jeudi 17 septembre 2015

Les rencontres de la photographie. Arles 2015.

46° édition autour de photographies dans la commune la plus étendue de France, année de la mort de son fondateur Lucien Clergue,  avec changements de commissaire et nouveaux investisseurs : c’est « le chantier », dont les enjeux dépassent le badaud qui vient prendre l’air du temps au pays des images.
Un photographe américain, parait-il considérable, à qui est consacré une exposition sera-t-il satisfait si son nom ne s’est pas imprimé dans notre mémoire ? Il a tellement aimé s’inspirer des amateurs, fuyant le pittoresque, l’émotion, l’esthétique, gagnant par là la faveur des musées, épatant les galeries.
A quoi bon répertorier les noms de tant d’auteurs qui ont  assez peu d’émotions, ou d’idées à faire partager ?
Pourtant pour nos numériques mémoires c’est Thierry Bouët qui m’a semblé le plus chaleureux inventif et drôle en présentant des vendeurs du « Bon coin », mis en scène avec ce qu’ils proposent : une paire de botte, un cercueil, un bateau…
Et si nous n’avons plus en tête, les noms des italiens qui ont ramené des images du Congo nous n’oublierons pas leur mystère.
« Nous avions eu une expérience à New York avec d'autres photographes il y a dix ans d'une exposition sans légende, sans nom où l'individualité disparaissait pour que les différentes voix n'en fassent qu'une. C'est ce que nous avons eu envie de retrouver, Alex et moi, dans ce travail. »
Les façades d’églises de Markus Brunetti en imposent par leurs dimensions, leur précision : un travail de titan rassemblant des centaines de clichés, voire des milliers pour restituer une vérité de monuments dont la perspective est abolie.
C’est autre chose que les enseignes et les architectures de Las Vegas vues et revues même si  une série consacrée aux «  canards » : bâtiments ou véhicules aux formes des objets qu’ils ont à vendre, est gaie.
Le détour par l’abbaye de Montmajour, vaut le coup pour le lieu en lui même, mais Marcello en couleurs sur le tournage de 8 ½ de Fellini n’a rien de rare, ni Malkovitch reprenant la pose de Guévara, Einstein, Marylin, Wharholl  depuis leurs portraits iconiques.
Plus originaux sont les autoportraits de Diop posant avec des attributs de footballeurs en costumes XVIII°.  
Nous n’avons pas vu les 35 expositions proposées mais revient un portrait de groupe d’où se dégage une atmosphère particulière comme dans une salle d’attente aux patients tendus. 
Quelque carnet personnel semble intense mais difficile à aborder dans la frénésie d’une journée, alors émerge une fulgurance : une photographie très noire avec quelques taches blanches minuscules : là une danseuse. 
La confrontation d’images de propagande en Corée du Nord avec la réalité m’a parue un peu convenue et la série de poses auprès d’un ours dans l’entre deux guerres en Allemagne intéressante, alors que l’enquête sur les lieux opaques du pouvoir, les paradis fiscaux, est accablante et apporte une touche politique plus développée me semble-t-il du côté de Perpignan.
Portant les prises de vues concernant des groupes sur des lieux de commémoration : Auschwitz, Tchernobyl, le Rwanda, le Cambodge… nous interrogent en profondeur sur notre place dans l’histoire, l’actualité. Nous n’aurions pas eu l’idée d’écrire sur un mur : « J'étais là » mais nous fûmes dans certains de ces lieux.
Désormais une image réside dans nos têtes : Aylan, dont le père retourné à Kobané enterrer sa famille disait :
« Il est impossible de s’imaginer comment les gens vivent ici. »

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