mercredi 11 mars 2015

Iran 2014 # J 20. Kandovan/ Tabriz

Aujourd’hui vendredi, c’est férié, le dimanche des musulmans, et déjà des voitures de touristes créent un embouteillage dans les deux sens. Du coup après la descente ardue du village, nous devons effectuer un morceau de trajet sur la route pavée en tirant nos valises entre les voitures. Hossein a bien fait finalement de ne pas s’engager. Il nous ramène à Tabriz, étape sur la route de la soie, dont Marco Polo disait « une grande ville entourée de beaux et agréables jardins. Elle est excellemment située et on y trouve des marchandises venues de toutes les régions.» 
Nous commençons la journée par la visite à la mosquée bleue. Cette mosquée désaffectée, écroulée lors d’un tremblement de terre en 1780 a été reconstruite selon les vœux d’intellectuels de la ville, mais il ne reste que peu de mosaïques azurées qui firent sa splendeur. Pour se représenter l’intérieur, elles ont été complétées et remplacées par de la peinture plus pâle, les coupoles rebâties n’arborant qu’un agencement des briques régulières. Peu de tapis recouvrent le sol, isolé par une moquette verte.
Comme la visite du bazar moderne s’avère compromise en ce jour religieux, Halleh, notre guide, propose de visiter la maison de la constitution ou Mashroutch, hors programme donc  payante, mais pourquoi pas ? Cela nous permet d’apprendre un peu l’histoire de la région, qui fut, au XIII° siècle, le centre administratif d’un empire s’étendant « de l’Anatolie à l’Amou Daria et du Caucase à l’océan Indien ». Ce fut le siège des indépendantistes azerbaïdjanais menés par deux soldats « immortels » qui créèrent une constitution que les shahs kadjar adoptèrent quand ils soumirent les séparatistes. Mais la langue farsi et les coutumes ne s’imposèrent jamais complètement, même encore aujourd’hui.
La maison construite au XIX° par un russe abrite un petit musée qui expose des photos de moustachus enroulés dans des cartouchières, des journaux, quelques bustes ou portraits, des coffres forts fabriqués à Marseille.
La maison conserve des vitraux colorés qui participent à son charme. Même si beaucoup d’éléments politiques et historiques nous échappent, c’est intéressant de constater que le vainqueur s’empare des trouvailles du vaincu.
Halleh n’a pas renoncé à réaliser nos souhaits d’acheter des faïences à motifs de poissons, mais la démarche chez un potier reste infructueuse. Nous allons nous poser dans un restau assez chic et moderne où elle nous commande un nouveau plat régional : le koufteh. Il se présente comme une grosse boulette de différents ingrédients mixés que Dany compare à du pâté de foie trempant dans une sauce rouge. Indépendamment, il y a aussi des feuilles de vigne garnies de riz. Le chauffeur qui a mangé avec nous va disposer de son après midi et nous conduit à l’hôtel, qu’il confond d’abord avec un cinq étoiles  près d’un parc squatté par des tentes de repos de  citadins du vendredi. Nous déclinons l’invitation de nous balader et préférons nous reposer un moment au Caspain Hôtel en attendant que la chaleur tombe un peu. Vers 17h, Halleh nous accompagne dans les rues calmes aux boutiques pas mal closes. Elle se dirige vers une librairie et avec sa gentillesse et son charme habituels, s’arrange pour que l’employé qui la reconnait nous transfère sa clé USB musicale sur un CD. Nous sommes reçus avec des bonbons et repartons avec  chacun un sac vert pomme. En descendant l’avenue, nous débouchons sur une place moderne encore en travaux : le centre en contre bas nous attire car le pavement imite les motifs d’un tapis.
A deux pas, à l’ombre d’un pont une petite animation / exposition, comme pour une fête de quartier, donne un peu de vie : nous y voyons des stands de maquillages pour enfants, des spécialités culinaires de régions (gâteaux)  ou artisanales et le clou, un magasin de services pour le mariage. Nous sommes chaleureusement reçus, photographiés, fêtés, honorés par l’organisation qui nous offre des bonbons et une femme nous fait cadeau d’une feuille en poterie bleu turquoise, comme ça, pour le souvenir !
Il semble que les étrangers ne s’attardent pas  ou ne passent pas à Tabriz, tant pis pour eux.
 Pour notre dernier repas,  Halleh a choisi un restau branché à deux pas de l’hôtel. Un escalier descend dans une cave bien décorée avec de objets de brocante et des photos sous le verre des tables de personnages dissidents,  et des extraits de journaux.  Elle commande des aubergines cuisinées de deux manières différentes, délicieux ! Puis elle nous remercie, s’excuse de son français et nous offre à chacun un pin’s de Mahura Mazda rangé dans une petite boite charmante, en souvenir, achetée à Ispahan. Nous ne nous éternisions pas, Chantal est chargée de réveiller les troupes à 2h 20 cette nuit : départ pour l’aéroport 2h 45.

D'après les notes de voyage de Michèle Chassigneux

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