mercredi 2 novembre 2016

On revient de loin. Pierre Carles Nina Faure.

Interrompant cette semaine le récit de notre voyage en Equateur, j’ajoute quelques commentaires autour d’un film consacré au président équatorien Rafael Corréa, le septième en dix ans.
Je craignais que l’impitoyable documentariste qui en était arrivé jusqu’à piéger Schneiderman, le roi des donneurs de leçons médiatiques, ne soit trop dans la critique systématique.
Hé bien pas du tout ! Il s’agit plutôt d’un exercice d’admiration d’autant plus remarquable que le réalisateur est pugnace en général. Un des spectateurs à l’issue de la projection lui faisait d'ailleurs remarquer sa déférence à l’égard de Corréa, lui rappelant celle de Joffrin envers Chirac qu’il avait pointée dans un de ses films précédents , dénonçant les « nouveaux chiens de garde », pour employer les termes du Monde diplo
« Depuis l’arrivée de Correa, les inégalités entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres ont baissé. Des routes ont été construites et réparées. L’État est relativement présent sur l’ensemble du territoire. Il y a des hôpitaux, des dispensaires, des écoles gratuites. »
On voit les ajustements d’une équipe au pouvoir lorsqu’au moment de la venue du pape François, est reportée la proposition de loi devant taxer fortement les successions des plus riches.
En faisant reconnaître une part illégitime de la dette de son pays, le président ne se représentant pas en 2017, avait habillement et courageusement joué pour racheter cette dette aux chinois. Ceux ci avaient apporté des liquidités au moment où l’Equateur ne pouvait plus emprunter.
Avec la chute des prix du pétrole, dont ils ont été très dépendants , les progrès remarquables opérés à rebours des règles prônant l’austérité, ont ralenti, et une politique « extractiviste » ouvrant de nouvelles mines a été relancée. De nouveaux barrages hydroélectriques permettront une indépendance énergétique presque totale.
Des points de vue différents sont présentés avec des entretiens de jeunes ministres rafraîchissants, d’opposants de gauche et de droite et nous partageons les discussions entre les deux réalisateurs. Alors que les femmes au foyer pourront  bénéficier d’une retraite, et que l’égalité homme /femme en matière de salaire est assurée, la légalisation de l’avortement se fait toujours attendre, y compris pour les victimes de viol.
D’avoir été trop bien élu a peut être rendu ce parfait francophone étudiant en Belgique pas assez attentif aux mouvements sociaux qui  par ailleurs ne se sont pas mobilisés au moment où les mesures concernant les successions n’ont pu passer.
Il est réconfortant de voir qu’une volonté politique peut modifier le cours des affaires, d’autant plus quand cela est mis en valeur depuis un bord qui souvent nie et dénigre.
Ni Hollande, ni Maduro :
«  Cette régulation du capitalisme n’a pratiquement pas d’équivalent aujourd’hui dans le monde »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire