jeudi 3 septembre 2015

Greuze Jean Baptiste. Vien Joseph-Marie.


















Devant les amis du musée, le conférencier Fabrice Conan a rassemblé sous le titre « Le réalisme vertueux » : Jean Baptiste Greuze qui eut une grande notoriété de son vivant et Joseph-Marie Vien, le seul peintre qui ait eu les honneurs du Panthéon.
Des nuances seront apportées aux images dites de calendriers, quand Greuze y figurait au temps où la morale était en vue, avec ses femmes aux sentiments froissés et ses garçons aux yeux mouillés.
Né à Tournus  en 1725, sa précocité fut repérée par le peintre lyonnais Grandon. Il monte à Paris et ne suit pas le chemin balisé qui l’aurait conduit vers la peinture d’histoire, la plus prestigieuse.
Alors que les artistes flamands réalistes sont davantage reconnus, le quotidien apparait dans ses toiles, loin des nymphes sur leurs nuages et des canons académiques.
Il fut comparé à Molière pour la vérité de ses œuvres, qui au Louvre « fixent un moment la hâte des caravanes étrangères ».
Un de ses premiers tableaux  dont le titre « Le petit paresseux » n’est plus adapté aux convenances d’aujourd’hui, révèle un moment d’intimité simple et émouvant.
C’est le temps de Marivaux. Si les vertus sont exaltées, la pompe et la solennité sont éloignées. «  Les œufs cassés » signifient la perte de la virginité d’une jeune fille.
Greuze ne sera pas particulièrement attiré, comme d’autres, par les ruines romaines en accompagnant un mécène, en Italie. Mais « Le manège napolitain », avec le geste de la même origine, d’une jeune fille signifiant son mépris à un faux marchand qui voulait la séduire, peut constituer un souvenir plaisant de ce voyage.
Le marquis de Marigny lui commanda deux tableaux pour la marquise de Pompadour, envers laquelle il ne se montra pas particulièrement  courtisan : « La simplicité »  formait le pendant  d’« Un Berger qui tente le sort pour savoir s'il est aimé par sa bergère ».
Une de ses œuvres les plus célèbres  s’intitule: « Un mariage, et l’instant où le père de l’accordée délivre la dot à son gendre, dit « L’Accordée de village ». A son propos Diderot écrivait : « Le sujet est pathétique, et l'on sent gagner une émotion douce en le regardant. La composition m'en a paru très belle : c'est la chose comme elle a dû se passer. Il y a douze figures : chacune est à sa place, et fait ce qu'elle doit ». L’auteur avait su se faire attendre, et le succès viendra dès sa présentation ; la cote s’élèvera au dessus de la moyenne. L’encyclopédiste qui voyait la concrétisation de son goût pour la peinture morale avait prévu qu’il s’agissait  d’une « peinture particulièrement destinée à être copiée ».
Madame Geoffrin, dont le salon était célèbre, parla d’une « fricassée d’enfants » dans « La mère bien aimée ». Il avait aussi son franc parler, quand devant faire le portrait de la dauphine, il demanda qu’on l’en dispense parce qu’ « il ne savait pas peindre de pareilles têtes ».
Son mariage avec la belle Anne-Gabrielle Babuti ne fut guère heureux et sa vraie vie oublia les scènes vertueuses de bonheur familial.
Pour le plaisir de partager ce portrait d’enfant parmi les nombreux qu‘il proposa, je choisis « L’oiseau mort » dont il existe plusieurs versions.
Les portraits de Bonaparte, Talleyrand, Franklin et du jeune Mozart témoignent d’une vie riche,  commencée avec Louis XV et qui se finit sous l’empire en 1805.
Le tableau « L'Empereur Sévère reproche à Caracalla, son fils, d'avoir voulu l'assassiner » constitue aux yeux des historiens de l’art «un ancêtre inattendu à la peinture néo-classique française ».
Jacques-Louis David  fut le représentant le plus connu de ce style plus épuré que les  titres des tableaux, il s’agissait de « régénérer les arts en développant une peinture que les classiques grecs et romains auraient sans hésiter pu prendre pour la leur ».
Il eut Vien comme maître. Celui-ci fut prix de Rome avec « David se résignant à la volonté du Seigneur qui a frappé son royaume de la peste ».  
Le montpelliérain n’honora pas seulement des commandes royales : « Saint Thibault offre au roi Saint Louis et à la reine Marguerite de Provence une corbeille de fleurs » sur fond d’architecture antiquisante.
Sa « sultane reine » et son « sultan noir », études pour « La caravane du sultan à la Mecque », sont restés comme des témoignages des mascarades mémorables qui se déroulaient  alors à Rome dans ces années 1748 .
Au goût du jour, « La Marchande d’Amours » reprend  le thème d’une fresque ancienne.
Vien vécut 93 ans.

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