jeudi 19 avril 2018

Paul III, le dernier pape humaniste de la renaissance. Serge Legat.


L’évocation d’Alessandro Farnese (portrait de Raphaël) élu pape en 1534 sous le nom de Paul III clôt devant les amis du musée de Grenoble, le cycle de conférences consacrées aux « fastes et splendeurs de Rome sous les papes de la Renaissance ».
Né à Rome en 1458, il est issu d’une grande famille italienne aux armoiries ornées d’iris - à ne pas confondre avec les lys royaux français - alors que du côté maternel un pape avait déjà été donné à la chrétienté, Boniface VIII.
Il reçoit une solide éducation grecque, latine, italienne, à Rome et à Florence où il se lie avec les Médicis et le futur pape Léon X. Dès ses 25 ans, nommé par Alexandre VI, il revêt la pourpre cardinalice pour 40 ans.  
Il fut surnommé, « il cardinale della Gonnella (jupon)» pour cette consécration précoce due aux charmes de sa sœur, La dame à la licorne, maîtresse du pape régnant de la famille Borgia.
Il a attendu son heure pour être plébiscité par le Saint Collège, parvenant à s’allier avec les familles hostiles entre elles. Sa générosité permise par des revenus opulents lui vaut le respect des artistes et du peuple romain qui va fêter un des siens accédant au pouvoir.
Avec sa maîtresse Sylvia Ruffini, il eut quatre enfants, qu’il n’était même pas utile de désigner comme « neveux », imposant son aîné dans un duché créé à son intention à Parme et Plaisance où celui-ci sera assassiné. Paul III pose avec ses petits fils pour Titien.
Dans un autre portrait, le vénitien avait bien saisi l’acuité du regard de l’individu qui n’avait pas disparu derrière sa fonction.
Face aux protestants, la compagnie de Jésus (Jésuites) fondée par Saint Ignace de Loyola, approuvée et soutenue par Paul III, constituera un efficace bras armé.
Le concile, convoqué dès le début du pontificat en 1536 à Mantoue, puis à Vicence commencera en 1545 à Trente et se terminera près de 20 ans après ; il dictera ses recommandations pour quatre siècles. Sebastiano Ricci en donne une vision étrange.
Des médailles satiriques distribuées en Allemagne témoignent de la vigueur des affrontements entre réforme et contre réforme : le pape est le diable et un cardinal un bouffon.
C’est Pie IV qui clôturera les débats en 1563 confirmant la doctrine du péché originel, les sept sacrements, le culte des saints et de la vierge et l’importance des reliques. Paolo Farinati, La clôture du Concile de Trente.
Le tombeau de Paul III , mort en 1549 à 81 ans, comporte les statues de La prudence qui a les traits de sa mère et de La justice ceux de sa belle et scandaleuse sœur.
Il est à la place d’honneur dans la basilique dont il avait supervisé La construction.
Il avait inauguré Le jugement dernier de Michel Ange qui occupe sur 13 m X 16 m, le mur d’autel de la chapelle sixtine.
Les quatre cents personnages y figurant nus, ont scandalisé la Curie. Si Daniele da Voltera, « il braghettone » ( porteur de culotte), a dû apposer des repentirs de pudeur, l’œuvre a été conservée grâce à ce pape humaniste auquel succèdera l’inflexible Paul IV.
Il  a collectionné lui aussi des « antiques », cet Hercule est au musée archéologique de Naples alors que de nombreux tableaux de la collection Farnèse sont exposés au Musée de Capo di Monte toujours à Naples.
Le palais Farnèse dont le chantier a duré 75 ans, deviendra ambassade de France.
Le bureau de l’ambassadeur est installé dans la vaste « salle des fastes farnésiens », célébrant condottieres et pape.
Il a fait aménager la chapelle Paolina  Michel Ange a peint ses ultimes fresques de Saint Pierre
et Saint Paul, anciennement Saul persécuteur de chrétiens, dont la restauration révèle des couleurs maniéristes où le rouge hésite entre rose et violet.
La Villa Farnèse de Caprarola à côté de Viterbe dans le Latium a des allures de palais, vu de l’extérieur par  Caspar van Wittel  dont Canaletto s’est inspiré
ou de l’intérieur par Hubert Robert qui a peint L’escalier monumental.
Le cardinal paradoxal aimant le luxe, la chasse, les divertissements, d’un népotisme éhonté, fut un pape de conviction qui redonna vigueur à l’église catholique. Il avait condamné l’esclavage des indiens bien avant la controverse de Valladolid.
« Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » Saint Paul : Épître aux Romains

6 commentaires:

  1. C'est lui, en bas, en cardinal, ou un autre ?
    Je connais le tableau, il me semble, il est de Raphaël ?
    Merci des éclaircissements, Guy.
    Un grand homme. Très complet...bon pape, bon père ?, bon amant, bon compagnon ?.... à défaut de bon mari. On ne peut pas tout avoir, quand même, sinon ce ne serait pas la Terre, ce serait le Paradis.

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  2. Oui Raphaël et c'est lui au premier plan entre son portrait en fringant jeune homme et le vieillard aux belles mains et au regard puissant.

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  3. Merci pour ta réponse. Je ne savais pas que ce portrait était TOUT LUI, même si j'avais des interrogations pour les deux hommes en fond.

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  4. Tu m'as mis le doute et tu avais raison : J'avais aimé ce portrait qui illustrait la conférence des amis du musée mais en revenant sur Wikipédia, ce n'est pas qu'il avait tant changé mais il s'agit d'un autre: du pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medici et Luigi de Rossi (gauche), Peinture de Raphael. Merci de ta vigilance.Dans ma réponse précédente je ne parlais pas des personnages qui figurent derrière Léon mais de deux autres portraits de Paul III dans sa jeunesse qui figure en tête d'article et dans sa vieillesse aux belles mains et au regard vif.

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  5. C'est lui qui a accepté ou ordonné le sac de Tunis en 1535?

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    1. En regardant sur Wikipédia, forcément, je vois que Charles Quint a chassé Barberousse et je ne sais le degré de l'implication du pape qui devait avoir des intérêts dans l'affaire.

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