jeudi 22 juin 2017

Rothko et le colorfield. Hélène Norloff.

La conférencière devant les amis du musée rappelle la naissance de l’école de New York, après la seconde guerre mondiale, avec ses expressionnistes abstraits  faisant pièce à l’école de Paris des cubistes et autres surréalistes.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/03/lecole-de-new-york-pollock-et-laction.html
La production culturelle du nouveau monde est un relais de la puissance américaine et propage les valeurs de liberté, d’affirmation de soi, d’expérimentations.
En ouvrant sa galerie « Art of this Century », Peggy Guggenheim pouvait porter à une oreille une boucle de Tanguy et à l’autre une de Calder.
La galeriste est une actrice majeure d’un mouvement qui se professionnalise, organisant son propre discours critique.
« Nous nous libérons des obstacles que sont la mémoire, la nostalgie , la légende , le mythe, qui ont été les dispositifs de la peinture européenne occidentale. » 
 Barnett Newman se distinguant de la gestuelle de l’« action painting », la « Colorfield painting », « peinture en champs de couleur », se consacre à la couleur pour la couleur. La scène artistique se positionne  autour de Pollock et sa subjectivité, sa rapidité, son engagement physique,  un « existentialiste », 
visé par Rothko 
 et  Gottlieb, dans le New York Times :
«… on dit que ce que l’on peint n’importe pas, pourvu que cela soit bien peint. Ceci est l’essence de l’académisme. 
Nous sommes partisans d’une expression simple de la pensée complexe.
Nous sommes pour les formes plates parce qu’elles détruisent l’illusion et révèlent la vérité. 
Nous affirmons que le sujet est crucial et que le seul contenu juste est celui qui est tragique et intemporel. C’est pourquoi nous déclarons une parenté spirituelle avec l’art archaïque. »
Sans référence aux images contingentes, la couleur occupe tout le tableau à l’exclusion d’autres signes plastiques.
Cette abstraction suggère le sublime, l’infini, une recherche de la transcendance.
Clyfford Still (1904-1980) ne donne pas de titre à ses œuvres aux harmonies sourdes, traversées d’éclairs colorés où les couleurs entrent en tension :
« Cela ne m'intéresse pas d'illustrer mon époque. L'époque d'un homme le limite, cela ne le libère pas vraiment. Notre époque est celle de la science, du mécanisme, de la puissance et de la mort. Je ne vois aucune vertu à ajouter à cette arrogance de mastodonte le compliment d'un hommage graphique ». 
 Mark Rothko (1903-1970), puisera dans sa culture d’origine juive et russe, sa force et son exigence.
Il admire Matisse dont « L’atelier rouge » voit la couleur qui ne se rattache à aucune signalétique, dévorer tous les repères de la perspective.
Si ses tableaux sont difficiles à comprendre, à interpréter, leurs formats gigantesques, leurs lumières, peuvent nous entraîner vers des vertiges physiques, métaphysiques. La puissance expressive de la couleur vient à la rencontre du spectateur, libérée de l’attirail des formes. Sous la superposition des glacis, la brume peut se lever à la recherche d’une autre couleur.
« Le silence est tellement juste ».
Barnett Newman( 1905-1970) « Qui a peur du rouge, du jaune et du bleu ?»  
Ses « zips » qui  à la fois divisent ses toiles et l’unifient révèlent la puissance de la couleur.
« Pouvoir traduire l’expression primordiale de l’homme, le cri de terreur et de colère devant sa condition tragique. Son éveil à la conscience et sa propre impuissance face au vide. »
« 14 Stations de la Croix » ou «Père, pourquoi m'as-tu abandonné» a pris six ans pour être réalisé.
« On dit que j'ai mené la peinture abstraite vers ses limites, alors qu'il est évident pour moi que je n'ai fait qu'un nouveau commencement ».

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