mercredi 13 décembre 2017

Venise en une semaine # 13

C’est en flânant que nous nous dirigeons vers la deuxième visite de notre programme la Ca Rezzonico
Au hasard nous pénétrons par un grand hall à pilier de pierre dans l’Ospedale San Giovanni e Paolo, mais c’est un hôpital, pas un musée. 
Nous tombons également sur le muséo della musica hébergé dans la Chiesa di San Maurizio : « Antonio Vivaldi e il suo tempo ». 
Violons, violoncelles ou viole de gambe, contrebasse et double basse, hautbois et toutes jeunes clarinettes, mandolines, guitares, luth, cithare, épinette et clavecin, vielle à roue,
tous les instruments sont répartis soit sous vitrines soit comme les deux contrebasses près de l’épinette exposées en majesté dans le chœur,
dans une ambiance musicale : «  la leçon de piano » de Michael Nyman.
Dans les ruelles étroites en direction du pont de l’Académie, nous faisons du lèche-vitrines et attirés par des galeries d’art contemporain nous franchissons le seuil de deux magasins presque face à face. Dans le premier des grands fauteuils de velours colorés prennent des formes inhabituelles et carnavalesques, très adaptées à l’imagerie, l’imaginaire, de Venise.
Dans le second, des bustes de baigneuses reposant leur tête sur des ballons répondent au style hyper réaliste : de légères gouttes d’eau perlent encore sur leur peau.
Des lumières judicieusement placées projettent l’ombre de silhouettes grillagées sur les murs. Moins intéressant nous trouvons le détournement de poupées Barbie.
Nous pressons le pas car l’heure tourne et la Ca Rezzonico ferme à 18h. Là encore nous passons de la fréquentation intense des spots touristiques au calme des musées.
La Ca est l’une des Ca les plus riches du Canale Grande. Des escaliers démesurés nous mènent à la grande salle de bal remarquable pour les deux lourds lustres aux motifs floraux et ses porte- plateaux en forme d’esclaves maures en ébène et autre bois.
Le guide du Routard ainsi que les plaquettes en français à disposition dans chaque salle nous permettent d’apprécier les détails et de mieux comprendre les peintures allégoriques des peintres comme Tiepolo. Nous traversons dans l’ordre : la salle de l’allégorie nuptiale, la salle des pastels, celle des tapisseries, le portego (corridor) la salles des lazzarini.
« Le portego était assez peu meublé mais il était décoré avec des armes, des trophées et les portraits de famille. On y organisait aussi souvent des réceptions à l'occasion des mariages ou lors des grandes fêtes ».
Pratiquement dans chaque salle du palais une couleur de tapisserie murale en tissu est assortie aux fauteuils et banquettes voire radassières. 
Certains objets, meubles ou plafonds proviennent d’autres palais correspondant au luxe de mise à la Ca Rezzonico.
Au deuxième étage, nous pouvons contempler deux toiles de Canaletto, peintre emblématique de la ville et peu présent semble-t-il dans les musées de Venise.
Est-ce sur l’un de ses tableaux où un vieil homme urine conte un mur et une femme secoue la poussière de son balai de paille ou sur ceux de Guardi ? 
En tous cas le parloir des nonnes qui décrit une réalité surprenante est bien de Guardi : seule une grille de séparation évoque l’isolement des religieuses, les personnages badinant devant un théâtre de marionnettes,  semblent éloignés des préoccupations transcendantales.
Plus loin les fresques de la villa Zianigo ont été exécutées par le fils de Tiepolo dans le tons clairs et pastels et dans « il mode nova », la prise de vue paraît tout à fait moderne pour l’époque, les personnages qui s’ébahissent devant la lanterne magique apparaissent de dos, cachant l’objet de leur curiosité.
On peut aussi se projeter dans la vie de nobles du XVIII° devant la chambre en alcôve et le berceau assorti, le « dressing » à l’arrière dont rêveraient bien des coquettes d’aujourd’hui pour ranger leurs atours.
La pinacothèque occupe le troisième étage nous le parcourons au pas de course.  Déjà rassasié de beautés et surtout parce que l’heure de fermeture approche. Nous avons eu juste le temps d’apercevoir la pharmacie reconstituée en bois avec ses cornues et ses pots en faïence mais difficile de voir derrière les vitrines en cul de bouteilles, sans éclairage.
Nous redescendons les trois étages qui en valent six d’aujourd’hui et nous nous arrêtons sur le Campo San Barnaba, décor d’ « Indiana Jones et la dernière croisade » où bienencontreusement siège une gelateria. 
Nous dégustons une glace assis face à l’église en regardant passer les touristes dans toute la variété des genres humains : ceux qui s’engueulent pour un problème d’orientation, ceux qui badalussent, ceux qui traversent d’un bon pas, les amoureux, les vieux, les jeunes.
Nous replongeons dans le bain de foule, la lumière est belle, le pas traînant.
Nous nous autorisons l’entrée de la Galerie d’Arte Contini près de la place San Marco, parmi les magasins aux marques prestigieuses. Nous sommes bien accueillis pour découvrir l’artiste Manolo Valdès à travers ses œuvres : Ménines de tailles et de matières différentes, chevaux de bois et cavaliers en bois de récupération déclinés en plusieurs dimensions et d’autres pièces avec têtes et cheveux en métal, la plus impressionnante est peinte en blanc. Combien de fois à Venise avons nous poussé une porte et été surpris, agréablement ?
Nous achetons du café sur le chemin du retour chez « Nino’s friend » puis passons le déposer rue des Miracles où nous logeons. Nous ne cherchons pas de nouveau restau pour ce dernier soir bien que ce soit un peu difficile de trouver une place en terrasse à la « Trattoria Antico Gatoleta ». Nous commandons bacala e polenta, ou spaghetti à la seiche noire, limoncello et relimoncello du patron qui facilitent la conversation avec nos voisins hollandais. 
Le lendemain partis à 11h 39 de la gare de Venise nous sommes  à Grenoble à 20h 27, après avoir été remis dans le bon chemin avant notre départ en train par une religieuse compatissante  et avoir franchi à pied sept ponts, réconfortés par un ultime café italien appelé « sublime ».

Pour la route, un rappel de vocabulaire spécifique à Venise :
Palina : poteau pour l’amarrage des gondoles.
Bricola : groupe de poteaux qui délimitent les canaux navigables.



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