Documentaire de 2 H 20 dans un hôpital psychiatrique. La seule musique « L’hymne à la
joie » joué à la guitare par un patient est déchirante comme le fut
« La bombe humaine » dans « Sur l'Adamant »
qui débutait la trilogie de l’auteur toujours au plus haut depuis son
« Etre et avoir ».
Le temps consacré à chaque entretien respecte ceux qui
parlent et ceux qui écoutent, les champ/contre-champ tout simples évitent la rigidité et l'ennui. L’absence d’apprêt nous laisse disponibles pour apprécier
tout ce qu’il y a à voir et à entendre.
Notre confiance va depuis longtemps à l’élève de
René Alliot lorsqu’il se montre attentif à ceux qu’il filme : « Une
fois le film fini, ils retournent à leur vie. Mais qu’est-ce qu’on laisse
derrière soi ? Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça travaille ? »
Les soignants ne galvaudent pas le terme bienveillants, ils
sont… patients, et les solutions pas évidentes entre confiance et
protection, face à des souffrances terribles, semblant parfois irréductibles.
Est-ce que l’expression de ces malades est un reflet
exacerbé de notre humanité qui pécherait par un romantisme esthétisant les
douleurs ?
Quand « mytho » devient un terme utilisé dans les
cours de récréation, cette banalisation des mots psy, fait-elle de nous des
voyeurs courant les films de ce genre, sublimant nos petites failles
narcissiques, si loin des calvaires vécus par les malades et leurs
familles ?
L’architecture des unités de soin datant du XVII° parait austère vue du ciel, mais les arbres ont grandi depuis la construction et nous
offrent des plans qui permettent de souffler entre deux cas où quelques
sourires,
« Je suis conscient d'être complètement mégalomane.
Mais j'ai
les moyens de ma mégalomanie »,
ne peuvent atténuer le souvenir du malheur
d’une femme littéralement cramée.