuilleter un album de photographies qui auraient traversé le temps, à la fois familières et délicatement surprenantes.
J’ai d’abord feuilleté les 130 pages rapidement, tant l’histoire de cet émigré est fluide, et puis je suis revenu pour savourer chaque dessin à la fois très réaliste et onirique avec des êtres imaginaires qui se glissent dans le quotidien et accompagnent la découverte d’un pays énigmatique pour un homme qui a laissé  sa femme et sa fille dans son pays natal.
L’auteur d’origine chinoise travaille en Australie mais beaucoup de ses paysages rappellent Elis Island où débarquaient les migrants à l’entrée de New York, ils évoquent pour chacun la découverte d’un nouveau monde rêvé et qui ne se donne pas facilement.
Rien de dramatique : malgré la violence, la tendresse et la poésie transfigurent une âpre réalité. Le dosage entre récit documentaire et conte est subtilement pesé. Le soin apporté au travail qui a duré 4 ans ajoute à notre plaisir, nous sommes indifférents à sa date de sortie puisqu’il échappe à toute mode fugace et traite de la solitude, de nos apprentissages, de l’étrangeté du monde, de sa beauté.
Roman graphique sans parole où les formats des dessins varient naturellement. Le fantastique devient ordinaire. Cette œuvre a la mobilité d’un film, et sa douce inventivité par le moyen d’un dessin traditionnel, ferait glisser l’ouvrage des rayons BD vers ceux de la littérature dont le prestige suranné s’accorderait très bien au côté un peu désuet de l’ouvrage.

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