dimanche 21 juin 2015

La maladie de la mort-Aurélia Steiner. Marguerite Duras, Moïse Touré.

J’avais envie de retrouver l’écriture de Duras. 
«Ecriture presque distraite, qui court, qui est plus pressée d'attraper des choses que de les dire ».
Dans le petit théâtre de la MC2, la tentative de transporter « l’exilée en Afrique », en mêlant la danse à la lecture, recélait des promesses de dimensions nouvelles à partir d’une personnalité mythique de notre littérature.  
Le metteur en scène dit : « à l’image de Duras, la femme africaine est synonyme de résistance ; elle est un barrage contre les démons de l’existence ». Oui ce sont bien ces femmes qui tiennent ce continent debout, l’eau, le manioc, les enfants, la danse, les Mercédès Benz ... Mais en dehors d’évocations « du fleuve », je n’ai pas partagé les intentions du fondateur de la compagnie « Les Inachevés » de La Villeneuve.
L’accès aux pages fiévreuses simples et énigmatiques de l’auteure de l’Amant n’est pas facilité : je me suis  retrouvé dans ma nature de garçon mono-tâche, perturbé par la superposition de mouvements venant à côté des mots, alors qu’on peut croire que la danse suit en principe la musique. Pourtant le rythme de Marguerite obsédant, répétitif, elliptique, en recherche, nous eût suivis parfois comme rengaines.
Les danseurs traduisent un malaise, avec intensité, mais les belles séquences où ils se rencontrent sont trop rares
Et je suis également lassé des danses sans musique, de beaux gestes trop vite interrompus qui tournent au Parkinson. L’utilisation d’une vidéo malingre m’a semblé superfétatoire et certains dispositifs compliquent plus qu’ils n’éclairent : les mannequins de vitrines disséminés  sur la scène représentent la femme objet comme celle évoquée dans le texte, pour laquelle l’espoir et le désespoir n’apparaissent pas avec tellement d’évidence.
« Elle vous demande la couleur de la mer.
Vous dîtes : Noire.
Elle répond que la mer n'est jamais noire que vous devez vous tromper.
Vous lui demandez si elle croit que l'on peut vous aimer.
Elle dit qu'en aucun cas on ne le peut. Vous lui demandez : A cause de la mort ? Elle dit : Oui, à cause de cette fadeur, de cette immobilité de votre sentiment, à cause de ce mensonge de dire que la mer est noire. »

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