samedi 7 septembre 2013

XXI n° 23. Eté 2013.


Trois articles du copieux trimestriel sont regroupés sous le titre « Comme un roman », alors que chaque page parmi les 200 pourrait illustrer cet intitulé.
Bien sûr les treize anglais partis à travers l’Europe pour se rendre en Syrie, le fils d’un condamné à mort qui retrouve son nom, et l’expert du FBI qui remet en cause l’institution  fournissent matière à des récits passionnants.
Mais le marché aux esclaves d’un village de Campanie a  aussi de quoi alimenter en prose indignée, et la « petite Chipette » martyre de Maubeuge était plus malheureuse que Cosette. L’obstination de Browder un des 300 0000 exilés russes en Angleterre à chercher la vérité sur la mort de son avocat nous parle vigoureusement d’aujourd’hui et de son pays d’origine puissant et misérable.
La vie de Norma Manéa écrivain roumain prouve la force de la littérature qui lui a permis de rester debout. Son animal fétiche est "l’escargot qui va partout avec sa langue".
La BD est consacrée cette fois à un évadé de la secte de l’église de scientologie et le recueil de dessins documentaires à des femmes afghanes en prison, le récit photo est alloué aux hobos qui errent, passagers clandestins des trains depuis le XIX° siècle aux Etats-Unis : « les enfants de Kerouac ».
Mais le reportage le plus fort à mon goût est celui qui décrit l’existence d’un Japonais vivant au cœur de la zone contaminée par l’accident nucléaire de Fukushima ; il nous renvoie à l’essentiel. Il en est de même pour le récit de la vie dans un ghetto pour riches ultra sécurisé en Afrique du Sud qui peut se lire comme une métaphore de la situation de nos pays derrière leurs barbelés dans le monde dont bien des habitants pressentent  l’effondrement. 

vendredi 6 septembre 2013

Epiphanie.



La répétition est une défaite, bien qu’à la base de l’enseignement pour les plus basiques des pédagogues. De la même façon préciser : «  je blague » quand une plaisanterie n’est pas comprise est un tue-l’humour.
Toutefois je vais causer à nouveau de la rentrée des classes en tant qu’Epiphanie.
J’ai posté ce commentaire sur le blog « Autre monde » consacré essentiellement à l’école, en lien depuis quelques années avec celui que vous lisez présentement, là sur le côté dans la colonne de droite.
« L’autre jour la nasillarde présentatrice de France 2 à 13h évoquait la corvée que constituent les achats pour la rentrée des classes.
J’étais en train de regarder mes photos d’Ethiopie avec un gamin qui trainait dans la poussière une bande magnétique débobinée en guise de jouet. Il m’est remonté une vieille indignation dont je n’use pourtant aujourd’hui qu’avec parcimonie :
il aimerait bien que sa maman subisse ce type de corvée !
Quand acheter des cahiers est présenté comme une tache stressante que peut exiger un professeur comme travail ?
Alors que ce moment avant la rentrée est porteur de promesses : les pages sont blanches, les crayons bien taillés.
N’est-ce pas exaltant d’apprendre, de commencer une année ?
Je parle depuis un autre siècle. »
Quant au futur prof interrogé le jour de la rentrée dans le Dauphiné Libéré « il faut bien que quelqu’un le fasse », ce métier, il y a mieux comme enthousiasme surtout que dans la colonne voisine un autre jeune qui se destine  à enseigner la musique trouve que tous les profs qu’il trouve bons « avouent ne pas vouloir faire ça toute leur vie », il compte sur le master pour qu’on le prenne au sérieux bien qu’il «  bloque un peu sur le fait qu’il n’y ait pas de perspective de carrière » . 
En voilà qui parlent comme ils comptent, comme il se doit aujourd’hui quand il n’a plus que la City à avoir droit de cité.
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Dessin du « Canard enchainé » de cette semaine. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

jeudi 5 septembre 2013

Rencontres photographiques. Arles 2013.



En  matière photographique, plus que jamais, chacun à son image à dire et le foisonnement nous aveugle ; alors quel plaisir quand Arles nous offre encore des moments de découverte !
Pas forcément dans les expositions estampillées « découvertes » un peu poseuses où est ressortie camera obscura  et technique du ferro type voire les papiers périmés depuis des décennies.
Mais depuis le temps que je suis au rendez-vous arlésien, en cette année « black » and white, on peut trouver dans chaque thématique de quoi justifier le voyage.
J’ai découvert Sergio Larrain dont je connaissais seulement deux fillettes descendant un escalier. Une exposition très courue lui est consacrée : bars à marins de Valparaiso, enfants des rues pris au ras du sol : des hommes et des pierres. Le chilien mort à 81 ans est poétique et social. En regard, Lartigue et Bourdin paraissent tellement futiles.
Le sculpteur  Penone a installé ses arbres à Versailles, et à la chapelle du Méjan son corps a laissé une empreinte sur un lit de feuilles de buis. Dans ses yeux on peut chercher des reflets d’une nature qu’il invite entre les murs, intensément.
J’ai eu du mal à saisir les images d’Afrique du Sud parmi l’abondance de textes. Par ailleurs  le travail sur le rêve d’un astronaute Zambien m’a laissé dubitatif.
Les photos de lune de Sugimoto touchent à l’abstraction et valent surtout un coup d’œil d’ensemble.
Courtinat en photographiant des pauvres chez « les petits frères », présente un  des rares témoignages sociétaux d’aujourd’hui que j’ai pu voir dans cette édition.
Minkkinen  apporte un regard frais  dans ses autoportraits où il dévoile des parties de son corps dans des paysages de Finlande.
Les chiens du belge Vanden Eeckhoudt  nous regardent drôlement, ils sont très tendance dans la production éditoriale profuse sur nos amis les animaux.
Quant aux copains du spectacle d’Avignon, ils ont droit à la lumière avec des montages vus côté plateaux ou côté gradins.
Les images colorisées de photographes à Beyrouth ou au Caire sont émouvantes et ont parfaitement leur place en cette année consacrée essentiellement au noir et blanc. Des collages renouvellent un genre rebattu en ne collant pas forcément précisément.
Les visages retouchés de personnalités d’Hollywood pour les journaux mettent sur l’avant ce qui fut  jadis maquillé.
La pratique populaire des albums photos  du temps où nos mémoires étaient dans des armoires est bien mise en scène : intercalaires avec toiles d’araignée et pages autocollantes vite jaunies.
Toutes les images mises en ligne sur Flickr en 24h et tirées sur papier envahissent une grande salle du palais de l’Archevêché ; elles illustrent cet article.

Pour un article sur Arles 2012 cliquez sur l'image






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Grain de sable, grain de sagesse : 

Mon voisin Hubert se consacre depuis mardi à un mandala dont il nous informe qu’il sera dispersé samedi 7 septembre à 17h chez les compagnons d’Emmaüs à Sassenage lors d’une journée « portes ouvertes ».

mercredi 4 septembre 2013

Ethiopie juillet août 2013



Pendant une vingtaine de semaines je vais publier chaque mercredi  sur ce blog la chronique de notre voyage en Ethiopie.
A partir des notes consignées par ma femme, j’essayerai de rendre compte d’une expérience qui nous a fait renouer avec l’Afrique et vivre des moments exceptionnels grâce à Girmay Beshah, un guide français d’origine éthiopienne travaillant pour l’agence lyonnaise Taméra.
A plusieurs reprises nous avions voyagé en Afrique de l’Ouest, cette année nous abordons le pays de Lucy et d’Abebe Bikila avec des souvenirs de famines des années Renaud «Loin du cœur et loin des yeux » modifiés par des avis récents de voyageurs enchantés.
De nos livres, nous avons ressorti la photo du Négus et le fait que c’était le seul pays d’Afrique à ne pas avoir été colonisé malgré les tentatives italiennes. Nous avons privilégié en ce mois de juillet, le sud du pays moins arrosé que le nord car nous avons appris que la mousson venue de l’océan indien n’est pas qu’un phénomène asiatique.
Notre agence annonçait :
« Depuis la « Rift Valley », nous nous trouvons sur de hauts plateaux de 4000 m d’altitude. Canyons, déserts, savanes, forêts abritent une faune très riche. La région est habitée en majorité par les Oromos. Eleveurs de zébus depuis toujours, ces fiers cavaliers donnent un petit air de Pampa à cette région. Nous nous dirigeons plein Ouest jusqu’à la vallée de l’Omo. Berceau de l’humanité, cette région abrite une diversité exceptionnelle d’ethnies nomades et semi-nomades qui ont toujours en commun leur beauté et leur noblesse. »
Ce fut ainsi.

mardi 3 septembre 2013

Silex and the city 4. Jul.



En couverture de cette BD sortie fin août 2013, au fond de sa grotte préhistorique toute la famille Dotcom joue au « Neanderthal pursuit » et dès la première page nous voyons dans les promos au « Darwin mégastore » les stocks de T Rex et d’Iguanodon qui doivent disparaitre.  
Dans cette livraison, nous pouvons nous régaler avec Lascaux Siffredi et le Crédit arboricole « le sapiens près de chez vous ».
Il est question d’un tournage de « La famille Pierrafuck »: un plan forcément « Diplodocul » et  aussi de recherche de financements pour payer l’opération de Spam la mère atteinte d’un cancer dont le traitement peut entrainer des effets quaternaires et  si elle craint « de ne pas avoir l’air maligne de ne plus avoir un poil sur le caillou », c’est que nous sommes à l’âge de pierre.
Les débats du mariage pour tous sont passés par là mais  la jeune Web a beau être une fashion victim ; ses envies de fraises - et non de fresque - sont un signe venu du fond des temps qu’elle est peut être enceinte et quand madame Finkelstein entraine Blog dans le quartier du marais ce ne peut être que marécageux. Les grenouilles portent des papillotes puisque les slomos sapiens se sont installés dans le coin : nous pouvons être rassurés de la pérennité du monde.
Je suis moins enthousiaste que lors de l’apparition de cette série désormais portée sur les écrans d’Arte qui me semble s’étirer, faire long feu en quelque sorte.
Je me suis habitué aux dessins sommaires qui multiplient  cependant les trouvailles : le distributeur de tickets pour l’attente à l’hôpital Sainte Bactérie est un crâne, et je ne me lasse pas en ces temps impitoyables pour les petits revenus, quand la secrétaire de Quadrumame Sachs fait patienter URL et Werther dans la confortable salle d’attente où des bananes sont à leur disposition, tout leur semble « mollusques calme et volupté ».
Un conseiller financier prodigue par ailleurs ses avertissements :
«  Votre autorisation de découverte ne s’étend pas jusqu’à « la roue » ni jusqu’à «  l’agriculture »
C’est ce qui vaut le titre de ce numéro 4 : « autorisation de découverte ».
En tapant « silex » dans la fenêtre de recherche de ce blog vous pouvez retrouver des avis précédents sur d’autres chapitres de cette rencontre de la préhistoire et de l’actualité la plus immédiate par un agrégé de philo qui dessinait à Charlie hebdo.  

lundi 2 septembre 2013

Aya de Yopougon. Le film. Marguerite Abouet et Clément Oubrerie



Aya  du quartier de Yopougon dit « Yop » à Abidjan est une jeune fille sage qui veut devenir médecin, elle essaye d’aider ses copines Adjoua et Bintou qui « s’enjaillent dans les maquis ». 
Celles-ci s’orientent  à coup sûr vers la série C : Coiffure, Couture et Chasse au mari.
L’une se retrouve « enceintée » et l’autre est victime d’un parisien baratineur qui s’habille chez le meilleur couturier : Tati.
Les pères ont des deuxièmes bureaux (maîtresses) mais tout se résout positivement dans cette comédie sympathique où la palabre est salutaire.
Le népotisme est évoqué ainsi que la situation économique rarement traitée en cinéma d’animation, de même que l’Afrique urbaine très peu conviée en général.
On y enrichit son vocabulaire: ploco-placa (faire l’amour) et les proverbes  sont savoureux :"Quiconque ne veut pas manger, ne veut pas non plus aller à la selle."
J’avais « trop » aimé la bande dessinée, ceci dit à la façon africaine qui a fortement teinté le langage hexagonal; le « dêh ! » qui ponctue bien des phrases ivoiriennes n’ayant pas eu cette fortune, mais il nous enchante pris dans un accent chaleureux. 
Le film heureusement entrecoupé de publicités joviales datant des années 80 n’apporte pas vraiment un plus par rapport aux albums qui ont connu un succès mérité. 
L’animation est sommaire : avec une bande son enjouée pourtant, les danses n’ont pas grand-chose de la grâce originelle ni de leur chaleur. 

dimanche 1 septembre 2013

Cour d’honneur.



Cette année je ne suis pas allé au festival d’Avignon, alors la retransmission télévisée de ce spectacle de Jérôme Bel qui voit sur le plateau du palais des papes des spectateurs exprimer leurs vécus divers de spectacles donnés dans la cour d’honneur, m’a intéressé par toutes les contradictions mises en bouche.
La graphiste de Rodez préfère payer deux places du « off » plutôt qu’une place dans la file du « in » tellement entre soi,
la prof de Saint Siméon de Bressieux qui venait avec sa troupe amateur, s’en remettra à Antigone jusqu’à sa mort,
le conseiller d’éducation qui voit une centaine de pièces par an, propose un texte de 16 pages à la sortie tellement il ne peut tout dire sur scène, sinon que le théâtre lui permet de se chercher comme tant d’autres de tous âges qui s’expriment avec intensité, finesse, drôlerie.
« Que doit être l'homme ? Soi-même. Voilà ma réponse brève. » Ibsen
Des acteurs ponctuent les témoignages.
Un danseur interprète un morceau de « Wolf » qui n’a pu être joué en 2003 pour cause de grève des intermittents, l’alpiniste d’« Inferno » regrimpe contre le mur de la cour d’honneur.
La pièce de Castellucci  citée à plusieurs reprises a du être un grand moment.
Huppert apparait dans le témoignage du médecin qui était de service lors de la présentation de Médée et un acteur russe apporte une intensité extraordinaire avec le décompte des morts de la seconde guerre : un toutes les 4,6 secondes.
Des figurants reviennent jouer leurs cavalcades antérieures, leurs chutes, ou une revanche d’un soir depuis que des spectateurs insultèrent des acteurs en disant : « vive la télé ! »
Je vois plus souvent du théâtre en vrai que par écran interposé, mais j’ai bien aimé par l’intermédiaire d’un outil méprisé prendre un air de cette année en Avignon quand les jours d’été ont  fini de grésiller au pied des gradins.
J’ai entendu les cris des martinets.