samedi 27 juin 2015

La France périphérique. Christophe Guilluy.

Rien que le sous titre : «  comment on a sacrifié les classes populaires » a pu soulever des polémiques : le terme populaire sentant désormais le soufre !
Après l’exode rural qui s’est déroulé au début de l’autre siècle,  un mouvement inverse s’est opéré comme un exil urbain. Le mot «  rural » a laissé place à «  commune isolée hors influence des pôles ».
Au moment où le mille feuilles administratif semblait bien bourratif, pour 34.000 communes (sur 36.000), soit 60% de la population française, l’échelon départemental semble le plus en mesure de défendre cette France périphérique contre les grandes métropoles.
 Si les électeurs imposent la ligne politique des partis plutôt que l’inverse, ceux-ci  continuent à «  parler  républicain », mais «  l’ensemble des partis politiques a en réalité intégré la question ethnoculturelle à son marketing »
Là où  paradoxalement «la critique de l’État-providence ne sera plus portée par en haut mais par ceux-là mêmes qui en ont le plus besoin.  »
C’est que « Imprégnés d’idéologie mouvementiste, les classes dirigeantes qui ne perçoivent le monde qu’à partir des métropoles hyper mobiles n‘ont pas encore pris la mesure du changement culturel qui s’opère dans les périphéries de l’ensemble des pays développés. Car le monde de la sédentarisation qui vient est aussi celui de la relocalisation… »
Parmi tant de questions soulevées sans périphrases, d’angles nouveaux, d’observations pertinentes, d’outils statistiques qui se cherchent, en un ouvrage de 185 pages nerveuses :
 « N’est-il pas temps d'accepter que la question du village soit au cœur des préoccupations des catégories populaires ici et ailleurs ? Des montagnes de Kabylie aux grandes villes chinoises, la question universelle du village raconte, à l'heure de la mondialisation, la nécessité pour les plus modestes de préserver un capital social et culturel à l'heure où l'Etat ne protège plus. »
En ne se plaçant surtout pas en donneur de leçons, Guilly dépasse l’opinion qui se raréfie mais qui a fait du mal, de considérer les classes populaires comme des mal élevés.
Dans la diversité de ceux qui se penchent sur le mal être français, qui agacent les dents de la gauche-Clémentine, je vais aggraver mon incorrection politique, en me précipitant sur le livre de Le Goff «  La fin du village » qui me semble prometteur.
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Ces jours les illustrations sont de  Dan Perjovschi en ce moment au Magasin.

1 commentaire:

  1. Cela va te sembler déplacé, peut-être, mais je suis bien placée pour te dire que dans des coins très reculés de Madagascar, des coins où il faut passer la moitié d'une journée en taxi brousse pour y parvenir, sur des chemins à peine carrossables, des coins où les gens sont pauvres comme nous l'imaginons avec difficulté, et où les barbarismes "pole enfance, pole santé" etc etc ne sont pas à l'ordre du jour, tu peux compter les gens sans téléphone portable sur les doigts d'une main.
    Oui, c'est ce que j'ai dit. Cela semble... invraisemblable, il me semble, mais c'est vrai.
    Cela devrait nous faire réfléchir plus que ça nous fait réfléchir, je crois...

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