dimanche 30 juin 2013

Proverbes détournés.



Pour clore la saison, je suis allé chercher sur d’autres sites dont je n’ai pas retenu l’appellation*, quelques formules amusantes. 
Quand on tape « proverbes détournés » sur le moteur de recherche, les trouvailles savoureuses abondent.
- Vaut mieux avoir volé un bœuf
Tout le poulailler et l’étable
Que piquer l’œuf.
- Un âne averti en vaut deux.
- Pour vivre heureux, prends ton cachet.
- Il faut pas casser les mêmes œufs
dans l’même panier.
- La nuit tous les fachos sont gris.
- C’est-y qu’y a pas d’fumier sans dieu.
- Ventre affamé n’a pas d’papiers.
- La flemme est l’avenir de l’homme.
- C’est pas ton frère, s’il se nettoie.

Bonnes vacances aux lecteurs fidèles et rendez-vous début septembre.
* Une buissonnière comparse précise:
"Les proverbes détournés sont une bien belle chanson d'Allain Leprest, Loïc Lantoine, musique JeHaN, chantée par JeHaN avec dans le refrain: "je suis pour l'indépendance du verbe" et qui a pour titre Tous les proverbes,  enregistrée sur le CD : Les ailes de JeHaN. "
Merci.
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Voilà l'été

samedi 29 juin 2013

L’hiver des hommes. Lionel Duroy.



Après une rencontre avec l’auteur organisée par la librairie du Square, j’ai acheté son  livre au titre fort qui ne trompe pas sur le contenu.
L’ancien reporter de Libération se consacre désormais à sa vie d’écrivain et s’il invente dans ce roman un personnage qu’il appelle Marc, il ressort de ces pages documentées, une sincérité émouvante. L’écriture est limpide, les décors bien plantés, les portraits vifs. Nous sommes amenés à nous interroger sans cesse mais sans sommation.
« …je vois que la neige s’est remise à tomber. Personne n’a songé à venir allumer, de sorte que l’ombre des flocons sur les murs, dans le jour finissant, donne le sentiment qu’une pluie de cendres s’abat lentement sur nos têtes. »
Il a essayé de résoudre ses blessures d’enfance sous d’autres titres mais en enquêtant sur la mort de la fille de Ratko Mladić « le bourreau des Balkans », et en s’interrogeant sur  ce que sont devenus les enfants des nazis, il n’est  toujours pas guéri d’être le fils d’un père d’extrême droite.
La superposition d’une l’histoire personnelle et des évènements de 1995 quand la Yougoslavie disparaissait avec le plus grand massacre en Europe depuis la seconde guerre (6000 à 8000 personnes) est poignante, sans effet spectaculaire mais d‘une grande efficacité.
Nous le suivons pendant 350 pages dans le  misérable territoire serbe en Bosnie, du côté de Pale, d’où sourd une tristesse infinie.
« Celui qui nous conduit à la gare routière est en panne d’essuie glaces, de sorte qu’il roule avec sa vitre baissée pour pouvoir sortir le bras à intervalles et dégager son pare-brise à l’aide d’une raclette qu’il a ficelée au bout d’un fil de fer. »
Il rencontre des acteurs de ce drame qui se disent vainqueurs, mais ils sont en réalité désespérés, s’estimant trahis par tous, y compris des serbes de Belgrade, ils vivent comme en prison dans une peur qui n’en finit pas.
Un éclair d’espoir, in extrémis, quand il passe à Sarajevo, il aperçoit deux reclus qu’il avait connus lors de son séjour. Les deux amoureux se tiennent par la main :
« Ils ont osé venir et maintenant ils voient combien ce qu’on raconte là haut est faux - délires de survivants aveuglés par la peur et par  la haine. »
C’est à la dernière page.

vendredi 28 juin 2013

Internet : quelles révolutions ?



« Les réseaux sociaux interdits aux moins de 13 ans sont utilisés par 64% d’entre eux. »
Une pelletée de plus extraite du fossé d’incompréhension entre générations dont la plus ancienne, la mienne, qui occupe habituellement les estrades, n’a pas pris toute la mesure.
Dans le Forum de Libération  2013 à Grenoble qui affichait : « Jeunes débattez-vous ! » la thématique internet traversait tous les débats. J’avais déjà remarqué qu’à l’occasion la formule « éducation populaire » lui était  parfois attribuée ; une bonne occasion de se refaire une jeunesse.
Les jeunes intervenants sont prometteurs.    
Mehdi Benchoufi fondateur du Club Jade dans un texte charpenté, qui peut se retrouver bien sûr sur le net, avait prévenu :
«  l’Ecole française est un espace reclus, où l’on ne partage pas, où pire, partager est gruger, un espace compétitif où l’on bâtit l’estime de soi contre celle des autres. A l’heure où le savoir circule partout à toute vitesse notamment et notablement par internet, il s’en faudra peu pour que l’Ecole et l’université n’apparaissent aux yeux des générations qui viennent ce que nous percevons aujourd’hui des abbayes du bas moyen-âge, des lieux canoniques, clos et fermés de dispensation du savoir. »
Bien entendu, nous n’échappons pas à l’anglais : « Serious gaming », « learning by doing » pour faire valoir des choix pédagogiques promus jadis sous d’autres appellations.
Descendu  désormais de mon estrade, je leur préfère encore les expressions : « la main à la pâte » ou « tâtonnement expérimental ».
Ce qui n’enlève  par ailleurs aucun bienfondé à des prophéties pas si folles :
« les enjeux économiques sont forts et il ne faudra pas s'étonner que le sort réservé aux Majors et autres Virgin ne soit celui de l’industrie éducative. En effet, La bataille du savoir étant une des clés, sinon la clé qui ouvrira le chemin de la compétitivité, de nombreux pays développent des stratégiques économiques agressives autour d’un marché de l’apprentissage aujourd’hui mondial. »
Jérémie Zimmermann fondateur de la quadrature du Net « un collectif citoyen qui informe sur des projets législatifs qui mettent en péril les libertés individuelles dans l’environnement numérique » s’est battu contre HADOPI, mais  la bagarre  sur le plan européen contre ACTA est  d’actualité depuis 2 ans « Les règles de l’ACTA et, plus généralement, de la propriété intellectuelle ont un impact énorme sur nos vies quotidiennes. Culture, éducation, santé ou communication … »
Sabine Blanc journaliste à Owni.fr, est spécialisée en matière de « hacking » piratage citoyen qui porte l’ambition de férus de bidouillage vers une alternative démocratique où la machine changerait la vie. « L’homme doit contrôler la machine et non l’inverse. »
Ces stimulants intervenants sont nés dans ce bain d’échanges, de mise en commun, de transparence, aux allures libertaires qui adorent divulguer ce qui est caché,  et se montrent très vigilants quant aux entraves mises aux libertés.
Ces acteurs du Net  prouvent que le jugement  peut porter sur leurs œuvres et non sur leur âge, leur position, leur nationalité, leurs diplômes.
Quand Facebook en sait plus sur chacun d’entre nous que notre famille, il est temps de faire jouer l’intelligence collective et: «  RTFM ! Read The Fucking Manual ! » Foutus anglais !
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Dans le Canard de cette semaine:



jeudi 27 juin 2013

Schnock. n°7. Eté 13.



Miou Miou remonte une bretelle de sa robe légère en couverture du trimestriel qui consacre un dossier complet aux « Valseuses » de bientôt quarante ans d’âge.
Souvenir jubilatoire pour une génération, bien que la revue Ecran trouva, lors de sa sortie, ce film de Bertrand Blier « authentiquement nazi, putride comme un abcès mal soigné ».
Le sens de la nuance a-t-il existé ?
 « On est pas bien là ? »
Outre la souvenance de quelques dialogues croustillants, pendant 175 pages nous pouvons nous rappeler la victoire de Noah en 83,  de « Bonne nuit les petits » en 62,  de Gérard Pirès  auteur de « Fantasia chez les ploucs en 1971,  de Bercoff  qui eut son succès sous le nom de Caton en 88 et du critique Angelo Rinaldi « l’as des piques »…
« Mon désespoir ne serait rien si je ne pouvais vous le décrire » Madame de Sévigné.
Et quel plaisir de découvrir une plume alerte : Benjamin Chagall qui pointe des bourdes dans les chansons françaises :
« c’était fin août début juillet » Johnny Hallyday,
et à même la pochette de Carene Cheryl : « Ne raccroches pas. Je t’aime » 
le correcteur orthographique en reste muet !
J’ai appris que Cino Del Duca fut un personnage beaucoup plus complexe que l’image qu’il m’en restait aux couleurs de « Nous deux » :
 « ses anciens camarades du parti communiste trouveront toujours auprès du richissime éditeur qu’il va devenir un travail ou une aide financière »
Dans l’article consacré au tour de France une dernière citation du maître Blondin :
« Anquetil incarnait la partie libre de l’homme, Poulidor sa partie fatale »

mercredi 26 juin 2013

Diégo Rivera et les peintres muralistes.


Christian Loubet nous lit à la fin de sa conférence un extrait d’une déclaration du sous- commandant (j’ai toujours adoré ce grade) Marcos :
« Nous les indigènes ne faisons pas partie du passé mais du futur. Car on regarde vers l’arrière mais on rêve vers l’avant. Nos pieds demeurent dans la glaise de l’histoire mais notre tête aperçoit de lumineux lendemains »
 C’est que d’histoire il en fut question, pas celle d’archives scellées mais s’inscrivant au présent, indissociable du sujet de la soirée aux amis du musée. 
Dès 1906, Murillo professeur à l’académie des beaux arts fait appel au nationalisme des  peintres mexicains contre «  le colonialisme parisien ». Il invente des procédés nouveaux (visions aériennes pleines de courbes), de nouveaux produits (pétro résine).
C’est avant le temps de Pancho Villa et Zapata dont les révoltes commencées en 1911 seront confisquées par Obregón en 1920.
Siqueiros, élève de Murillo participe à la révolution activement puis il rencontre Diégo Rivera à Barcelone avec lequel ils lancent un appel aux artistes d’Amérique, rejoints par Orozco.
« Nous proclamons que lorsqu’on passe d’un ordre décrépit à un ordre neuf, les créateurs de beauté doivent faire tous leurs efforts afin que leur production ait une valeur idéologique pour le peuple. Ainsi le but de l’art qui est actuellement une expression de la masturbation individualiste, sera enfin un art pour tous, d’éducation et de lutte. »
Ils bénéficient de commandes du ministre Vasconcelos.
Rivera  nourri de Giotto exécute une grande fresque : « La création » sur 100 m 2, avec des personnages à la Gauguin.
« Le dîner de capitalistes » occupera 1600 m2 et prendra 4 ans.
Bien d’accord pour fustiger la peinture aristocratique de chevalet, ils vont vers un expressionisme tropical qui réactualise des traditions et se nourri de l’énergie du futurisme.
Le trotskiste Rivera sera traité de « folkloriste » par son comparse le stalinien Siqueiros, allant  lui vers plus d’abstraction.
Lors de leur séjour aux Etats-Unis, ils seront fascinés par la société industrielle, ses immeubles, son dynamisme.  Au temps du « New deal », Roosevelt  leur procure aussi du travail.
Rivera réalise «L’homme à la croisée des chemins » qui avait été refusé par Rockefeller à cause d’une représentation de Trotski, figurait aussi Darwin.
Frida Khalo, sa jeune épouse passionnée, sera au centre d’une fresque distribuant des armes aux paysans et aux prolétaires. Elle qui n’a pu être mère, protège Diégo enfant dans «  Rêve dans le parc d’Alameda ».
Le palais national  sera la Sixtine de Rivera : l’histoire mexicaine avec son versant colonial, révolutionnaire autour de l’aigle et du serpent originels est rappelée.
Le monde indien y figure dans toute sa richesse :
le Quetzalcóatl, serpent à plumes des Toltèques,
le marché Aztèque où une femme tatouée auréolée d’arums reçoit un bras en offrande,
chez les Zapotèques,  au pays de l’or et  de la plume, les prêtres portent des masques de mort,
les artistes Tarasques travaillent le caoutchouc, les teintures,
les voladores Totonaques effectuent 13 cercles  autour de mâts (13X4= 52 semaines),
le maïs est à l’honneur chez les Huastèques, et le sisal et l’agave.
L’origine de ces représentations est citée sur les grisailles en soubassement du  colossal panorama où Cortès n’a pas le beau rôle, les noirs sont marqués au fer rouge, le servage est montré dans toute sa violence. 
Orozco  dans sa « tranchée » guerrière, exprime toute sa noire vigueur.
Le combattant Siqueiros apporte un souffle épique avec sa « Marche de l’humanité », son « Peuple en armes », sa puissante « Nouvelle démocratie », quand il représente la sécurité sociale et son « écho d’un cri » résonne encore.
Ces peintres ont magnifié le collectif dans des rythmes puissants, mis au jour l’héroïsme individuel, rappelé les aspirations du peuple, ses valeurs, ses luttes, dans des cathédrales contemporaines en conviant l’histoire, quand l’avenir se peignait de couleurs vives.

mardi 25 juin 2013

Le démon du soir ou la ménopause héroïque. Florence Cestac.



Dès la première page : « Tumeur bénigne, microkystes calcifiés, opacité tumorale, biopsie mastopathie, tumorectomie », même en bulles, ce vocabulaire n’est pas vraiment hilarant.
Alors quand la sexagénaire, qui a dépassé « le démon de midi » et « d’après midi » depuis deux BD, va se tirer d’affaire après quelques angoisses,et  refaire sa vie avec une énergie décuplée.
Elle quitte son travail, d’autant plus qu’elle elle se sent poussée vers la sortie.
« Je vous rippe les visuels dans le CTP ou je vous les switche ?
Ok ! je vous fais une sortie papier comme d’hab…»
Elle divorce d’un mari éteignoir, se libère de sa fille donneuse de leçons dont elle verra moins mais mieux les enfants. Sa mère qui se prend pour Brigitte Bardot ne la reconnait plus. 
Elle émigre dans les Pyrénées dans une maison qu’elle retape avec des artisans tels qu’ils s’appliquent à se caricaturer, quoique l’un deux est honnête et prévenant, et finit dans les délais…
La mamie boomeur va vivre ses utopies hédonistes qui firent florès dans les années 60, ici ramenées à des bains au soleil et des repas sous les arbres. Les générations suivantes peuvent « prendre les boules » devant ces privilégiés qui ne manquent pas de se poser tellement intelligemment en modèles tellement rigolos.
Elle a cultivé les copines, et « cougard chez les ploucs » se sent heureuse comme un papillon.  
Cet album se lit le temps d’un sourire.
Il va faire un malheur pour les départs à la retraite. Son optimisme passe sans niaiserie avec une dose de vacheries, de dévoilements qui lui font visiblement du bien ; à nous aussi.

lundi 24 juin 2013

Effets secondaires. Steven Sorderbergh.



Nous sommes à New York au pays du roi pognon, dans le milieu des psys, des labos pharmaceutiques, où tout le monde prend ses pilules pour se dessiner un sourire. Mais il y a du sang sur le parquet et les cuisines recèlent des armes de destruction efficaces pour vous faire sursauter, les médias s’emballent et les histoires d’amour, « les histoires d’amour finissent… »
Tout l’intérêt du dernier  film du réalisateur de « Sex mensonges et vidéo » de 1989, est dans les faux semblants que nous nous attendons à gober : alors comme il se doit il ne convient pas de révéler l’issue de ces manipulations dont nous sommes les complices consentants même si la conclusion s’étire pourtant un peu au bout d’une heure quarante. L’actrice Rooney Mara, mystérieuse, fragile, porte le film, l’emmène au-delà d’un divertissement qui ne laissera pourtant aucun souvenir impérissable.