samedi 7 novembre 2009

Déchets dans l’agglomération grenobloise.

Le plus gros budget de la Métro (avant la SEMITAG) est consacré à la collecte et au traitement des déchets ménagers. 90 personnes travaillent sur le site d’Athanor à Meylan où convergent les poubelles de 400 000 habitants : 200 000 tonnes par an.
L’incinérateur, un des plus performants de France, produit de l’électricité et permet le chauffage de 25 000 personnes.
Il brûle la moitié du contenu des poubelles vertes (35 000 t) qui n’a pu être valorisé et celui des poubelles grises (100 000 t) débarrassé des matières fermentescibles qui vont composer le compost à Murianette.
Les déchets recyclables après être passés aux cribles rotatifs, à étoiles, dégagés des éléments ferreux (1 200 t) par électro-aimants, séparés des flacons plastiques (2 500 t) subissent un tri manuel.
Ils seront pressés, conditionnés avant d’être achetés par des repreneurs,
ainsi 10 000 t de papiers cartons sont récupérés en une année.
Sur 637 vérifications de camions provenant de Saint Egrève, 37 ont vu leur contenu déclassé. Dans des quartiers de communes où les performances étaient moins reluisantes, des actions d’information au tri sélectif ont été menées. Mais elles ne s’accompagnent pas de progrès notoires si de nouveaux outils ne sont pas proposés. L’installation de poubelles operculées (type poubelle à verre) a pu modifier efficacement les comportements.
Nous sommes passés dans l’Isère de 40 kg d’emballages recyclés par habitant par an en 2007 à 40,9 kg, en dessous de la moyenne nationale à 44,5 kg. L’embauche d’un nombre de personnes encore plus conséquent pour trier plus finement permettrait de progresser dans le recyclage.

vendredi 6 novembre 2009

L’Italie à la paresseuse

Ce petit livre (186 pages aérées) ne pouvait être édité que par "Le Dilettante". L’auteur Henri Calet, inscrit dans nos mémoires pour être l’auteur de la formule : « ne me secouez pas je suis plein de larmes », livre ici un rafraichissant ouvrage, désinvolte, gentiment décalé, élégamment tourné et totalement sincère. Marie Françoise, qui me l’avait fait découvrir, avait retenu un passage pour notre lecture publique, dont voici un morceau d’extrait :
« Nous débouchions en Italie. On ne pouvait s’y tromper : c’était elle. …Je me répétais, en proie à l’excitation la plus vive : « l’Italie, l’Italie ! » Les grandes effusions, tout de même que les grandes douleurs, sont muettes, ou bredouillantes. Combien je regrette de n’avoir pas eu, à cette minute, mon guide sous la main ; j’y aurais pu choisir une ou deux phrases distinguées : « Terre de la beauté et de la douceur de vivre » ou « comment se reconnaître parmi tant de beautés sur lesquelles bute à chaque pas le voyageur ébloui ?... » Au lieu de cela , il me revenait que des bribes de la chansonnette de Tino Rossi… »
La jolie formule de la quatrième de couverture me convient : « il vise « au dessous de la peinture », se refusant à la voie royale des sites et des musées à son cortège de béatitudes convenues »

jeudi 5 novembre 2009

Terrains d’Europe

Paysages du football amateur par le photographe Hans van der Meer, je les avais vu à Arles, je viens de me les approprier en livre. Je les connais ces terrains encore tracés à la sciure pour certains, qu’ils soient anglais, hongrois, portugais, à Salon de Provence, à Bonnieux… l’Europe pour de vrai.
Dimanche après midi, les Gourcuff sont un peu empâtés mais dans leurs gestes, le rêve se frotte à la réalité.
Les plans sont toujours larges: quelques publicités pour le garage local dans des sites sublimes, des immeubles, des peupliers, des cheminées d’usine, l’automne est là, les genêts sont aux couleurs du club, les mottes lourdes excusent les approximations techniques, les alignements défensifs sont parfois hasardeux. Le gardien plonge magnifiquement, le ballon est déjà au fond des filets.
Je vais prêter cet album photo à Ritou qui se tint des décennies derrière les mains courantes des stades des terres froides, seule dérogation au travail des champs et encore quand c’était le temps des foins…
A Manu qui connait ces terres battues, ces abris pour remplaçants qui jouxtent des poulaillers : il arbitre.
Vous connaissez beaucoup d’ouvrages, où le paysan, le pompier, l’instit partagent la même émotion et que c’est pas de la holla trafiquée ?

mercredi 4 novembre 2009

J7 : La baie d’Along terrestre

Nous prenons la direction de Hua Lu, ancienne capitale du Viet Nam au X° siècle. La route se transforme en autoroute en sortant d’Hanoï. A la vue des cimetières dans une province plutôt catholique, Manh, notre guide nous explique les funérailles, le lavage du corps, et l'enveloppe d’argent ou l' aide apportée par les proches, à charge de revanche : c’est une dette contractée en vue de circonstances similaires ou pour un mariage. Le défunt est enterré une première fois pour une période de quatre ans. Puis il est exhumé, un spécialiste se charge de laver les os, puis de les placer dans un plus petit cercueil en terre recouvert d’un tissu. Ensuite le mort prendra place dans ce cimetière ou un autre et méritera une pierre tombale définitive.
A Hua Lu nous quittons l’abri climatisé de la voiture où il y a toujours trois bouteilles d’eau à notre disposition. Souvent elles sont offertes dans les chambres d’hôtel car l’eau du robinet n’est pas consommable.
Nous visitons deux temples royaux dont l’un est l’objet de travaux en vue de l’anniversaire du millénaire d’Hanoï.
L’un est dédié au roi Dinh Tien Huang.
Manh tente de nous raconter l’histoire de ce roi Dinh qui avait trois fils, il légua son empire au deuxième fils au lieu du premier mais le gardien de son palais les trucida tous les deux car il avait rêvé qu’il en serait le successeur. L’état étant fragilisé, la Chine devint menaçante. Un général Vietnamien prit la situation en main, épousa la veuve, protégea le petit troisième fils de 6 ans, eut une fille et 11 garçons d’autres femmes. Histoires de palais, de meurtres, de pouvoir. La chaleur est écrasante, heureusement de la verdure, des arbres et des bassins donnent une impression de fraîcheur. L’autre temple de Lé Dai Hanh ressemble au premier. Les personnages représentés changent naturellement : il s’agit du roi Dai (l’ex général), son épouse (la veuve) et le fils ainé.
Après le repas de midi, Manh nous attend à l’extérieur avec quatre bicyclettes, munies d’un petit panier à l’avant.Ainsi nous abordons la baie d’Along terrestre dans des conditions très agréables, nous profitons pleinement des paysages où se découpent des montagnes en pain de sucre.
Avant d’embarquer, nous tirons jusqu’à la pagode Bich Dong : la pagode de jade. Nous franchissons le petit pont de pierre et découvrons trois petites constructions étagées édifiées à moitié dans des grottes où tambourinent des gouttes d’eau, où couinent des chauves-souris. Le décor servit pour le film « Indochine ». Nous accédons à la plus haute batisse où trônent trois bouddhas « du grand véhicule », celui de gauche est celui du passé, au centre celui du présent, et à droite celui de l’avenir.
A vélo nous parcourons la toute petite distance qui nous sépare de l’embarcadère. Nous montons à deux par barque, en compagnie d’une rameuse et d’une autre femme qui aide à la navigation à l’aide d’une perche. Nous glissons lentement au bruit des rames sur le canal endigué, nous détournant un moment vers les champs de lotus. Les feuilles de cette plante symbolique dans tout l’extrême Orient que nous cueillent nos accompagnatrices se transforment en chapeaux protecteurs fort efficaces. Les parfums les plus délicats et les racines dans la boue. Nous approchons des grottes de Tam Loc. Pour les traverser il faut pratiquement se coucher dans la barque pour éviter de s’assommer, le guidage s’effectue à la lampe entre les stalactites et les morceaux de roches. Passage rafraichissant sous les gouttes d’eau et un peu oppressant, mais comme nulle part ailleurs. Toutes les barques patientent à la sortie, regroupées et serrées dans un brouhaha de conversations de français et de vietnamiens dont on ne sait qui en ressort le plus bavard. Il faut reprendre le même chemin pour le retour, en file indienne, les lampes se repèrent sur la roche et sur l’eau.
Il ne faut pas longtemps à nos dames rameuses pour récupérer des sacs posés sur une murette au bord et nous proposer des nappes et napperons brodés.
Nous sommes dans la carte postale en regardant les paysans sur la digue et sur l’eau, des barques d’enfants, un oncle Ho…
Nous remontons sur la terre ferme, où nous attendent des photographies de nous prises sur terre et sur l’eau « pour le souvenir », nous finissons par les acheter à 50 000 D les cinq.
Notre chauffeur et Manh nous conduisent à l’hôtel à Ninh Binh le « Thuy Anh Hôtel » tout neuf. Nous profitons de la fin d’après midi avant la douche et la lessive et déambulons dans les environs. Tout d’abord nous sommes surpris de grand nombre de compositions florales piquées sur de plaques de polystyrène plutôt destinées à des cérémonies funèbres. Pas loin nous bifurquons dans un marché. Les gens parcourent les allées en motocyclettes sans se donner la peine de descendre pour faire leurs emplettes. L’odeur des pots d’échappement se mêle à celle des viandes et des poissons. Joli marché, et premiers étals de viande canine, aucun doute sur l’origine des cuissots découpés, la tête de son propriétaire est là pour le prouver. Au restau de l’hôtel, repas plantureux et savoureux. Et cerise sur le gâteau : une mangue préparée avant le sommeil.

mardi 3 novembre 2009

Poussin

Le bleu, surtout ciel, c’est pas une couleur que j’aime. J’ai trop vu les voiles bleus en plâtre des statues de cette vierge dans l’église et par-ci par- là, dans les chapelles de campagne. On me traînait dans les processions, on m’abandonnait sur le banc dans la chapelle de la Sainte Vierge avec les envies de pipi qui ne tardaient pas ; j’avais peur des toiles d’araignées pendues aux colonnes, peur des recoins où s’entassaient les débris des dieux démodés, peur des souris qui n’avaient pas peur de moi et se livraient à leurs petits commerces.
Je ne manquais pas de mères pourtant. J’étais l’enfant unique de Louise la boulangère toujours dans le pétrin par ces temps de guerre. Elle avait quatre sœurs. Elle me confiait à ses frangines toutes célibataires et sans enfants. Il y avait ma préférée, Berthe aux grands pieds de palmipède et puis Augustine la grande gueule, Florine aux gros lolos voyageurs, Olivia et ses moustaches. Toutes pieuses, les petites mains du curé ! On m’embarquait, on me déposait, on me laissait en attente, on m’oubliait, on me couvrait de baisers en me retrouvant sur le banc en face des voiles de plâtre bleu, sage, assis en tailleur sous la garde des araignées et des souris besogneuses. Les tantes ne manquaient pas d’ouvrage dans l’église du bourg normand : Berthe lavait à grande eau la nef. Belle et bien bête. Je veux dire bien bête de s’esquinter le dos au lieu de regarder ses soupirants. Augustine dirigeait le chœur des dames et demoiselles, Florine s’occupait de la sacristie avec le curé pour l’aider. Ca prenait du temps tandis que je rongeais mon frein et que l’envie de pipi me tortillait sur mon banc. Olivia s’occupait de dépoussiérer les Joseph, Rita, Thérèse, Nicolas et autres Martin. Une fois même elle me caressa de son plumeau. Somnolant dans la pénombre j’ai poussé un hurlement croyant à une attaque des toiles d’araignées. “ Et alors, Poussin ! Qu’est-ce qui t’arrive ? ”

Et voilà, Poussin ! J’étais le poussin d’Augustine, de Florine, de Berthe, d’Olivia. Un mot doux avec un bec.

J’ai parlé très tard. Mes premiers interlocuteurs furent Miquette la chienne papillon qui ne s’est jamais envolée en dépit de ses grandes oreilles qu’elle dressait pour me répondre. Oui, l’oreille droite ; non l’oreille gauche. Rien du tout quand elle ne comprenait rien. Alors elle s’asseyait et me tirait la langue. Le chat me comprenait aussi, un fainéant aux griffes prestes. Il me ronronnait des berceuses bien plus efficaces que les contes horrifiques de mes tantes. Elles raffolaient d’histoires d’ogres et de revenants : pourvoyeuses en cauchemars.

J’ai eu, me disait-on, un berceau garni de satin bleu et je n’ai pas beaucoup gazouillé. Je vomissais beaucoup dans les dentelles. Le lait de ma mère ne passait pas. Toujours pressée de retourner à son commerce, elle n’attendait pas mon rot et me confiait à d’autres bras, d’autres haleines, d’autres odeurs musquées d’aisselles et de ventre, d’autres voix postillonnantes, d’autres manières de manipuler mon petit torse et mes petites fesses.

Poussin, poussinet, pupuce, poussipouninet, poupou et j’en passe…

Ah ! Je les ai bien remplies vos mains, mes tantes. Ah ! Je les ai bien humidifiées de mes larmes vos lèvres voraces. Poussin, poussinet, je te mangerai de baisers. Pourquoi pleures-tu ? Si mignon à croquer ! Miam, miam, miam sur le petit ventre ! Le joli zizi du poussinounet ! J’avais peur de vos grandes bouches (sauf celle de Berthe, si paisible), de vos baves, de votre force inattentive. Je passais de mains froides en mains chaudes ; de seins plats en seins ronds. Les seins doux et ronds de Berthe, son odeur de tilleul et de cerise. Contre eux, j’avais un peu de repos et je m’endormais.

Et puis j’ai grandi. Mon corps. Je parlais peu. Mes études au cours privé de la rue des Augustins furent un fiasco : rêve au lieu d’écouter, répond à côté de la question, recherche la solitude. Certes j’avais d’excellents résultats en rédaction mais j’étais tellement nul dans toutes les autres disciplines qu’il fallut renoncer au séminaire.
Je bricolais à la boulangerie, décorateur de mokas, virtuose de la poche à douille.. Faut bien que tu gagnes ta croûte, Poussin ! Je peignais aussi de petites natures mortes, des chats, des chiens et des souris sans jamais utiliser le bleu. J’ai eu un succès paroissial. Les commandes rapidement étendues au canton. Le tourisme gagnait notre région riche en églises romanes. Je vendais des images de chapiteaux sous un ciel blanc.
Pauline n’était pas une beauté mais elle sentait bon. Elle était parfumeuse et esthéticienne dans la localité voisine. Le soir des noces je tremblais de désir dans la chambre nuptiale réservée par mes parents à l’hôtel des Voyageurs. Mon father me parlait pour la première fois, me donnant des conseils que j’écoutai à peine tant ils me firent rougir.
Pauline en nuisette de satin bleu, m’appela. Elle rayonnait de bonheur dans le grand lit : Viens mon Poussin, Viens…
Nous n’eûmes pas d’enfants ensemble, c’est le responsable de la cellule communiste qui se chargea de ma descendance avec foi et persévérance. Je devins le père légal d’enfants du plus beau roux. Tante Augustine rappela que nous avions eu un ancêtre rouquin au XIX me siècle…
Je me fichais bien des gênes et autres ciments générationnels. Je peignais nuit et jour pour nourrir et éduquer notre portée de renardeaux.
Poussin ! Il faut commander du mazout ! Poussin, as-tu réglé la facture d’électricité ?
Pauline me rappelait à mes devoirs. Je regardais avec appréhension les canines naissantes des petits. Plus ils grandissaient, plus j’avais l’impression de rétrécir et d’être en danger.

Cette époque est bien loin maintenant. J’ai trouvé le bonheur et la paix. Je peins toujours. Le directeur m’encourage. Grâce à ton talent, me dit-il, nous allons enfin pouvoir rénover le réfectoire et les chambres du premier étage. Il me tape amicalement sur l’épaule et m’apporte personnellement du café et des crêpes. Ne perds pas de temps…
Et il y a mieux… Je me suis trouvé une bien jolie poule, la plus fraîche de l’hôpital. Elle glousse quand je la baise dans ses draps de soie commandés à la Redoute (la valeur de trois tableaux). Elle dort nue. Je la regarde dormir nue au matin, cette lumière nacrée qui joue dans le duvet de ses joues. Elle m’appelle Son Grand Coq Génial.
Quelque fois une très belle femme, plus très jeune, un peu cassée, me rend visite.
Elle m’apporte des mokas. Elle est bien gentille mais… je ne la connais pas.
Elle me dit : c’est pour toi Robert. Je sais que tu les aimes.
Je crois qu’elle est un peu folle. Peut-être a-t-elle perdu un être cher qui se nommait Robert ? J’aime son odeur de tilleul et de cerise.
Marie Treize

lundi 2 novembre 2009

La 317ième section

Depuis sa sortie en 1965, je ne suis pas allé voir ce film sur la guerre d’Indochine: j’étais anti militariste. A le découvrir maintenant, je reconnais que les aliments à une critique envers l’armée occupant un autre pays, ne manquent pas. Ce face à face entre un jeune officier fougueux et un vieux briscard, lors d’une retraite sans espoir, est efficace et prenant. Film âpre, désespéré qui montre avec force, la violence des rapports humains quand la mort est derrière chaque touffe de bambous. Un grand film essentiel, sans tapage, une tragédie implacable. Bruno Crémer et Jacques Perrin ont toute la profondeur et la complexité que ne connaissent pas les films américains du même genre qui ont pourtant une notoriété bien plus grande. Orsenna a participé à l’écriture et Schoendorffer savait bien de quoi il parlait.

dimanche 1 novembre 2009

Orquestra Aragon

Le cha-cha-cha conserve. La formation cubaine fête son soixandixième anniversaire, les papis et leurs descendants se portent comme des charmes élégants. Le public grenoblois suit au doigt et à l’œil les pincements d’un violon, les traversées de la flûte, les frappes déhanchantes des agogos, l’obstinée rythmique et font « drin-drin » ; ils en redemandaient debout aux treize musiciens danseurs. Mes voisins ont mieux perçu que moi les influences africaines dans ce groupe sans cuivre mais pas sans couleurs où les violons viennent citer du Mozart sous les pulsations envoutantes du pays des charangas, voué au danzón.