samedi 8 octobre 2016

Heureux les heureux. Yasmina Reza.

Les conditions de lecture jouent bien sûr dans l’appréciation que l’on peut porter sur un livre.
Les chapitres très courts ont parfaitement convenu à une attention qui ne pouvait alors durer.
L’acuité du regard, la précision de l’écriture de l’auteur que je connaissais un peu par son théâtre décapant, ont supporté de fréquentes interruptions.
Mais lorsque les fils tendus depuis chacune des nouvelles se sont tissés, mes souvenirs étaient trop lointains pour que je goûte toutes les subtilités du roman choral.
La teneur de chaque chapitre m’avait déjà contenté par une lucidité, et une originalité  peignant  vivement des personnages déjà aperçus en vrai.
Le titre dit bien sûr le contraire des destins croisés en 176 pages, qui sont ceux des solitudes avec ce qu’il faut d’humour et de subtilité pour survivre et la folie à la férocité qui rôdent.
La comédie humaine s’écrit à la première personne et de la couleur se met sur l’absurde.
Nous sommes perdus, mais les bons écrivains savent jouer de la distance et nous rassurent : on sourit et on va marcher.
« On quitte les gens sur des plaisanteries idiotes, on rit sur le palier, dans l’ascenseur, le froid s’installe aussitôt. Il faudrait un jour étudier ce silence spécifique à la voiture, quand vous rentrez après avoir affiché votre bien-être pour la galerie, mélange d’embrigadement et de mensonge à soi-même. »
Du nerveux qui réveille.
 « Les émotions sont assassines. Je voudrais que la vie avance et que tout soit effacé au fur et à mesure »

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