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mercredi 10 avril 2024

Nougaro. Michèle Burkey Quartet.

Lors d'un concert chez des voisins mettant la poésie en bout de promenade, il fait bon retrouver rythmes et paroles du « mosicien » disparu il y a vingt ans.
Alors reviennent en mémoire, des éclairs réconciliés : 
« Quand le jazz dit "go, men"
La java dit " go, hommes" »
 
des facéties généreuses : 
« Armstrong, un jour, tôt ou tard,
On n'est que des os...
Est ce que les tiens seront noirs ?
Ce serait rigolo »
 
Sur des musiques joyeuses, les lendemains chantaient : 
« Bientôt, bientôt,
Les oiseaux, les jardins, les cascades.
Bientôt, bientôt,
Le soleil dansera, camarade. »
 
Le rêve était à portée de mains : 
« Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra
Bardot peut partir en vacances
Ma vedette c'est toujours toi »
 
Que deviennent  les espérances fraternelles et  les émotions amoureuses 
dans un monde qui court à sa perte ?
« À la place où il y avait
Une ville qui battait
Comme un cœur prodigieux
Une fille dont les yeux
Etaient pleins du soleil de mai »
 
Pourtant la ville rose émerveille toujours : 
« L'église Saint Sernin illumine le soir
D'une fleur de corail que le soleil arrose »
 
Les piliers du jazz ont inspiré ses musiques (Shorter, Ardeley, Brubeck, …),
les Brésiliens les plus grands (Baden Powell, Buarque, Gil…) et Simone pour l’Afrique.
De retour de New York, il s’était refait une santé qui nous galvanise encore : 
« Dès l'aérogare
J'ai senti le choc
Un souffle barbare
Un remous hard rock »
 
Renaud n’est plus très frais, mais Souchon repart en tournée à 80 ans.
Les amoureux des mots parfaitement articulés et des notes en fête, sont reconnaissants envers les artistes, qui avec passion, nous font réviser les anciens, en circuit court. 

mercredi 13 mars 2024

Ode. Stephan Eicher.

Ma fidélité à Eicher n’est pas déroutée par les recherches qu’il continue à nous faire partager
sous une forme qui respecte à la lettre la définition d’ode : 
« Poème lyrique destiné à être accompagné de musique »
Les textes de Djian ne disparaissent pas sous les rythmes entrainants, ils gagnent en punch. 
Et il en faut pour sortir du confinement : 
« Sans contact 
Enfermés dans nos sacs
 A moitié fous 
Nous manquions de tout »
 Heureusement la musique est là, dans «  Le plus léger au monde » : 
«  Ils chantent : « nevermind the darkness 
Baby, you will be save by the rock’n’roll » 
que même avec mon anglais, je comprends 
mais pour « Lieblingsläbe » une traduction n’aurait pas été du luxe.
« Ne me dites pas non pt2 » 
« Pour baiser votre cou 
J’ai écrit des chansons » 
Mais du coup, il se défend, dans un autre morceau : 
« C’est pas moi qui serre »« Autour de ton cou ». 
« Doux dos » a beau bien sonner tel « dadoux ronron » : 
« Ne me dis pas qu’on avance 
Quand tout s’effondre autour de nous » 
«  A nos cœurs solitaires » ne se fait pas d’illusions,et même la sincérité semble vaine :  
«  Je te mentirai disant ». 
La « Rêverie » de l’autre est inaccessible : 
«Tes yeux sont ouverts 
Ta bouche est fermée » 
La poésie offre une « Eclaircie »: 
«  Je peux voir les nuages 
Qui filent vers l’horizon 
Cinglant au passage 
Les murs de nos prisons 
Leurs cavaleries sont fortes
 Elles prennent leurs positions »
 Dans le désarroi : « Où sont les clefs ? » 
« Acceptons l’histoire 
Qui nous réunit  
Si c’est quelque part 
ça sera ici » 
même si : 
« Sens-tu venir « L’orage » 
Les nuées dans le ciel » … 
« Regarde ce paysage
 Sa beauté sa laideur » 
Je vois le monde comme ça.

mercredi 21 février 2024

Youn Sun Nah.

Je ne savais rien de cette chanteuse coréenne, chevalier des arts et lettres de la République Française, vedette du jazz vocal, qui remplit les salles dans le monde entier. Suivie par un public fervent, j’ai compris cet engouement pour une expression vocale d’une souplesse extraordinaire.
La  fausse blonde semblant ingénue remercie le public de sa petite voix entre une reprise de Tom Waits dans le rauque et les graves et un envol dans les aigus les plus pointus.
Elle sort d’une boite à musique un accompagnement délicat et la salle reprend avec délicatesse  « Killing me softly with his song » « Me tuant doucement avec sa chanson ». 
J’ai souffert une fois encore de ma méconnaissance de l’anglais et regretté qu’il n’y ait pas de traduction, mais finalement j’ai fait davantage attention aux inflexions du chant et compris que la voix est partie prenante de l’orchestre.
Elle valorise sans démagogie son pianiste, son guitariste, son contrebassiste qui ont l’occasion plus d’une fois de faire valoir leur talent personnel.
Le frenchie est transpercé quand au rappel, elle interprète « La » chanson de Ferré sans accent, sans surjouer, avec justesse : 
« Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
Même les plus chouettes souv'nirs ça t'a une de ces gueules
A la Galerie j'farfouille dans les rayons d' la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va tout' seule. »

mercredi 14 février 2024

Autour d’Higelin.

A partir du livre de Valérie Lehoux  titré « Je vis pas ma vie, je la rêve », « L’envol du trio sexagénaire » rend un hommage, forcément vibrant, à l’auteur de « Tombé du ciel à travers les nuages » disparu en 2018 à 78 ans.
Dans l’esprit de GB Swing respectueux et original  avec Georges Brassens 
Didier Quillard a adapté à la guitare les musiques rock, venues du jazz  du « baladin fantasque » et dans une salle intime, interprète sans plagiat avec conviction et énergie, les morceaux de bravoure que le modèle des trois artistes incarnait pendant des heures pour des foules  immenses.  
En plus de son éclectisme musical, l’animateur de chanteries révèle ses talents de comédien dans son duo avec Rémi Goube le narrateur dans une version de «  C’est Normal » , créée par Areski et Fontaine, traité de façon comique, de peur de désespérer : 
« Donc on est en train de tomber
Or, tout corps tombe à une vitesse définie
Et en arrivant au sol
Il subit une décélération violente
Qui amène la rupture de ses différents composants »
Michel Marchand le percussionniste joue « Alertez les bébés » 
« Les gens épouvantés
Fuient le mal qui est en eux
Quand vous en croisez un dans le désert
Il trouve encore moyen de détourner les yeux
Car son frère lui fait peur
Il a honte de son frère
Alors il se précipite en pleurant
Dans les bras du premier Colonel Papa venu
Qui lui jure la guerre »
Nous apprenons bien des détails biographiques émouvants, mais nous sommes transportés au-delà de l’exubérance de maître Jacques, avec la puissance parfaitement restituée de sa poésie lumineuse hantée par la peur. 
En deux heures habilement organisées avec Trenet l’autre « Fou chantant » en introduction, nous croisons Henri Crolla qui lui offrit sa première guitare, ses trois femmes, et toujours une liberté que ses enfants disent lui devoir.
Je trouvais maladroite ce que je pris pour une  conclusion mais c’était pour mieux mettre en valeur «  Champagne » pour finir dans les bulles : 
« Cauchemars, fantômes et squelettes
Laissez flotter vos idées noires
Près de la mare aux oubliettes
Tenue de suaire obligatoire »

mercredi 29 novembre 2023

Définitivement. Grand corps malade. Thomas Baas.

Ma frangine, fan du slameur, m’a prêté un album destiné aux enfants pour me convaincre des talents de Fabien Marsaud, le citoyen du neuf trois.
Je reconnais sa singularité accompagnée de dessins sympathiques créant une belle ambiance de douceur,  quand même trop uniformément mélodramatique.
Tout au long des textes on peut imaginer ses scansions caractéristiques mais sa poésie reste pour moi, trop surlignée.
La première partie « Définitivement » est consacrée à son fils qui va naître :
« Tu vas bousculer ma vie, définitivement ».  
Se retrouvent des accents de Renaud qui jadis m’enchanta, avant de m’agacer:
« J’ai déjà la rage contre tes profs, quand ils donneront trop de devoirs ».
 « Tu peux déjà » titre la seconde partie consacrée à son fils ainé : 
« Tu peux déjà rire chanter et bavarder »
 Bien sûr, bien des papas retrouveront de telles émotions : 
« Et quand tu perds au Memory, tu fais la gueule
J’te laisse bouder je joue au papa insensible
Mais à ce moment là t’es encore plus irrésistible »
 
Cette proximité avec son public dans le partage des sentiments assure le succès mais n’oblige pas à la banalité:
« La deuxième fois, c'est toujours autant d'émotions ».

dimanche 1 octobre 2023

Le crabe aux pinces d’homme. Manset.

Onirique, exotique, mélancolique, nous retrouvons sous une voix à nulle autre pareille,
un univers bizarre et familier, drôle et inquiétant, rare. 
« Dans un pays de délices » : 
« Deux petits chimpanzés
Se poursuivaient dans les branches
De fruits et de rosée » 
A partir d’un jeu de mots à la ligne claire : « Le crabe aux pinces d’homme »,
nous sommes invités au pays : 
« Des montagnes au-delà de tout ce que le monde connaît »
 Dans « L’espérance » aux senteurs  de lait, d’orgeat et d’ortie : 
« Les petites filles ont mis des robes blanches »…
« Mais voilà qu’un bombe tombe ». 
Bashunguien « Pantera » : 
« Je tuerai la panthère
Pour ce qu’elle a fait de moi » 
« Marilou », si jeune, meurt dans la chaleur : 
« Alors que tout autour
Ricanaient les vautours ». 
Avec « Les sandales noires » on peut bien se demander:
« Et qui reste des heures en cherchant le pourquoi
Du mystérieux carquois
Vide
Qui mène à quoi. » 
Dans « Une histoire d’amour » les rapprochements 
entre « espadrilles » et « escadrille » m’ont semblé bien hasardeux.
Les amis, renard argenté et limaçon se succèdent dans « Laissez-nous ». 
Les images de « Mais elle est là » sont plus parlantes 
« Il ne s’était rien passé, passé
Qu’un autre qu’elle m’aurait vu passer
Comme ce tas de feuilles ramassées
Qui tourne et vole après qu’il fut laissé »
que les mots apprêtés de « La fontaine de la vérité d’amour » 
« Céladon s’en allait par les sentiers moussus
Dans le dédale abstrait du conte allégorique » 
Cessons là.

dimanche 25 décembre 2022

Jean Louis Murat. La Vence Scène.

Pour d’incorrectes raisons, je suis allé au spectacle de l’incorrect septuagénaire grognon quoique présumé chanteur : il invoque « Guillotin » pour ceux qui sont responsables des problèmes d’approvisionnement en électricité, demande aux cheminots de sortir et marmonne contre ses musiciens intermittents. 
Ce Murat si peu aimable ne revient pas aux rappels, peu insistants d’ailleurs, et dévalorise ses qualités de créateur original à la voix veloutée. 
J’ai essayé de prendre quelques notes dans l’obscurité mais je n’arrive pas à les relire, tant les mots sont emmêlés, à l’image d’une diction proche de celle susurrante de Charlélie Couture.
Je retiens quelques thèmes : la mort (à couper), Noël, les ruptures, quelques fleurs, et que « Montboudif lui dit plus trop ».
Pourtant : 
« C'en est bien fini de l′éternel retour du blues
Je te présente mon chat
La nouvelle princesse of the cool »
 
La musique prend le dessus et les paroles finissent en petits cris inarticulés, 
il chantonne, languide, et le plaisir vient quand on connaît déjà la chanson :
« Frankie », « La pharmacienne d’Yvetot ».
Alors je suis allé pêcher sur le net quelques mots d'éternel adolescent qui se calment sous des rythmes sympas.
« Mais que reste-t-il des chansons 
 Que reste-t-il d’un amour  
Ne reste-t-il qu’un prénom 
Qui ne rime plus avec toujours ? »
A propos de sa chanson « Marylin et Marianne » 
je retiens plutôt une de ses déclarations:
« Je tète le rock par Marylin et je tète l'Histoire de France par Marianne »
que les hermétiques paroles où il serait pourtant question de Samuel Paty:
« Avant j'te méprise
Avant faut qu'j'y aille
Pas souvenir d'un seul pêché​
Avant Marylin
Nu au secret de l'eau
Avant Marianne
Sans penser y laisser la peau » 
Son 24° album se nomme « La Vraie Vie de Buck John », 
« J’aimerions savoir
Où c'putain d'convoi va passer
J'aimerions ce soir
Dormir où Geronimo rêvait »

dimanche 18 septembre 2022

Multitude. Stromae.

Je me souviens de mon enthousiasme modéré alors que l’apparition de Paul Van Haver , tellement fulgurante, fut saluée de toutes parts
Dans l’océan des propositions musicales qui mesurent mon obsolescence, je me  raccroche à quelques célébrités, surtout quand Booba nous appâte avec une déclaration choquante envers l'auteur interprète belge : 
« on s’en bat les couilles de ta vie, tu nous sers à quoi… »
Le triste devient attractif, même si quelques formules de « La solassitude » sonnent le creux :
« Le célibat me fait souffrir de solitude
La vie de couple me fait souffrir de lassitude »
ou que le « caca » mesure la qualité d’une « Bonne journée » 
 ou d’une « Mauvaise journée » 
« Une bonne journée de merde » 
et marque la condition de parents : « C’est que du bonheur »
 « Tu verras c’est d’la joie
Y a les couches et les odeurs
Y a les vomis les cacas et puis tout le reste » (bis)
Il attrape bien les mots de l’heure et se défend : « Invaincu » :  
« Tu crois que tu vas m’la mettre
Même pas en rêve p’tite putain »
et rend un bel hommage aux putes dans « Fils de joie » :
« Ils te déshumanisent
C’est plus facile
Les mêmes te courtisent ». 
Il respecte ceux qui n’ont pas de « Santé »:
« Célébrons ceux qui n’célèbrent pas ».
Mais quand il demande « Riez », la musique guillerette soulignerait plutôt la profondeur d’une tristesse qui ne croit pas à son rêve :
« … d’avoir la piscine et la villa quatre façades ». 
«  Pas vraiment » commence avec :
«  Qu’est ce qu’on est beau sur la photo »
et se termine :
« Oui toi et moi on devrait s’arrêter là » 
«  Mon amour » est teinté d’humour :
« Pourquoi tu t’en vas, c’était la dernière fois  
C’était juste un coup d’un soir »
Alors que de bonne volonté, il ne manque pas dans la «  Déclaration » :
« Mais il faudrait surtout pas que madame porte la culotte
Même si la charge mentale on sait bien qui la porte »
Son histoire personnelle a touché des milliers de solitaires qui veulent en finir, 
par ses mots élémentaires : « L’enfer »
« Est-ce qu’y a que moi qui ai la télé ?
Et la chaine culpabilité ?
Mais faut bien se changer les idées
Pas trop quand même » 

dimanche 11 septembre 2022

Brûler le feu. Juliette Armanet.

Je suis allé fouiller sur les rayonnages où il y a encore des CD, à la recherche de quelqu’un de nouveau pour ne pas m’en tenir à Bénabar 
et me voilà avec l’entêtant « Dernier jour du disco », pas vraiment dernier jour du rétro, sous une boule à facettes, que pourtant bien peu je fréquentai même dans les années 80.
La nostalgie en arriverait à réhabiliter France Gall et Louis de Funès, le second degré venant dissoudre mon indifférence d’alors.
« C’est la fin
Les statues d’airain
Coulent dans leur chagrin
Ne me lâche pas la main. »
 La musique enjouée rend les tourments dansants « Qu’importe » : 
« Passent les pensées
Passent les étés
Passe tout le temps qu’il faudra tuer »
 Il est beaucoup question de feux :« Tu me play » 
«  Sur ton visage le prélude d’une allumette » 
et bien sûr «  Brûler le feu ».
Mais «  Le rouge aux joues » lui vient souvent : 
« Ma flamme se donne à genoux » 
Généreuse, « J’te l’donne »  
et directe : «  Boum boum Baby » : 
«  Give ce mec là
Point basta » 
Elle joue : « Je ne pense qu’à ça » 
et « Imagine l’amour » : 
«Toi et moi dans la tour
Les étoiles en plein jour » 
Elle a « L’épine » dans la peau : 
« Cette blessure est à toi  
Et tu la vois même pas »  
De quoi être prise par le « Vertigo » : 
« Non j’regarderai pas dans tes yeux
Je veux pas m’y voir » 
« HB2U » (Happy birthday to you) donne la clef d’un agréable moment : 
« … chanter c'est mon délire
Surtout si c'est for you ».

dimanche 3 juillet 2022

Sous un soleil énorme. Lavilliers.

Cette fois l’indifférence l’a emporté sur le plaisir de retrouvailles avec le chanteur pour lequel j’avais collé des affiches à ses débuts
Le septuagénaire d'aujourd'hui figurait comme le seul français avec Juliette Armanet parmi les 50 albums musicaux de l’année écoulée retenus par les critiques du « Monde », c’est dire le désert.
La voix de Cantona, entre autres, minimise la force de l’emblématique « Qui a Tué Davy Moore » créé par Bob Dylan et popularisé par Greame Alwrigth, à propos de la responsabilité.
Ressortent, en regard de la pertinence de ce titre, la platitude et les facilités des dernières créations du Stéphanois en « Piéton de Buenos Aires »: 
« Personne ne demande qui je suis » 
c’est que là bas « Les Porteños sont fatigués ».
Revenu de « L’ailleurs », assis à la table du diable,  
« Une musique plane  
La nuit dans la pâleur des issues de secours
Où quelques sentinelles veillent sur le retour
Des naufragés perdus
Suspendus aux nacelles. » 
Mais des rimes déjà entendues : 
« C'est presque une attitude
ça devient une habitude »pèsent « Au cœur du monde ».
S’il a emprunté à des poètes considérables, ce n’est pas chez Cendrars, prince des « Voyages » qu’il a trouvé : 
« Voyages,  il y a  ceux qu’on fait et ceux qu’on imagine ». 
Il remet sur scène « les petits marquis » déjà entrevus naguère dans « Beautiful days » comme « Ta jupe largement fendue sur ton bas noir » dans « Noir tango ». 
« Je tiens d'elle » revient à Saint Etienne, 
« La misère écrasant son mégot sur mon cœur
A laissé dans mon sang sa trace indélébile », en 75. 
« Plus brave que belle, plus frère que fière » en 2021. 
 « Toi et moi »« On se caresse, on se dévore » rappelle d’autres rengaines  
Qui reconnaitra «  stomacale et livide » « La corruption » - à dénoncer- depuis un énigmatique « banquet de Platon » ?
On lui pardonnera comme on se pardonne nos emballements de jeunesse quand énormes furent les soleils ravageurs.
 

mercredi 29 juin 2022

La montagne. Jean Ferrat.

On l’avait trop entendue, la sérénade, et puis plus du tout, alors me vient l’envie d’exhumer cette pièce qui mieux que de sociologiques considérations décrivit un basculement majeur.
On ne s’est pas vraiment remis de cette vibrante fresque dépassant la notoriété de son auteur. L’émotion lors de sa disparition avait accompagné la fin d’une époque de toile cirée et d’Opinel.
Tel était le travail avant le télé travail. Les murettes même écroulées, dissimulées sous une seyante verdure, impressionnent encore les sans-gants pour gratter une terre ingrate.
L’opposition entre un monde ancien idéalisé et une modernité factice n’est pas aussi tranchée, quand il allait quand même de soi de vouloir vivre sa vie et de profiter du cinéma.
Le Formica attire les nostalgiques, la beauté de la montagne s’éprouve sur les sentiers de randonnée et les pistes pour VTT le temps d’une RTT, le label «  vin de l’Ardèche » aguiche le client. 
« Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets, du formica et du ciné
Les vieux, ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal, d'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau et manger la tomme de chèvre
Pourtant, que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles, que l'automne vient d'arriver ?Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours, les années
Ils avaient tous l'âme bien née, noueuse comme un pied de vigne
Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré, c'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
À ne plus savoir qu'en faire, s'il ne vous tournait pas la tête
Pourtant, que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles, que l'automne vient d'arriver ?
Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non, et sans vacances, et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal que de vouloir vivre sa vie
Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son HLM, manger du poulet aux hormones
Pourtant, que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles, que l'automne vient d'arriver ? »
 40 % des hirondelles ont disparu en deux décennies. 

dimanche 16 janvier 2022

Chansons 2021.

Rappel des choix de la ronde année dernière : 
Et pour la vingt et unième de ce siècle quelques éternelles :
« Le marin » : rien qu’une chanson mais de Souchon. 
 Aragon : « Tu n’en reviendras pas » avec Ferré.
« Les cons », mot de l’année, par Brassens. 
Un, quand même de cette année : Bénabar.

dimanche 5 décembre 2021

« Les uns contre les autres ». Michel Berger Luc Plamondon

Au hasard d’une oreille trainante m’est revenu l’air entêtant d’une des chansons les plus célèbres de « Starmania ». Le slow qui déchire, trop. La comédie musicale de 1979  avait connu une longue carrière, elle doit renaître bientôt. Fabienne Thibeault, Maurane l’avaient chantée. A lire le scénario de cet Opéra Rock dont j’ignorais la trame, je suis frappé par ses prophéties où les manipulations sont le moteur de la dramaturgie.
Le succès a été au rendez-vous de la lucidité, la légèreté a rencontré la profondeur.
La simplicité a traversé le temps et l’émotion même surjouée peut nous atteindre avec d’autant plus de virulence qu’elle avait été oubliée pendant des lustres.  
« On dort les uns contre les autres
On vit les uns avec les autres
On se caresse, on se cajole
On se comprend, on se console
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
On danse les uns avec les autres
On court les uns après les autres
On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde »
 
« Le ténébreux, le veuf, l’inconsolé » va frissonner, se faire plaindre et fredonner.
Il y en avait d’autres fameuses chansons sous le même emballage qui cognent : « Quand on arrive en ville » ou «  Le blues du businessman »  avec Balavoine et Tapie en revenants. 
Mais « Les uns contre les autres » a beau dire la solitude, les volutes de la mélodie conduiront toujours à chercher quelqu’un pour accepter cette danse.

dimanche 28 novembre 2021

Le marin. Alain Souchon.

Quand au cours d’un entretien Souchon a dit que sa chanson préférée c’était « Le rêve du pêcheur », je me suis dit décidément nous sommes en phase, mais j’avais confondu avec une autre de ses chansons. 
« Pêcher pêcher
Ici c'est faire des péchés
Avoir le cœur empêché
Faire mal
Pêcher là-bas ce n'est que pêcher
Le vent les poissons moqueurs »
S’il y a une pointe de coquetterie à ne pas choisir une chanson de plus grande notoriété dans le répertoire de mon chanteur préféré, je ne serais pas mécontent si je permettais une découverte.  
« ll a une casquette marine
Une vareuse de pêche
Il chante sa plainte bleue marine
La bouche sèche »
Qui n’a pas enfilé un tel costume longtemps après que se soient endormis les pirates de l’enfance ? Et troqué le rhum caribéen pour d’autres contrepoisons à l’adversité ?   
« Le bleu qu'il met dans sa vodka
Ça lui rappelle
Tous les "j’aurai-dû" "y'avait-qu'à"
La Rochelle »
 
Baudelaire avait vanté
« Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes! » 
Quelques images du chanteur décoiffé par Suroît et Noroît, 
envoient vers des embruns de rêve : 
« Il voulait Molène en mer d'Iroise
Les ancres rouillées
Les baleines, la belle turquoise
Les coffres oubliés
Les sirènes, les belles sournoises
Les grands voiliers »

Sur le quai on accoste : 
« La vie le promène en Seine et Oise
Dans sa Simca rouillée » 
« On vit la vie dans une brume
On a des fêtes 
Une boucle d'oreilles avec une plume
Dans la tête 
Le bleu qu'on met dans la vodka
ça nous rappelle 
Tous les "j'aurai-dû" y'avait-qu'à" 
La Rochelle »