dimanche 6 décembre 2015

Sfumato. Rachid Ouramdane.

Sept danseurs, évoquent les dérèglements climatiques et en particulier la montée des eaux.
La COP 21 est au Bourget.
On pourrait craindre une esthétisation des malheurs du monde mais bien que les éclaboussures soient très belles, l’implication du contorsionniste, du danseur de claquettes, des artistes, lève tout soupçon.
La séquence où une danseuse telle une hélice sans fin, à la manière des derviches tourneurs, nous étourdit dans les fumées où sous l’averse constitue un des sommets du spectacle d’une heure et quart.
Une chanson vient casser le rythme et fait apparaitre les tableaux dans leur juxtaposition au détriment de la cohérence bien que les alternances tension/méditation soient bien dosées.
Le piano massif sous les trombes d’eau m’a semblé représenter la musique inaltérable.   
Les commentaires ou les projections vidéo sont embrouillées pour ne pas paraitre trop explicites, comme si la chorégraphie ne suffisait pas.
La vue devait être meilleure depuis le balcon quand un visage en  gros plan d’un vieux chinois est projeté et  pour les reflets dans l’eau  des danseurs qui pourtant se présentent souvent dos au public.
L’amusement avec le mot « fumeux » peut venir sur la langue car le projet se réclamant de Léonard de Vinci et sa technique «  sans ligne ni contours, à la façon de la fumée » manque effectivement de ligne, même si les contours flous ont du charme.

2 commentaires:

  1. J'aimerais comprendre ce qu'on a contre "l'esthétisation" des malheurs du monde ?
    Pourquoi on en a contre ça ?
    N'est-ce pas le vieux... catharsis d'Aristote qui est visé, là ?
    Pourquoi.. "on" se sent.. SI SAINT avec nos exigences de "rien que la réalité ras les pâquerettes pour nous tenir au chaud la nuit.. SEULS, bien entendu, seuls ?
    C'est pour nous sentir.. vertueux ? Vertueux dans notre malheur mélancolique ?
    Toutes ces années que les grands intellectuels de l'Eglise ont traqué l'orgueil sous ses formes les plus subtiles et perfides, et nous ?
    Nous dégoulinons d'orgueil, et nous en sentons même.. vertueux de notre orgueil.
    C'est consternant.
    En retour, je t'offre l'image de Noé au plafond de la chapelle Sixtine. L'épisode de.. la montée des eaux. Je l'ai vu de près cet été dans une expo de photos à Montréal. Dans ce tableau que tu peux chercher sur Internet, sans aucun doute, on voit des visages désespérés, des personnes qui ne soupçonnent pas qu'elles n'en sortiront pas, mais.. c'est très beau... et ces images montrent une certaine noblesse et grandeur de l'Homme dans l'épreuve. Une belle antidote à notre très grande mesquinerie en ce moment.
    Désolée pour le coup de gueule... j'essaierai de faire mieux la prochaine fois.
    Bises.

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    1. Bien dit. Mais j’avais en tête la profusion d’images autour du corps du petit Aylan et les tendances dans l’art contemporain d’exposer des thèmes spectaculaires masquant parfois un vide artistique. Je ne souhaite surtout pas un art coupé de l’actualité mais il m’arrive de voir de l’indécence à des propositions tapant à l’émotion. J’ai vu beaucoup de mérites à un Tartuffe retravaillé vu récemment, continuant d’interpeler sur notre époque intimement, intensément.

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