samedi 6 juin 2015

Julien Letrouvé colporteur. Pierre Silvain.

Un orphelin, d’où son nom, transporte des livres dans sa boite de bois aux abords de l’histoire qui s’invente du côté de Valmy.
«On l'avait découvert nouveau-né à la corne d'un champ de seigle, recueilli au hameau, pourvu d'un nom, baptisé. C'était le petit prince du palais souterrain»
La belle écriture s’accorde bien à un récit, où depuis des souvenirs d’écoutes de lecture nés au sein de «l'écreigne», pièce souterraine creusée dans la craie champenoise, surgit le fantastique. Cependant les échanges entre des personnages m’ont semblé parfois un peu compassés, alors que les mots choisis du narrateur conviennent aux descriptions.
 « Toutes les couvertures bleues sur le fond couleur de sable étaient comme un attardement des beaux jours. »
Comme le lecteur de Télérama qui n’a pas la télévision, le héros énigmatique aime les livres, mais ne sait pas lire, d’où une symbolique qui m’a échappé.
«… il déclara avec assurance que cette fois il ne prendrait que les contes, les légendes et les romans, à l’exclusion de tout ce qui était calendriers, prédictions, vie des saints et des rois, recettes et médecines, chansons, féeries et diableries, cantiques, manuels de bonne préparation à la mort, jardins de l’honnête amour et tant d’autres qu’il laissait à ses confrères les mercerots qui ne faisaient pas tant de manières pour se charger du tout-venant… » Elitiste !
Et si l’écriture poétique nous fait pénétrer au cœur des forêts, traverser les brouillards, le chemin du porteur d’ouvrages de la bibliothèque bleue arrivé au bout de l’horizon, demeure mystérieux. Depuis les odeurs des femmes remontant à l’enfance  jusqu’aux explosions de violence des hommes, cet hymne à la lecture m’a semblé remonter au temps où les flammes qui s’en prenaient aux pages avaient l’évidence d’une barbarie, mais celle-ci devenue froide, a vaincu.

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