samedi 7 octobre 2017

Blonde. Joyce Carol Oates.

Un très grand livre dense (997 pages) qui permet d’avoir le sentiment d’aborder un chef d’oeuvre se rapprochant pour moi du « Madame Bovary » de Flaubert pour le récit d’un destin tragique sous une écriture rigoureuse et bouleversante.
« Quand j’étais orpheline, au foyer d’El Centro Avenue, j’ai essayé d’être adoptée. J’ai essayé d’être bonne en sport au lycée. J’ai essayé d’être une bonne épouse pour mon premier mari qui m’a quittée à l’âge de dix-sept ans. J’ai essayé si fort d’être une bonne actrice, et pas juste une blonde de plus. Oh ! Vous savez que j’ai essayé, n’est ce pas ? Marilyn était une pin-up , vous vous r…rappelez, j’étais une pin-up de calendrier, à dix-neuf ans, on m’a payée cinquante dollars pour « Miss golden Dreams » et ça a failli briser ma carrière, il parait que c’est la photo de calendrier la plus vendue dans l’histoire… »
La surprise de se passionner pour l’histoire déjà écrite de Marilyn Monroe à ne pas confondre avec Norma Jane Baker, son vrai nom, ajoute de la valeur à l’entreprise, facilitée par une ouverture époustouflante, derrière un vélo de livreur conduit par la mort :
«  La mort en train de rire. Va te faire foutre mec ! Et toi donc ; c’était Bugs Bunny dépassant les rutilantes carrosseries d’onéreuses automobiles sorties tout droit de chez le concessionnaire »
Woody Allen rêvait d'être le collant d'Ursula Andress; être dans la tête de Marilyn, à fleur de peau, de cœur, n’est pas de tout repos. S’entourer de livres comme elle et ne pas tout saisir.
Derrière la superficialité, la profondeur, le cynisme côtoie la compassion, la sincérité et le jeu, champagne et vomi, rêve et misère, folie et lucidité, ambition et simplicité …
Un conte universel : «  ton corps  est un fruit appétissant fait pour que d’autres y mordent et le savourent […] Il y a une porte dérobée dans le mur mais tu dois attendre comme une gentille petite fille que cette porte s’ouvre. »
L’enfance et ses mystères, ses fulgurances et les illusions jusqu’à la fin qui autorisent les franchissements de frontière entre biographie et licence poétique habillement conduits :
« Notre instinct nous pousse à rembobiner le film et à repasser la séquence, dans l’espoir que cette fois ce sera différent et que nous entendrons plus clairement les paroles bafouillées par l’Actrice blonde… Mais non, jamais nous n’entendrons. »
Non je ne renonce pas au mot : « une bombe ! »

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