dimanche 22 mai 2016

Cannes cinéphile 2016.

Il y a autant de festivals que de festivaliers.
Voici au bout de 30 films, mes  impressions, comme chaque année,
Alors que dans les files d’attente, nous parvenait l’écho de scènes d’inceste et de cannibalisme, avec l’amie qui me fait le cadeau de m’accueillir à cette période, nous nous étonnions de la tonalité humoristique de cette cuvée, genre que nous recherchions parfois en vain, quand apocalypse et drames étaient régulièrement au menu. 
Ainsi sont plaisamment présentés :
« Last cab to Darwin » traitant pourtant d’une mort annoncée,
« Victoria », de nos vies affolées,
« The dressmaker (La couturière) », de vengeance avec  bien plus d’inventivité qu’un Tarentino.  
Et  encore nous n’avions pas vu « Le voyage au Groenland », « voyage au bout de l’inuit », où se rencontrent comédiens intermittents parisiens et autochtones, ni « L’effet aquatique » dans le sillage d’une maitresse nageuse, de Montreuil en Finlande.
Notre plaisir cette année n’a pas tenu à la révélation d’une œuvre transcendante, mais en la découverte de nouveaux réalisateurs dont nous n’avons pas encore mémorisé les noms.
Nous n’oublierons pas - tout au moins immédiatement - leurs films aux approches délicates qui laissent de l’espace pour les interprétations :
« L’économie du couple », équitable, ou le puissant « Voir du pays » avec des soldats de retour d’Afghanistan, « Tour de France », réjouissant et consensuel, « Mercenaires » qui va bien au-delà d’une plongée au pays du rugby.
La fiction prend souvent des allures de documentaire et nous révèle avec encore plus d’efficacité la réalité, même si les témoignages dans « Hissène Habré, une tragédie Tchadienne » nous replongent dans les perpétuelles cruautés humaines avec une association qui œuvre pour que tant d’horreurs ne se reproduisent pas, comme on disait déjà en 18, en 45, après L 627…
« Another country » au sujet des aborigènes, ne va pas très loin, alors que « Comme des lions » en terre prolétaire du côté d’Aulnay, nous emmène en des lieux, loin des projecteurs habituels, avec des ouvriers, des syndicalistes dignes, de belles personnalités .
Mon préféré, parce qu’un peu relégué au second rang par les commentateurs, le chaleureux et dérangeant « Willy 1er », nous fait pénétrer dans la France dite périphérique, en élevant un récit intime à l’universalité par une compréhension venant à bout de la violence.
« Chouf », film policier bien construit, nous instruit sur la vie des quartiers Nord de Marseille, moins humides que ceux de Manille dans « Ma Rosa » mais tout aussi structurés par l’économie de la drogue.
Si nous ne pouvons nous empêcher d’être catégoriques à l’instar des critiques que nous critiquons, nos jugements peuvent évoluer parfois.
J’ai découvert les richesses du roumain « Bacalauréat » après discussion et pris des distances avec quelques souvenirs aux fragrances de patchouli  qui me masquaient la poésie de pacotille de Jodorowsky, tellement imbu de lui-même dans « Poésia sin fin ».
Nous aimons saisir l’occasion de connaitre quelques films des antipodes, rarement distribués par ici :
le sympathique « Alex and Eve » parle d’une rencontre entre une libanaise et un grec à Sydney,
« Looking for Grace » est remarquablement monté,
et « Force of destiny » au titre pourtant un peu ronflant, relate avec élégance, une tragédie.
Les films israéliens nous deviennent familiers :
« Une semaine et un jour » évoque les attitudes contrastées d’un couple pour survivre à un deuil et « Derrière les montagnes et les collines » montre, comme le film libanais « Tramontane », la folie des habitants de ces pays, sous des musiques séduisantes.
Le beau « Ixcanul », décrit au Guatemala, la quête d’un ailleurs, aussi universel que le film d’animation franco-suisse « Ma vie de courgette » qui met en scène l’enfance, sans mièvrerie ni stéréotype : des adultes réparent ce que d’autres adultes ont déchiré.
Dans deux films sur trois, au moins une scène se déroule dans un hôpital.
Chiens, petits chats, cochons, serpents et singes jouent souvent un rôle, et les mères sont toujours aussi courageuses.
Parmi les réalisateurs que je connaissais, Marco Bellochio tient son rang dans le classique « Fai bei sogni», par contre la déception vient des Dardenne dont « La fille inconnue » peut le rester.
Et je ne courrai sans doute pas vers de nouvelles créations de celui qui a réalisé « Tombé du ciel » dont l’humour ne m’a pas fait sourire du tout, ni vers le mystique soufi « Mimosas », un peu suffisant offrant pourtant un moment d’apaisement dans notre frénésie filmique qui risque de se prolonger après le « Voyage à travers le cinéma français » de Tavernier.
Ce premier aperçu de 3 heures annonce d’autres épisodes appétissants. Il rend hommage aussi bien à Eddie Constantine qu’à Godard, Gabin et Truffaut, une façon d’apaiser mes remords d’avoir été si intolérant du temps « vague » de ma jeunesse.

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