dimanche 25 juin 2017

Interview. Nicolas Truong.

Pendant une heure trente de théâtre, genre philosophie pour tous, nous sommes amenés, en douceur à nous interroger, certes sur la fabrication de l’information, mais au-delà sur notre présence aux autres, et nos propres vérités.
« Etes vous heureux ? »
Dans l’intimité du petit théâtre de la MC 2, ce fut du bon temps avec matière à réfléchir, à sourire, à apprécier de ne pas être pris pour de la chair à épater. Le dispositif simple est inventif, raccord avec la pédagogie décrite pour amener une personne interrogée à s’exprimer avec authenticité.
Respecter l’interviewé, prendre le temps, écouter, donner aussi.
Nous sommes en bonne compagnie avec les personnages évoqués: Edgar Morin, Jean Hatzfeld, Florence Aubenas, Marguerite Duras, Michel Foucault… Raymond Depardon et Claudine Nougaret…
Regis Debray a travaillé sur ce spectacle écrit par un journaliste du journal Le Monde.
Les acteurs sont lumineux, Nicolas Bouchaud excellent comme d’habitude,
Judith Henry est subtile et juste.
Le même jour, j’avais publié sur mon blog un article à propos du livre de  Bernard Pivot titré « Oui mais quelle est la question ? » qui du coup m’a paru plutôt narcissique et anecdotique.
Ici, sans insister mais avec profondeur, nous apprenons comment le nommé Tarzan est devenu leader de la grève des camionneurs il y a une quinzaine d’années, nous révisons les « bons clients », les paroles formatées, et les silences parlants.
« L'enfant est l'intervieweur idéal, il attend vraiment une réponse à sa question, il ne pense pas déjà à la question suivante »
Hatzfeld est revenu vivre au Rwanda  pendant 15 ans pour continuer la conversation avec les bourreaux et chercher les survivants introuvables au moment où 900 000 personnes ont été tuées. Je suis sorti avec l’envie de lire le livre qu’il a écrit sur cette expérience : il y en a cinq.

samedi 24 juin 2017

Schnock. N° 22.

L’avantage avec la revue des vieux de 27 à 87 ans c’est qu’on peut acheter le numéro 22 après le 25, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/03/schnock-n25.html car peu importe aux yeux de l’histoire, que les pages consacrées à Françoise Hardy aient parues avant les souvenirs de la carrière d’Audiard.
Ce numéro qui consacre plus de 50 pages sur 175 à « La french beauté in the monde entier » comporte toujours quelques pépites dans ses rubriques habituelles où est exhumé par exemple un film de Patrick Sébastien : « T’aime » qui doit valoir son pesant :
«  Collés au buffet les Bac + 8 voient une preuve de plus que l’apocalypse guette notre planète pendant que les Grammes + 4 tutoient le septième ciel »
Tout ça à l’évocation d’une chenille intergénérationnelle sur l’air de « Sardines ».
Dans le genre «  trésor de discothèque » qui évite de regretter l’ancien temps, « Garlick » d’Hugues Aufray n’a pas eu, semble-t-il, la notoriété qu’il aurait mérité.
En ce qui concerne la maman de Thomas Dutronc qui était la seule de la période « Salut les copains » à placer ses chansons dans les charts anglais, c’est plutôt plus sans relief, ni  la verve habituelle. La robe mythique et métallique de Paco Rabanne pesait 16 kilos, mais le récit  exhaustif de ses enregistrements ne passionne pas forcément les foules. Même si Modiano, Jarre, Peellaert qui dessina « Pravda la survireuse » en son hommages, sont des personnages intéressants qui croisèrent la belle, sa personnalité se dérobe pourtant. Sa filmographie d’autre part n’a pas laissé de souvenirs impérissables, alors qu’un rappel plus explicite et développé de ses chansons m’aurait semblé plus parlant.
Si nos plaisirs de lecture sont indexés sur la connaissance des personnages retrouvés : Pierre Douglas qui imitait Marchais me parle d’avantage que Stanislas Klossowski de Rola, acteur des swinging Sixties et Margerin le père de Lucien mieux que Marie Paule Pelé qui fit la pluie et le beau temps pendant 30 ans sur la presse mode et déco.
L’idée de dresser le top 15 des candidats cinématographiques aux élections est excellente,  avec Gabin entre Clémenceau et De Gaulle pour jouer Emile Beaufort dans « Le président » (1961) ou Depardieu dans Potiche (2010) en député-maire de Saint Gudule.
Et le « Dico Hollywoodien des tifs » aurait mérité un plus grand format pour revoir les mèches de Rita Hayworth, de Zsa Zsa Gabor qui « fit un procès à l’un de ses coiffeurs pour mauvaise conduite automobile après qu’il eut précipité en 2002 la Rolls de la diva alors âgée de 87 ans, dans le décor »  

vendredi 23 juin 2017

Il se pourrait que le négatif devienne caduc.

Quand on cause de politique - nous venons de vivre de riches heures, et ce n’est pas fini - on croit s’abstraire parfois de nos passions ordinaires, bien que tout fut, comme nous le proclamions jadis, politique.
Ainsi « juger à la tête du client »: un prof face à sa classe, un député ... coup de foudre ou feeling initial à réviser.
Dans le tourniquet à images, la télévision, en allant au-delà des mots, peut agir comme un détecteur de vérité : La Pen en a fait l’expérience lors d’un débat décisif où son masque tomba.
Lors de meetings en vrai, la présence, sans aller forcément jusqu’au « charisme » peut emporter les foules. Des débats « in vivo » sont également de bons révélateurs.
J’avais vu à Grenoble une Delphine Batho authentique et donc charmante, sans avoir à jouer de son sourire, alors que j’avais surtout retenu les insuffisances de la charmeuse Filippetti.
Comme beaucoup, je ne crois plus trop aux programmes, évitant ainsi de mesurer les trahisons, bien que je m’applique à penser que l’intensité de la vie politique doit beaucoup à la réduction de cette distance entre les paroles et les actes.
Pour l’instant, notre président est reconnu, au plan mondial, comme le meilleur anti Trump et il a retourné l’ambiance négative concernant l’UE, voire les étrangers en général.
Les deux derniers porte paroles du ministère de l’éducation nationale - avant oubli : Hamon et Vallaud Belkacem - auraient bien fait de garder un peu de la bienveillance qu’ils contribuèrent à déverser sans réserve à l’intention de leurs ingrats électeurs, pour leur ancien voisin de conseil des ministres.
La représentation parlementaire qui accompagne E. Macron est désormais plus colorée, plus féminine, plus jeune; entraînante.
La petite de 24 ans qui vient de pousser à la retraite un cumulard du côté du lac d’Aix les Bains a réussi à convaincre pas seulement ceux qui, comme moi, vont vers le crépuscule, avides de fraîcheur, aimant croire à l’énergie, à la bonne volonté de ceux qui prennent des responsabilités. Les mélanronchoneurs eux n’ont-ils pas compris combien le pays a besoin de paix, de gentillesse : celle de Villani teintée d’humour renvoyant à ses bavouillages le prétentieux agressif : « j’ai vu le matheux, je vais lui expliquer… » ?
Dans la vie sociale, entre semblables, le respect est la moindre des choses et il en va de même avec la confiance en ses élus, comme avec son compagnon, ses maîtres, son assureur, son libraire, moins usant que la méfiance constante, le toujours « jamais content », vitupérant sans cesse.
Me retrouvant Macronien, après un passage Royal, de Ché en Che, souvent en deuxième (gauche) Mairiste et Rocardien, Cédétiste puis furtivement Passif : j’ai goûté bien des nuances d’un rosé qui toujours me semblait frais et enivrant.
Finalement j’ai été essentiellement bon public, confiant envers ce que me proposaient les journaux que j’ai avidement épluchés : Roudoudou, Vaillant, Spirou, Miroir sprint, Match, Pilote, Actuel, Libé, le Nouvel Obs, Grenoble ville ouverte, le Point du Jour, Zoom, Le Monde, Télérama, Le Canard, sans m’interdire Le Dauphiné Libéré, Le Point, Marianne…
Le procès permanent adressé aux médias me laisse donc de ce marbre antique qui rêvait à des unes décisives, tant que je puis aller de Médiapart en Gorafi, sans les confondre, passer par Arrêt sur image sans y rester bloqué et m’autoriser France Football et tous les timbres postes postés sur Facebook.
« Si Jésus revient, ça va être conférence de presse sur conférence de presse. »
J-M Gourio.
Entre un théâtre qui crame à Saint Etienne et le collège de la Villeneuve dont les fumées ne se sont pas dissipées, la moindre des choses serait de s’interroger. Mais à l’aune de l’échantillon des réseaux sociaux que je connais, ils sont plus chauds sur le Street Art ou les ordonnances dramatisées que sur les pompiers caillassés. Et prodigues en argent de la collectivité : certains reconstruiraient d’emblée un établissement au même endroit, alors que la diversité, pas sûr que ce soit encore revendiqué, inviterait plutôt à une scolarisation hors les murs enserrés dans ces barres à « barrettes » - on ne dit plus « beurettes ».
 Pour la route, dans Télérama, Mario Vargas Llosa:
« Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons livres que nous avons lus ; nous serions plus conformistes, moins inquiets, moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas. Tout comme écrire, lire, c'est protester contre les insuffisances de la vie »
Quand ils ont entendu la formule : « un groupe des Insoumis, discipliné » par l’inénarrable Conducateur, quelques estampillés FI, ont peut être esquissé un sourire, indulgent.
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Le dessin du haut est du "Canard" et celui de dessous de "La revue dessinée" qui est légendé: 
Et voilà il fallait que ça arrive...Ils viennent de se rappeler que l'un est de gauche et que l'autre est de "gauche".
 

jeudi 22 juin 2017

Rothko et le colorfield. Hélène Norloff.

La conférencière devant les amis du musée rappelle la naissance de l’école de New York, après la seconde guerre mondiale, avec ses expressionnistes abstraits  faisant pièce à l’école de Paris des cubistes et autres surréalistes.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2017/03/lecole-de-new-york-pollock-et-laction.html
La production culturelle du nouveau monde est un relais de la puissance américaine et propage les valeurs de liberté, d’affirmation de soi, d’expérimentations.
En ouvrant sa galerie « Art of this Century », Peggy Guggenheim pouvait porter à une oreille une boucle de Tanguy et à l’autre une de Calder.
La galeriste est une actrice majeure d’un mouvement qui se professionnalise, organisant son propre discours critique.
« Nous nous libérons des obstacles que sont la mémoire, la nostalgie , la légende , le mythe, qui ont été les dispositifs de la peinture européenne occidentale. » 
 Barnett Newman se distinguant de la gestuelle de l’« action painting », la « Colorfield painting », « peinture en champs de couleur », se consacre à la couleur pour la couleur. La scène artistique se positionne  autour de Pollock et sa subjectivité, sa rapidité, son engagement physique,  un « existentialiste », 
visé par Rothko 
 et  Gottlieb, dans le New York Times :
«… on dit que ce que l’on peint n’importe pas, pourvu que cela soit bien peint. Ceci est l’essence de l’académisme. 
Nous sommes partisans d’une expression simple de la pensée complexe.
Nous sommes pour les formes plates parce qu’elles détruisent l’illusion et révèlent la vérité. 
Nous affirmons que le sujet est crucial et que le seul contenu juste est celui qui est tragique et intemporel. C’est pourquoi nous déclarons une parenté spirituelle avec l’art archaïque. »
Sans référence aux images contingentes, la couleur occupe tout le tableau à l’exclusion d’autres signes plastiques.
Cette abstraction suggère le sublime, l’infini, une recherche de la transcendance.
Clyfford Still (1904-1980) ne donne pas de titre à ses œuvres aux harmonies sourdes, traversées d’éclairs colorés où les couleurs entrent en tension :
« Cela ne m'intéresse pas d'illustrer mon époque. L'époque d'un homme le limite, cela ne le libère pas vraiment. Notre époque est celle de la science, du mécanisme, de la puissance et de la mort. Je ne vois aucune vertu à ajouter à cette arrogance de mastodonte le compliment d'un hommage graphique ». 
 Mark Rothko (1903-1970), puisera dans sa culture d’origine juive et russe, sa force et son exigence.
Il admire Matisse dont « L’atelier rouge » voit la couleur qui ne se rattache à aucune signalétique, dévorer tous les repères de la perspective.
Si ses tableaux sont difficiles à comprendre, à interpréter, leurs formats gigantesques, leurs lumières, peuvent nous entraîner vers des vertiges physiques, métaphysiques. La puissance expressive de la couleur vient à la rencontre du spectateur, libérée de l’attirail des formes. Sous la superposition des glacis, la brume peut se lever à la recherche d’une autre couleur.
« Le silence est tellement juste ».
Barnett Newman( 1905-1970) « Qui a peur du rouge, du jaune et du bleu ?»  
Ses « zips » qui  à la fois divisent ses toiles et l’unifient révèlent la puissance de la couleur.
« Pouvoir traduire l’expression primordiale de l’homme, le cri de terreur et de colère devant sa condition tragique. Son éveil à la conscience et sa propre impuissance face au vide. »
« 14 Stations de la Croix » ou «Père, pourquoi m'as-tu abandonné» a pris six ans pour être réalisé.
« On dit que j'ai mené la peinture abstraite vers ses limites, alors qu'il est évident pour moi que je n'ai fait qu'un nouveau commencement ».

mercredi 21 juin 2017

Osso bucco.

Sans os ! Pour contourner la difficulté d’avoir des rouelles de jarret de veau qui se racornissent souvent quand elles sont entières.
Alors faire dorer dans l’huile d’olive, après les avoir farinés les morceaux de veau, arroser de vin blanc dans lequel on fait fondre une tablette de bouillon de bœuf, ajouter carottes tranchées  et céleri rave en cube, tomates pelées en boite, si l’on est hors saison, et bouquet garni, saler pas trop (anchois à venir), poivrer.
Je n’avais pas fait revenir d’oignon la dernière fois, un des convives qui aurait mérité huit jours sous une benne comme on disait jadis, ne les aimant pas trop, mais cela n’a pas modifié un avis globalement positif sur la  ritale proposition.
Pour la gremolata, qui fait la différence, l’incorporer pendant la cuisson à feu doux pendant une heure et quart ou attendre le dernier moment ce qui fait bel effet avec le zeste en lanière, voire un peu chichiteux.
Donc pour la touche italienne: passer au mixer persil, ail, zeste de citron dont le jus est mis dans la bouillon et anchois. Tout le monde est ravigoté.
Servir avec des spaghettis al dente et ceux qui auront les crocs seront comblés.

mardi 20 juin 2017

La revue dessinée. N° 16 été 2017.

Si l’emballage du trimestriel
évoque classiquement la plage; à l’intérieur parmi les belles images, la mer Méditerranée appartient pendant quelques pages aux naufragés dont certains Italiens essayent de patiemment reconstituer l’identité.
La rentrée des classes n’est pas loin avec le récit de la vie d’un micro lycée à Vitry destiné aux décrocheurs. Pour les « repris de justesse », la bienveillance est utile.
Et le dossier, on peut dire comme ça, tant la documentation est riche, concernant « l’homme augmenté », a bien besoin de petits dessins pour être abordable. Les questions posées par le transhumanisme visent à dépasser notre condition mortelle depuis les réparations du corps permises par les nouvelles technologies jusqu’à une substitution de parties de notre cerveau.
Avec nos neurones imparfaits, il est par ailleurs intéressant de saisir les nuances de l’humour noir traité dans la rubrique « trait pour trait », toujours d’actualité.
La racine du mot crétin viendrait de chez nos voisins du Valais : « chrétien » était pour eux « l’innocent », des Alpes.
Et dans « l’imaginaire de la guerre » qui  remonte aux chevaliers jadis présents sur les théâtres de guerre jusqu’aux « frappes chirurgicales », l’étymologie est également sollicitée : « soldat : celui qui est soldé, payé ».
On peut apprendre de grands évènements : 1859, suite à des éruptions solaires, des orages magnétiques pouvant se reproduire tous les 150 ans, avaient détraqué le réseau télégraphique mondial.
Et il se peut que le futile serve le grave : on ne dit plus « frisbee » mais « ultimate », il y a une fédération pour ce jeu qui avait commencé par des jets de moules à tarte.
Les supporters de foot sont souvent attachés à l’histoire, avec celle du Red Star, il y a matière : chaque fin février un hommage est rendu au stade Bauer à Saint Ouen à Rino Della Negra ancien joueur fusillé au mont Valérien.

lundi 19 juin 2017

La madre. Alberto Morais.

Encore une fois un film sur les familles mono parentales (1/5 en France) ici : zéro parentale.
En Espagne, un gamin échappé d’un foyer vend des mouchoirs en papier au feu rouge,  puis se trouve un autre un job, alors que sa mère fuit sans cesse; quant au père on n’en parle même pas, comme d’habitude. Les appels téléphoniques sonnent dans le vide.
Le jeune homme se débrouille, faisant preuve d’une maturité que sa mère n’a jamais atteinte. Pour un cinéphile un peu recuit, ce film parfaitement adapté à la sélection « écrans juniors » du festival de Cannes, paraîtra trop rectiligne, malgré d’excellents acteurs pour un sujet fort.