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lundi 15 avril 2024

Chroniques de Téhéran. Ali Asgari Alireza Khatami.

Dispositif simple pour des constats élémentaires en neuf séquences avec des personnages à tous les stades de la vie face caméra, affrontant l’arbitraire le plus liberticide : nous sommes en Iran sous la coupe des religieux.
Chaque plan fixe déclenche l’indignation devant tant d’absurdité et révèle souvent de beaux caractères, surtout féminins.
Cette fois le tournage, effectué en une semaine, ne se déroule pas dans une voiture bien que la question de l’espace privé se pose à cet égard, mais aux guichets d’administrations, de commissariats, auprès d’employeurs éventuels, voire dans un magasin destiné à recouvrir  jusqu’aux petites filles.  
L’humour permet de ne pas désespérer totalement des petits et grands ne se laissant pas intimider par les serviteurs d’un état  tatillon, intrusif, totalitaire.

lundi 8 avril 2024

Averroès & Rosa Parks. Nicolas Philibert.

Documentaire de 2 H 20 dans un hôpital psychiatrique. 
La seule musique  « L’hymne à la joie » joué à la guitare par un patient est déchirante comme le fut « La bombe humaine » dans « Sur l'Adamant » qui débutait la trilogie de l’auteur toujours au plus haut depuis son « Etre et avoir ».
Le temps consacré à chaque entretien respecte ceux qui parlent et ceux qui écoutent, les champ/contre-champ tout simples évitent la rigidité et l'ennui. L’absence d’apprêt nous laisse disponibles pour apprécier tout ce qu’il y a à voir et à entendre.
Notre confiance va depuis longtemps à l’élève de René Alliot lorsqu’il se montre attentif  à ceux qu’il filme : «  Une fois le film fini, ils retournent à leur vie. Mais qu’est-ce qu’on laisse derrière soi ? Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça travaille ? » 
Les soignants ne galvaudent pas le terme bienveillants, ils sont… patients, et les solutions pas évidentes entre confiance et protection, face à des souffrances terribles, semblant parfois irréductibles.
Est-ce que l’expression de ces malades est un reflet exacerbé de notre humanité qui pécherait par un romantisme esthétisant les douleurs ?
Quand « mytho » devient un terme utilisé dans les cours de récréation, cette banalisation des mots psy, fait-elle de nous des voyeurs courant les films de ce genre, sublimant nos petites failles narcissiques, si loin des calvaires vécus par les malades et leurs familles ?
L’architecture des unités de soin datant du XVII° parait austère vue du ciel, mais les arbres ont grandi depuis la construction et nous offrent des plans qui permettent de souffler entre deux cas où quelques sourires, 
« Je suis conscient d'être complètement mégalomane. 
Mais j'ai les moyens de ma mégalomanie »
ne peuvent atténuer le souvenir du malheur d’une femme littéralement cramée.

lundi 1 avril 2024

Boléro. Anne Fontaine.


Une belle création cinématographique pour décrire les tourments dans l'accomplissement de l’œuvre musicale de 1928, la plus jouée au monde.
Le compositeur du morceau d’une durée de 17 minutes garde son mystère et c’est bien.
L’interprétation par des acteurs excellents, Raphaël Personnaz très crédible, Jeanne Balibar parfaite en excentrique pour le rôle de la danseuse Ida Rubinstein, et une bande de tous les sons, amplifient nos émotions et tiennent en éveil notre attention pendant deux heures.
La reconstitution historique est charmante sans être empesée et nous comprenons un peu mieux cette quête tyrannique de la transcription d’une musique qui habite le créateur.
Toujours insatisfait, «  l’horloger suisse » en ignore les muses qui ne manquent pas autour de lui et en arrive à ne plus se reconnaître lui même. 
Je vais lire Echenoz et écouter « Le Concerto pour la main gauche ».

lundi 25 mars 2024

The Sweet East. Sean Price Williams.

Plutôt que la référence à « Alice au pays des merveilles », le réalisateur préfère les allusions aux différents univers de « Star Wars » pour les rencontres d’une jeune lycéenne avec une  belle brochette de sectes américaines.
Chronique dynamique d’un monde dangereux où la folie peut appeler la créativité mais aussi inquiéter.
Depuis les lycéens quittés au cours d’un voyage à Washington, elle croise des activistes anticapitalistes, des suprématistes d’extrême droite, des artistes allumés, des islamistes, aussi effrayants les uns que les autres, chacun dans leur genre. 
La jeune ingénue découvre avec surprise ces mondes singuliers, mais apprend à les manipuler à son tour. 

lundi 18 mars 2024

Bye Bye Tibériade. Lina Soualem.

La jeune documentariste met en scène une chronique familiale autour de sa mère Hiam Abbass actrice à la forte personnalité 
et se rappelle de trois générations de ses ancêtres arabes en Israël, du côté des frontières du Liban et de la Syrie.
Des images d’archives historiques ou familiales documentent cette heure et demie depuis 1948, date de l’exode des palestiniens (naqba) dont les douleurs se perpétuent. 
La tonalité nostalgique, la mise en évidence du courage de ces femmes, les rires des sœurs évitent le film à thèse. Il s’agit davantage d’une recherche que d’une démonstration structurée où la poésie, la musique adoucissent les traits rudes. 
Des scènes de souvenirs se rejouent sans prendre la pose, mais à l’image de photographies rassemblées sur un mur, nous ne saisissons parfois que des silhouettes. 
Les  destins individuels se diluent dans l’arrière-plan historique pourtant discret se rappelant à nos mauvaises consciences indulgentes envers ce genre de témoignage.

lundi 11 mars 2024

La mère de tous les mensonges. Asmae El Moudir.

La réalisatrice met en place avec ses proches un petit théâtre pour explorer des secrets de famille qui coïncident avec un moment occulté de l’histoire du Maroc, quand pour du pain il y eut plus d’une centaine de morts en 1981.
Les personnages façonnés par son père et sa mère sont davantage que des marionnettes, des objets transactionnels qui permettent une tentative de récit sur fond de charmants décors pour de belles mises en abyme. Cependant bien des mystères restent dans l’ombre surtout si on n’a pas toutes les clefs de l’histoire du royaume chérifien. 
Ce dispositif original offre de belles vues dynamiques et l’occasion de réfléchir au statut des images. La grand-mère présentée en dragon domestique est à la fois crainte et respectée par les braves protagonistes de cette tragi-comédie. 
Elle sera le repaire pour garder en mémoire cette plaisante séance de 1h 30.

lundi 4 mars 2024

Madame de Sévigné. Isabelle Brocard.

Film classique : et alors ! Oui la langue est superbe et fine l’expression des sentiments, sans que les dialogues manquent de naturel. 
Les personnages sont habilement présentés et le rapport à l’écriture est évoqué sans plomber le cours des évènements où Karin Viard et Ana Girardot jouent avec légèreté un rapport mère fille passionné et excessif. 
Le siècle de Louis XIV est joliment évoqué dans des décors sans chichi, évitant les mises au balcon trop insistantes.
Marie de Sévigné veut que sa fille soit indépendante et l’enferme dans son amour : les voies de l’émancipation sortent des schémas simplistes.
Belle scène autour du Madrigal : « Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très-vraie, et qui vous divertira. » Et belle image des deux femmes au bord d’un plan d’eau où se reflète un feu d’artifice.
Nous avons droit à une partie de la fable du « Lion amoureux » de La Fontaine dédiée à mademoiselle de Sévigné « de qui les attraits servent aux Grâces de modèle »
La conclusion du moraliste qui a traversé lui aussi les siècles est surprenante.
Cette heure et demie passe « comme une lettre à la poste », comme on ne dit plus.

lundi 26 février 2024

Anatomie d'une chute. Justine Triet.

Après avoir dissocié l’auteure de son œuvre, je partage volontiers toutes les louanges adressées à la palme d’or de Cannes 23 qui va au-delà du genre film de prétoire.
 
De retour de promenade avec son chien, Daniel, un enfant de 11 ans, trouve son père mort au pied du chalet familial. Suicide ou meurtre ? Nous assistons pendant 2h 30 à la recherche d’une vérité judiciaire et au-delà au dévoilement habile des mensonges, des omissions, des sincérités qui forment les relations familiales : dissection d’un couple. 
Si le chien ("palme dog" à Cannes) et l’enfant ont un rôle important, les rapports de pouvoir de deux écrivains s’admirant et se jalousant, leurs disputes, interrogent les enjeux de la création littéraire et nos responsabilités d’adultes, le poids de la culpabilité et la victimisation : examen de famille ou famille en examen, autopsie des vivants.
L’enchainement des scènes avec des acteurs excellents, la précision des dialogues, l’habileté du scénario, la clarté du propos au service du doute, mettent le spectateur en éveil.   

 

lundi 19 février 2024

Le Dernier des Juifs. Noé Debré.

Traiter légèrement un sujet difficile annoncé par un titre explicite aurait pu présenter quelques attraits ; le résultat s'avère insipide. 
Le jeune homme lunaire ment systématiquement comme la voix off le précise, au cas où on ne l’aurait pas compris, mais sa construction d’un monde imaginaire n’est pas intentionnelle ni aussi originale et bienveillante que dans « Good by Lénine » souvent cité dans les commentaires. 
La crédulité de la mère malade semble avoir ses limites et constitue dans ces ambigüités pour moi l’intérêt essentiel de cette heure et demie. Finalement on se demanderait pourquoi il doit partir, l’anti sémitisme étant seulement évoqué par un réparateur qui ne veut pas intervenir à la vue d’une mezouzah installée dans l’encadrement de la porte d’entrée et des inscriptions que le fils cache à sa mère. 
Il entretient de bons rapports avec ses voisins et quand il ne trouve pas de poulet casher, la boucherie hallal fera l’affaire. 
Film dépourvu de rythme, plus mélancolique que drôle, les amateurs d’humour juif souvent plein d’auto dérision et d’impitoyable finesse, risquent d’être déçus. Le droit à la différence, la tolérance deviennent des mots usés et nos sourires se figent quand des citoyens français ne peuvent plus vivre tranquillement là où ils sont nés.

lundi 12 février 2024

La Ferme des Bertrand. Gilles Perret.

Ce documentaire de 2023 avec son été de canicule, est enrichi d’un premier film tourné en 1997, quand la pluie retardait la récolte du foin, avec des images télévisées de 1972 par Marcel Trillat saisissant trois frères célibataires qui ont fondé l’exploitation haut savoyarde vouée au Reblochon, « faisant tout avec rien ».
Histoire de transmission, depuis ces « tontons » fiers de ce qu’ils ont accompli bien qu’ils auraient pu choisir une autre voie, jusqu’à la génération qui ne « touche plus un manche » dont les enfants familiers du fonctionnement de la ferme semblent prêt à prendre une relève qui ne leur sera pas imposée. 
Au-delà du travail bien fait quand le roto fil remplace la faux pour toujours faire propre autour des arbres, nous voyons des visages disparaître, des dos se plier, en 50 ans de vie dans un site magnifique. Le réalisateur respecte l’intelligence, la drôlerie, l’honnêteté de ses voisins et nous livre de belles séquences sans appuyer : la naissance et le nourrissage des veaux, la  première sortie de l’étable au printemps, la montée à l’alpage, les vaches appelées par leur nom dont le collier magnétique relié à l’ordinateur leur livre une dose personnalisée de tourteaux, le ramassage du foin en terrain pentu et le soin pris pour ne pas laisser les feuilles de trèfle trop sécher, de quoi bien mériter son AOP.
Ce film d’une heure et demie est fidèle à ses personnages tournés vers l’avenir,et s’il n’est pas aussi bouleversant que Depardon dont la nostalgie est mienne, 
nous voyons pendant une heure et demie un beau travail.

lundi 5 février 2024

Making Of. Cédric Kahn.

Film dans le film, comédie dans la tragédie, faux documentaire sur le tournage d’une fiction racontant l’histoire romancée d’une vraie lutte sociale.
Cet emboitement est malicieusement construit avec banderole vintage où le mot autogestion apparaît, ça faisait si longtemps. 
Histoires de financement du tournage, de couples qui fatiguent et d’autres qui naissent.
Comment raconter la vie et séduire le public ? Est-ce que la condition d’acteur est comparable à celle des ouvriers ? Quelle fin choisir : les ouvriers fondent une SCOP ou perdent le combat ?Jonathan Cohen joue un leader d’assemblée générale, cabot parfait devant Denis Podalydès en réalisateur irrésolu bien secondé par une directrice de production Emmanuelle Bercot, une femme qui bien sûr assume les vérités difficiles à annoncer, contrairement à Xavier Beauvois le producteur fuyant, tous excellents ainsi que l’hystérique Souheila Yacoub et Stefan Crepon le pizzaiolo rêvant de cinéma.

jeudi 1 février 2024

Klimt. Raoul Ruiz.

Ruiz
, le réalisateur du film à propos du peintre autrichien, est né au Chili, puis a adopté la nationalité française après s’être exilé au moment du coup d’état de Pinochet en 1973.
L’onirisme de « Trois tristes tigres » tourné précédemment, « L’hypothèse du tableau volé » et les dédoublements de  « Trois vies et une seule mort » ont des caractéristiques qui se retrouvent dans son film de 2005 parmi la soixantaine qu’il a proposée dont «  Le temps retrouvé » de Proust.
Ruiz a travaillé à la maison de la culture de Grenoble du temps 
de « Richard III » de Lavaudant et  du « Mammame » de Galotta.
Mêlant réel et imaginaire autour de Klimt à la renommée internationale, la production se devait d’être européenne. John Malkovich qui avait déjà joué dans «  Les âmes fortes «  d’après Giono interprète, sans passion, le leader du mouvement de la Sécession de Vienne.
Klimt, l’artiste art nouveau, né en 1862 d’un père orfèvre 
et d’une mère chanteuse lyrique, intéressé par les arts appliqués,
sera d’abord décorateur avant de prendre pour compagne Emilie Flöge créatrice de mode.
Il se détache de l’académisme, faisant scandale avec son affiche à l’occasion de l' « Ouverture du palais de la Sécession » dont l’intitulé était : 
« À chaque époque son art, à tout art sa liberté ».
Il a vécu très longtemps chez sa mère, mais sa progéniture compte quatorze enfants. 
« Le baiser »
 Les nazis l'ont catalogué parmi les artistes dégénérés ;
ils ont brulé de ses œuvres « La Philosophie » qui avait reçu une médaille d'or en 1900 
à l' Exposition universelle de Paris et en ont volé d’autres.
« La frise Beethoven »
réunissant la peinture, la musique et l'architecture 
se voulait œuvre d’art totale. 
Egon Schiele
son successeur meurt aussi en 1918.
Le traitement cinématographique éclaté adapte des personnages, en invente aussi, dans un univers viennois qui est celui de « La ronde » tourbillonnante de Max Ophüls inspiré d’Arthur Schnitzler, médecin écrivain à l’époque d’un certain Freud.
Méliès
, le prestidigitateur, représenté dans le film n’a jamais rencontré Klimt.
Les couleurs sont exubérantes, les visions étirées, les traits sinueux, 
en ce début du XX° siècle malade.
Cependant quand la réalité est déformée sous des feuilles d’or,
chacun peut se permettre de rêver.
Ruiz comme Klimt eurent affaire avec la censure.
Et si l’histoire de l’art se confond avec l’histoire de la nudité, nous voilà en pleine régression quand
une professeure qui a présenté à ses élèves « Diane et Actéon » du peintre Giuseppe Cesari fait scandale au XXI° siècle, décidément malade lui aussi. 

lundi 29 janvier 2024

L'Innocence. Hirokazu Kore-eda.

Un des charmes du cinéma consiste à nous emmener dans des contrées singulières et de nous émouvoir avec des histoires universelles.
Les courbettes japonaises nous paraissent souvent étranges. Quand elles voisinent avec des attitudes respectueuses, elles peuvent aussi exprimer une violence inattendue.
L’enfance ici ou là est un moment bouleversant que le réalisateur prix du scénario à Cannes aborde dans toutes les ambigüités que promet le titre : l’« innocence ».
Si l’image du puzzle a été souvent évoquée  pour décrire le procédé de montage, je n’ai pas vu le moindre système énigmatique dans ce cheminement limpide de plus de deux heures.
A partir du quotidien d’une famille monoparentale où la bienveillance maternelle entre en conflit avec l’institution scolaire, la vérité se fait jour petit à petit, subtilement, clairement depuis trois points de vue qui déterminent la structure du film.
Des mots peuvent prendre des dimensions inattendues et blesser. Des personnages, des passions se révèlent, ponctués de moments d’émotion et de belles images tempétueuses rendant inquiétants les refuges les plus poétiques.  

lundi 22 janvier 2024

Les Trois Mousquetaires, Milady. Martin Bourboulon.

Plus politique que le premier chapitre, un rappel pour les enfants est peut être nécessaire pour situer ce qu’il en était alors des religions en guerre du côté de La Rochelle 
(paroles d’instit’).
Pour ceux qui souhaitent user des émotions avec modération, il conviendrait peut être aussi de préparer les petits au sort funeste qui attend Constance Bonacieux que les lecteurs de Dumas ont déjà « divulgaché» de toutes façons 
(paroles de grand-père). 
Heureusement que des chevauchées offrent de beaux moments de détente dans ces deux heures intenses de capes mystérieuses et d’épées virevoltantes.
Nous assistons à un grand spectacle où les personnages vivement brossés sont cependant complexes, ambigus, énigmatiques, sans nuire à la limpidité d’un scénario qui m’a semblé plus riche que dans l’épisode précédent.
Milady à cet égard est délicieusement vénéneuse, venimeuse, émouvante, magnifique.
L’adjectif devient généreux quand reviennent à la sortie de la salle des emballements enfantins 
(paroles d’ancien mousquetaire à la moustache dessinée au bouchon noirci).
La formule de Dumas valable encore une fois :  
« On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants » excusera facilement les libertés prises avec le roman. 
(paroles de Cyrano).

lundi 15 janvier 2024

Perfect days. Wim Wenders.

Nous suivons pendant deux heures la vie quotidienne d’un employé d’une société de nettoyage des toilettes publiques à Tokyo. Le personnage principal interprété par Koji Yakusho, prix d'interprétation masculine à Cannes, gardera pourtant tout son mystère.
Le réalisateur des « Ailes du désir » par sa poésie ancrée dans le quotidien nous incite avec douceur à la réflexion et à saisir la beauté du quotidien, du présent.
Les musiques choisies expriment tout leur charme parmi de rares dialogues.
J’ai adoré le sujet, tant la choquante notion «  boulot de merde » de nos sociétés repues est devenue banale, alors que furent tellement vantés, au moment de la COVID, les métiers des invisibles, de ceux qui exerçaient en « première ligne », que plus grand monde ne veut exercer.
Le monsieur taiseux est consciencieux, discrètement d’une autre époque, avec ses cassettes, ses photographies argentiques et ses livres. 
Au lever du jour, la ville d’aujourd’hui lui appartient. 
Quand il franchit le seuil de sa modeste maison pour se rendre au travail dans des lieux aux architectures singulières qu’il contribue à rendre remarquablement propres, il sourit au soleil qui se lève. 
Sa disponibilité à accueillir avec retenue les surprises, ressort d’autant mieux que son emploi du temps est d’une apaisante régularité.
Si les toilettes constituent un refuge pour certains face aux sollicitations familiales,  aux alentours de celles de Tokyo, Wenders invente une oasis inattendue de calme et d’humanité.

jeudi 11 janvier 2024

Lautrec. Roger Planchon. Jean Serroy.

Le conférencier devant les amis du musée a noté les points de vue différents que pouvait ouvrir le troisième film de Roger Planchon sorti en 1998 après « Georges Dandin » (1987) et « Louis, enfant roi » (1994).
Le metteur en scène, homme de théâtre, a proposé dans sa distribution Morier-Genoud appartenant à sa troupe, bien connu par chez nous du temps de Lavaudan,
il joue le rôle de Fernand Cormon le peintre académique qui forma Lautrec, Van Gogh, Emile Bernard, Matisse, Soutine…
Degas, le peintre de l’intimité, s'adressant à Lautrec avait rendu son verdict :  
« Vous êtes du bâtiment ».
A l’époque des impressionnistes, le premier des affichistes qui n’aimait guère la nature, 
fut celui de « la beauté crue ».
Le comte de Toulouse Lautrec a perdu ses titres de noblesse dans le titre du film de 1h 40,
cependant l’importance de sa filiation est soulignée à travers un père viveur et fantasque
marié à une mère pieuse dont la proximité de sang est exagérée par Planchon pour expliquer la santé fragile du monsieur « cloche-pied » et illustrer la fin de la race aristocratique.
Les nuées de domestiques du château Albigeois contrastent avec le monde post communard des blanchisseuses, prostituées, danseuses parisiennes.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/01/le-monde-de-toulouse-lautrec-gilles.html
https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/03/le-monde-de-toulouse-lautrec-2-gilles.html
Les aventures sentimentales sont documentées depuis Jeanne d'Armagnac « si grande et si belle » alors qu’il se dit lui-même « si petit et si laid »,
jusqu’au modèle et artiste Suzanne Valadon qui fut aussi maîtresse de Renoir 
entre coup de foudre et disputes : « Il y a du muscle dans votre crayon ».
Rosa la rousse lui avait fait cadeau de la syphilis.
Le film de John Huston «  Moulin rouge » en 1952 se consacrait principalement à la danse, 
le rythme de celui-ci va à l’encontre de la paralysie de Lautrec, 
avant le terme de sa vie à 37 ans.
Les tableaux sont animés, les séquences s’enchainent, les chansons réalistes reflètent l’époque : 
« Ils sont comme ça, ils sont des tas, des fils de race et de rastas
Qui descendent des vieux tableaux…
Ils sont presque tous mal bâtis, ils ont les abattis, trop petits
Et des bidons comme des ballots » Aristide Bruand

lundi 8 janvier 2024

Past lives - Nos vies d’avant. Celine Song.

Ce premier film apporte un regard neuf d’autant plus précieux que la trame de deux amis d’enfance se retrouvant est assez classique comme est familière l’interrogation sur le hasard des rencontres. 
Les personnages se cherchent atténuant par leur honnêteté l’usure opérée par le temps et l’éloignement entre la Corée native et une nouvelle vie américaine.
Loin de toute violence, le dépaysement est bienvenu, même si la gentillesse, l’humanité de chacun n’évitent pas les larmes.
Dans un format tranquille de 1h 50, des acteurs à l’émouvante sobriété, expriment toute la délicatesse du propos.
L’amorce est féconde quand une voix off se demande quels sont les rapports des trois protagonistes présents dans un bar à une heure tardive de la nuit. 
D’autres séquences pudiques, magnifiques, enrichissent la complexité des rapports amoureux traités avec une sincérité non dénuée de nostalgie.   

lundi 25 décembre 2023

Films de 2023.

Variété des regards :  
« Simple comme Sylvain » : à propos de l’amour au Canada. 
« Les herbes sèches »: la beauté, la rudesse en Turquie. 
Pour les sujets : 
« Sur l’Adamant »: l’accompagnement des malades mentaux à Paris.
« La colline »: la misère noire au Kirghizistan.
« Esterno note » : fresque politique italienne. 
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Nino (10 ans) a retenu:
Princesse Mononoke
Aqua man 
Le dîner de cons
Pourquoi j'ai pas mangé mon père
Les fugitifs
Mia (12 et demi) a retenu: 
Titanic 
La vie scolaire 
Les trois mousquetaires (D' Artagnan et Milady)
Vintervïken
Si tu me venges